Bulletin de la Société Paul Claudel, n°197

Sommaire

Michel LIOURE
– Une lettre de Claudel à Maurice Noël, 2

Autour des Psaumes
– Pascal DAVID : Les Psaumes de Claudel ou les voix de la Parole, 4
– Marie-Ève BENOTEAU : Traduire les psaumes. Claudel et Chouraqui, 26

Moriaki WATANABE
– Le Soulier de Satin ou le grand Jeu transculturel du monde, 40

Note de lecture
– Shinobu CHUJO : À la découverte de l’original de la seconde version de La Femme et son ombre, 52

En marge des livres
– Michel WASSERMAN : L’Oiseau noir XV, 55
– Cécile SCHENCK : Colloque Claudel en Grèce, 57
– Antoinette LE NORMAND-ROMAIN : Sur les traces de Camille et Paul Claudel : regards croisés, 59

Théâtre, lecture-spectacle
– Ekaterina BOGOPOLSKAIA : Le Pain dur, mise en scène d’Agathe Alexis et d’Alain Barsacq, 65
– Jens ROSTECK : L’Échange à Marseille, mise en scène de Franck Dimech, 69
– Marie-Ève BENOTEAU : Les Psaumes, Pascal David, 73

Point de thèse
– Makiko MATALON : « L’Extrême-Orient imaginaire de Paul Claudel », 76

Assemblée générale, 79
Bibliographie, 86
Annonces, 87

 

Traduire les Psaumes : Claudel et Chouraqui

Vouloir comparer ou simplement rapprocher les traductions des psaumes de Paul Claudel et d’André Chouraqui peut surprendre. Quoi de commun, en effet, entre les « réponses » du vieux poète épris de la Vulgate, et la traduction de la Bible par André Chouraqui, célèbre par l’hébraïsation qu’elle impose au français ? Pourtant, et la réédition en 2007 du récit des entretiens sur Israël de Claudel avec Chouraqui nous le rappelle1, les deux hommes se sont rencontrés, au début des années 1950. D’Israël, où André Chouraqui allait bientôt s’établir, ils en sont venus à parler de la traduction biblique, et plus particulièrement de la traduction des psaumes, qui les occupait alors l’un et l’autre. C’est cet échange inédit que nous voudrions exposer et interroger.

Le premier contact entre les deux hommes remonte vraisemblablement à 1950. André Chouraqui envoie à Claudel sa traduction de l’Introduction aux devoirs des cœurs de Bahya Ibn Paqūdā, préfacée par Jacques Maritain2. Claudel le remercie par un court billet (voir lettre 1 ci-dessous) et lui annonce la parution d’Une voix sur Israël. Cette publication, qui crée de forts remous dans les milieux juifs3, est à l’origine de la série d’entretiens que Chouraqui consacre à Claudel, entre mars 1951 et avril 19524, et qui aboutit à la publication dans Le Monde d’un article de Chouraqui intitulé « La méditation de Paul Claudel sur le mystère d’Israël5 ».

La création de l’État d’Israël et la signification politique et mystique qu’il faut lui accorder sont donc au cœur de la réflexion des deux hommes. Mais ce n’est pas leur unique sujet d’intérêt commun. Très vite émerge la question de la traduction biblique. En 1951, Claudel a déjà publié trois recueils de traduction de psaumes : Prière pour les paralysés suivie des quinze psaumes graduels (Horizons de France, 1944), Les Sept Psaumes de la pénitence (Le Seuil, 1945) et Paul Claudel répond les Psaumes (Ides et Calendes, 1948). Son Paul Claudel interroge le Cantique des cantiques (Gallimard, 1948) est par ailleurs accompagné d’une traduction très littérale du texte biblique, chapitre après chapitre, d’après le texte de la Vulgate. André Chouraqui vient pour sa part de publier une traduction de Bahya Ibn Paqūdā, « dont chaque page cite des versets de la Bible choisis les plus significatifs, les plus beaux6 », et une première traduction du Cantique des cantiques7. La présentation de celle-ci, le 15 novembre 1951, est présidée par Claudel8. Ce dernier n’en fait cependant nulle mention dans le Journal, et c’est seulement en avril 1952 qu’il note :

Visite d’André Chouraqui retour d’Afrique […] Il me remet sa traduction du Cantique (trop cabaliste à mon goût, je le crains)9.

Cette appréciation de Claudel, plusieurs mois après la présentation de l’ouvrage, n’est suivie d’aucune explication ; Chouraqui, pour sa part, ne fait nulle mention des réactions de Claudel à sa traduction qui, dans sa littéralité, n’est pas sans rappeler la traduction claudélienne du Cantique des cantiques. Calque plutôt que traduction, la version claudélienne du Cantique s’autorise, tout comme la traduction de Chouraqui, de nombreuses entorses à la syntaxe française.

Le véritable dialogue sur la traduction biblique (le seul du moins dont nous ayons trace) se noue à propos des psaumes, en 1953. À la date du 16 février 1953, le Journal de Claudel rapporte :

Visite d’André Chouraqui retour d’une longue tournée de conférences à travers les deux Amériques. Il me montre un petit psautier qu’il porte toujours sur lui. Il en a fait une traduction pour laquelle il me demande une préface. Il admire la Vulgate, mais dit q[ue] toutes les traductions françaises sont abominables, surtout celle de la so called Bible de Jérusalem qui fourmille de contresens. Il s’est attaché à montrer dans chaque psaume la composition. Il admire b[eau]c[ou]p mon Apocalypse. N[ous] n[ous] entendons très bien et je lui donne mon P[aul] Cl[audel] répond les psaumes10.

Cette visite d’André Chouraqui, la dernière que mentionne Claudel dans son Journal, est centrée sur les psaumes. L’échange des traductions (Paul Claudel répond les Psaumes contre les manuscrits11 que Chouraqui ne tardera pas à laisser à Claudel) suscite l’échange des traducteurs sur la conception qu’ils se font de la traduction biblique, mais plus spécifiquement de la traduction des psaumes. L’accord que note d’abord Claudel dans son Journal – « nous nous entendons très bien » – ne dure pas : les positions respectives des deux hommes sont en réalité inconciliables, parce que c’est du texte des psaumes qu’il s’agit.

Le réel enthousiasme suscité chez Paul Claudel par cette visite et cette conversation avec André Chouraqui prend rapidement corps : Claudel compose une dernière traduction de psaume, celle du psaume 1712, qu’il intitule « Chant de triomphe de David ». Il ne s’agit certes que d’une reprise : la première version du psaume 17 date de 194913 et Claudel, dans la version de 1953, en reprend de larges extraits. Il n’en reste pas moins que cette reprise, qui s’apparente par endroits à une retraduction, ne laisse pas d’intriguer : elle est séparée de près de trois ans des traductions antérieures. Elle ne semble par ailleurs répondre à aucune commande précise. Elle est publiée le 20 mars 1953, dans The Times Literary Supplement ; nous n’avons à l’heure actuelle trouvé aucun document susceptible d’éclairer cette publication. Le numéro est consacré à la littérature française contemporaine, et le psaume de Claudel y est publié en compagnie de textes de Char et de Reverdy. Selon toute vraisemblance, Claudel a choisi lui-même le texte à publier dans le TLS : cette publication ne peut s’apparenter à une commande qui justifierait la reprise de la traduction du psaume 17. Cette traduction forme par ailleurs le premier volet de la cantate Ite, angeli veloces composée par Paul Hindemith14, sur un texte de Claudel, à la demande de l’unesco. Claudel prend connaissance du projet le 17 février 1953, le lendemain de la visite d’André Chouraqui. Le 20 février, il reçoit la visite de Jack Bornoff, secrétaire exécutif du Conseil international de la Musique, qui vient solliciter son accord et lui exposer plus précisément le projet15. Le 22 février, Claudel achève le manuscrit du « Chant de triomphe de David ». Il ne semble pourtant pas que Claudel reprenne sa traduction pour une mise en musique par Hindemith : le « Chant de triomphe » ne s’insère pas d’emblée dans le projet de collaboration avec Hindemith. Claudel le mentionne seulement au début du mois de mars 195316, alors qu’il a déjà envoyé à Jack Bornoff le « Cantique de l’espérance », composé les 26 et 27 février. Le sujet du psaume 17 est par ailleurs très éloigné des thèmes fixés par l’unesco17. La composition de ce texte semble ainsi détachée du projet de collaboration avec Hindemith.

De nombreux points nous incitent à relier plutôt cette dernière traduction à la visite d’André Chouraqui. La double numérotation portée sur le manuscrit, selon la Vulgate et selon la Bible hébraïque, n’en est pas le moindre. Le titre que Claudel choisit pour sa traduction (alors que la plupart des traductions ne sont précédées que du numéro du psaume) renvoie de plus à une lecture littérale du texte, en lien avec le chapitre 22 du deuxième livre des Rois18. Certes, David est pour Claudel la figure du Christ ; il n’empêche que l’accent est mis par le titre sur le sens littéral du psaume, ce qui est extrêmement rare dans la traduction des psaumes par Claudel. La traduction du psaume 17 est par ailleurs l’une de celles où une certaine hébraïsation se fait jour :

Je t’aime, Dieu ! Yah ! Yah ! je t’aime, pierre, pierre, pierre, fortitude !
[…]
De toutes parts autour de moi il y avait, il y avait la mort, et sous mes pieds cette traîtrise de la terre sous mes pieds comme pour m’entraîner.
L’affreuse démangeaison de l’enfer et ces bras sans nombre autour de mon cœur pour m’étouffer !
Et c’est alors qu’il est sorti de moi un cri ! l’antique cri de l’homme vers Dieu à l’heure de sa tribulation !
Les lois du monde se sont désagrégées, la terre tremble au bruit des montagnes qui s’entrechoquent, Tu Te lèves, ô Dieu irrité !
Les cieux lui ont fait un escalier pour descendre, la nuit Lui est un matelas sous Ses pieds !
Il a enfourché la tempête, les anges Lui servent de monture19.

C’est tout d’abord l’utilisation du nom « Yah », dès le premier verset, qui ancre la traduction de Claudel dans un univers hébraïque. Comme dans la traduction du psaume 67, l’apparition de « Yah » accompagne une théophanie, où Claudel se plaît à multiplier les notations concrètes, absentes de la Vulgate, mais qui correspondent à la représentation qu’il se fait de l’hébreu biblique20. Ainsi l’« escalier » et le « matelas », au verset 9, ou encore l’image équestre du verset 1021. Cette théophanie correspond, comme dans d’autres traductions claudéliennes, à une représentation primitive, voire primitiviste, de Dieu. L’ajout de l’adjectif « antique » dans la traduction du verset 7, est là pour le souligner. « Yah », nom que Claudel utilise en rapport avec ces théophanies, est par ailleurs une forme primitive – « la plus ancienne », note Claudel dans son Journal en 195122 – du nom de Dieu. La traduction du psaume 17 recrée ainsi une sorte de poésie primitive, que Claudel imagine être celle de David23, réalisant dans cette traduction le projet affirmé dans la postface de Paul Claudel répond les Psaumes, de « parler David à Dieu24 ». Ces caractéristiques sont déjà présentes dans la traduction de 1949, dont la reprise en 1953 semble plutôt modifier le rythme, en se détachant un peu plus de la lettre du texte.

La visite de Chouraqui n’a cependant aucune influence formelle sur la traduction claudélienne. Il est fort probable qu’en février 1953, Claudel n’ait encore eu en mains aucun psaume de Chouraqui. La manière des deux traductions est d’ailleurs radicalement différente. Enfin, si elle a pu avoir une influence sur la reprise par Claudel de cette traduction de psaume, la visite de Chouraqui n’est pas à l’origine du désir de Claudel de retrouver, derrière la langue de la Vulgate, la voix hébraïque de David. Ce désir s’exprime déjà dans le paratexte de Paul Claudel répond les Psaumes et date, nous semble-t-il, de la rédaction au début de l’année 1947 des chapitres d’Emmaüs consacrés à David25.

C’est cette même attirance de Claudel pour l’hébreu que montre le récit, par Claudel aussi bien que par Chouraqui, des entretiens de 1951. Ainsi, Claudel note dans son Journal, le 9 mai 1951 :

Visite de Chouraqui avec qui longue et intéressante conversation. Il me chante en hébreu les psaumes et les prophéties (Ch. LII d’Isaïe). N[ous] ne sommes pas tellement loin l’un de l’autre. À la fin de quoi n[ous] n[ous] embrassons26.

De son côté, André Chouraqui raconte :

Paul Claudel est repris par l’envoûtement de la Bible. Il m’avoue combien il est jaloux de nos enfants qui peuvent lire l’Ancien Testament dans son texte original. Il me demande de lui redire quelques versets des Psaumes en hébreu dont les sonorités l’enchantent, le ravissent27.

Dans ces deux récits concordants se lit la fascination de Claudel pour la langue hébraïque, langue première de la Bible et de la relation de Dieu à l’homme. Certes, Claudel n’a jamais pris la peine d’apprendre l’hébreu ; il ne cache pas non plus ses réticences à l’égard de la Massore, tardivement vocalisée, et qui selon lui n’a pas plus d’autorité que le texte des Septante et de la Vulgate28. Et cependant il ne manque pas d’une réelle curiosité, croissante, à l’égard de l’hébreu biblique, comme en témoignent les questions précises qu’il pose aux religieux susceptibles de l’éclairer29. Langue originelle, langue primitive, l’hébreu fascine Claudel, et Chouraqui se fait, au début des années 1950, l’ambassadeur de ces « rudes syllabes hébraïques, […] ces vocables grandioses dont on dirait qu’Adam les a emportés avec lui du Paradis terrestre30. »

Il n’y aurait alors rien d’étonnant à ce que la visite d’André Chouraqui ait suffi à faire retrouver à Claudel, pour un dernier texte, le goût de la traduction des psaumes.

Pareilles estime et affection de part et d’autre suffisent à expliquer que Claudel accueille favorablement et sans surprise, en février 1953, la demande de préface d’André Chouraqui pour sa traduction des psaumes, malgré la réserve, voire l’hostilité, qu’il affiche le plus souvent pour les traductions de la Bible sur l’hébreu.

La traduction d’André Chouraqui, publiée en 195631, ne porte cependant pas de préface de Claudel. Le nom de Claudel ne figure pas non plus dans les remerciements qui closent l’introduction32. Pourtant, la proposition rapportée par Claudel dans son Journal en février 1953 semble très sérieuse : deux lettres envoyées par André Chouraqui à Claudel (lettres 2 et 4) attestent qu’il a remis à Claudel le manuscrit de sa traduction ainsi que celui de son introduction. Pourquoi donc, en définitive, ce silence tant de la part de Claudel, qui n’esquissa semble-t-il jamais de projet de préface, que de Chouraqui, qui ne compte pas Claudel parmi les relecteurs de sa traduction ?

La réponse se trouve dans la lettre de Claudel datée du 25 août 1953 (lettre 3). Claudel y expose ses réticences à l’égard de la traduction d’André Chouraqui. Le problème n’est pas celui du texte source, alors même que Claudel se montre ordinairement extrêmement réservé à l’égard des traductions sur l’hébreu. C’est bien plutôt celui de la langue d’arrivée : « Entre l’hébreu et le français votre traduction s’est arrêtée à mi-chemin », reproche-t-il à André Chouraqui. Or l’hébraïsation du français que révoque Claudel, Chouraqui la revendique, et ses traductions ultérieures ne feront qu’accentuer cette caractéristique :

La présente traduction de Louanges (1975) est, me semble-t-il, fort différente de mes propres textes de jadis : puisque le traducteur ni le texte n’ont changé, la différence vient sans doute du regard neuf que mon enracinement israëlien, dans la langue hébraïque, devenue ma langue parlée, me permet aujourd’hui. […] Si mon vocabulaire a cessé d’être abstrait, c’est qu’il est devenu plus exact et plus précis : la grande force des Psaumes réside dans leurs significations concrètes. Le lecteur constatera que plusieurs passages des Psaumes sont incompréhensibles, abscons, ambigus, ambivalents, avec des associations de mots ou d’idées déroutantes, parfois choquantes pour nos mentalités modernes. J’ai cessé de croire que ces textes avaient besoin d’être amendés, adaptés, édulcorés pour être accessibles au lecteur français. À lui de faire l’effort, dont les meilleurs hébraïsants ne sont pas dispensés, pour pénétrer les significations dont ce texte déborde. Et à lui de dire si cet effort ne dévoile pas le meilleur33.

Le vocabulaire et la syntaxe qui « déconcertent » Claudel en 1953 sont bien loin de ce qu’ils deviendront au milieu des années 1970. L’effort d’adaptation qui est encore celui d’André Chouraqui au début des années 1950 disparaît par la suite, conséquence probable de l’installation en Israël et de l’utilisation vernaculaire de la langue hébraïque34. Et pourtant, déjà, Claudel refuse de suivre Chouraqui.

Ce qui est en jeu n’est pas la traduction proprement dite. La traduction claudélienne de l’Orestie figure d’ailleurs, selon Cyril Aslanov, parmi les modèles évidents de l’entreprise de Chouraqui35. « Le désir de surprendre le lecteur en lui fournissant un analogon du texte source au mépris de toutes les médiations culturelles », « la combinaison de l’hyperétymologisme et du rajeunissement » du vocabulaire chez Chouraqui rappelleraient l’entreprise de Claudel dans l’Orestie, ou celle, postérieure, de Debidour dans la traduction du théâtre d’Aristophane. « Renouvellement du lexique » et « prééminence accordée au substantif36 » sont les deux points principaux qui rattacheraient la traduction de l’Orestie par Claudel à la traduction biblique par Chouraqui. Assurément – l’ouvrage de Pascale Alexandre consacré à la traduction de L’Orestie le montre bien –, le calque occupe dans la traduction claudélienne d’Eschyle une place considérable37. Au-delà de procédés de traduction, c’est toute une esthétique dont Cyril Aslanov retrouve l’origine chez Claudel : « Cette méthode fondée sur la recherche des effets esthétiques violents et cette sensibilité à la puissance du verbe, nul doute que Chouraqui l’a héritée de Claudel38. » Comment comprendre alors les réticences manifestes de Claudel envers la traduction que lui soumet Chouraqui ?

« Il ne s’agit pas d’un texte littéraire quelconque ». Tel est l’argument principal de Claudel dans la lettre du 25 août 1953 à André Chouraqui, qui n’est pas sans rappeler la préface des Sept Psaumes de la pénitence, composée en 1945 :

En vérité il me semble que je n’avais pas à traduire ces psaumes comme on traduit une page de Thucydide ou une ode d’Anacréon. Il ne s’agit pas d’un texte que l’on s’efforce de faire passer le plus exactement et le plus élégamment possible d’une langue dans une autre. En fait de langue je ne veux connaître que celle de l’Esprit Saint qui depuis le jour de la Pentecôte ne demande qu’à rendre éloquente celle des pauvres enfants que nous sommes39.

Traduction littéraire et traduction biblique sont donc radicalement séparées. À l’une l’élégance et l’exactitude, à l’autre l’inspiration, sur le modèle apostolique de la Pentecôte (et « enfant » est ici à prendre au sens étymologique d’in-fans). Cette inspiration ne veut pas dire pour autant que la parole proférée est étrangère à celui qui l’énonce. Au contraire : « L’hébreu de David et le latin de saint Jérôme ne sont pas faits pour déclencher au fond de notre cavité spirituelle un écho à nous-mêmes étranger40. »

Trois ans plus tard, la préface de Paul Claudel répond les Psaumes ne dit pas autre chose :

Comment veut-on que je fasse ? Je ne suis pas un spécialiste. C’est à moi que l’on en veut, je suis bien forcé de répondre. Comme je peux. À ma manière. Pas d’une autre. Avec mon propre timbre. Dans mon déplorable idiome. Lingua amoris, cœteris barbara41.

Le discours que tient Claudel à Chouraqui en 1953 repose sur les mêmes principes, énoncés dans les mêmes termes :

Nous voudrions nous adresser à Dieu par la bouche de l’auteur inspiré et notre langue se refuse à proférer un langage qui lui est étranger.
Que voulez-vous ? Dieu parle, mais c’est nous qui lui répondons42.

Si les psaumes sont « la base et […] la matière de notre conversation avec Dieu43 », s’ils nous servent à nous traduire à Dieu44, alors leur langue doit être nôtre, et l’objectif de toute traduction doit être l’appropriation de cette langue. Il ne s’agit pas pour autant de retomber dans la platitude des traductions habituelles, qu’elles soient de Crampon ou de Segond. La langue de Claudel dans ses traductions de psaumes, ou plus exactement dans ses réponses aux psaumes, peut sembler à bon droit « barbare ». Elle brutalise le français – bien plus que ne le fait la traduction de Chouraqui au début des années 1950 –, elle foule aux pieds l’exactitude attendue d’une traduction fidèle, mais elle est bel et bien « inviscération de la Parole », pour reprendre une belle expression de Pierre Emmanuel45, qui réalise pleinement l’image de la préface des Sept Psaumes de la pénitence :

La voici [sc. la langue de l’Esprit Saint] qui d’elle-même se place dans notre bouche pour enfoncer ses racines jusqu’au fond de nos entrailles et jusqu’au plus intime de notre cœur.

On ne saurait plus exactement décrire l’appropriation physique de la langue des psaumes que désire Claudel. Parce que l’office liturgique place les psaumes dans la bouche des fidèles et en fait la matière même de leur prière, il faut qu’ils deviennent part de nous-mêmes, et l’expression de notre propre prière. La traduction claudélienne ne prétend pas, n’a jamais prétendu, au titre de traduction liturgique. Elle est néanmoins le résultat de cette inviscération que commande l’office. Elle n’est pas exacte et ne se veut pas belle, mais, tendue entre l’homme et Dieu, entre actualisation et inspiration, elle fait véritablement des psaumes la réponse de l’un d’entre nous.

C’est parce que Claudel ne sait et ne veut pas séparer les psaumes d’un contexte religieux que la traduction d’André Chouraqui lui est « douloureuse ». Celle-ci recherche en effet l’exactitude, se veut un « analogon du texte source ». Ce parti pris est nécessairement étranger à Claudel, et la brièveté de son dernier billet (lettre 5) tend à montrer que la discussion est impossible. André Chouraqui semble d’ailleurs n’avoir pas compris les réticences de Claudel : « Pour bien traduire, il faudrait inventer un langage nouveau qui se situerait justement à mi-chemin de l’hébreu et du français – gardant toute la puissance de l’un et ne trahissant en rien la transparence de l’autre. Et que le lecteur soit déconcerté ne serait pas un mal, si l’esprit du texte pouvait mieux s’éclairer pour lui. » C’est là l’orientation qui guide toute son entreprise, mais avec laquelle Claudel, parce qu’il s’agit des psaumes, est en profond désaccord. « Toutes les traductions françaises me font mal au cœur », affirme-t-il en tête de Paul Claudel répond les Psaumes, et la traduction d’André Chouraqui n’échappe pas à la règle, malgré le véritable et profond échange qui unit les deux hommes dans une même passion pour le texte biblique. 

Marie-Ève BENOTEAU

 

Mes remerciements vont à Madame Annette Chouraqui, Monsieur Cyril Aslanov et « Les amis d’André Chouraqui » qui m’ont permis d’accéder à des documents jusqu’ici inédits. Je remercie également Madame Dominique Millet-Gérard pour sa relecture et l’aide qu’elle m’a apportée dans la transcription de la deuxième lettre de Claudel.

Les cinq documents qui suivent sont inédits. Les deux lettres d’André Chouraqui à Paul Claudel se trouvent au Département des manuscrits de la Bibliothèque nationale de France. Les trois lettres de Paul Claudel adressées à André Chouraqui sont quant à elles conservées dans les archives personnelles d’André Chouraqui. Elles sont reproduites avec l’aimable autorisation d’A. Chouraqui.

 

Documents

1. Lettre de Paul Claudel à André Chouraqui
18 juin 1950

Merci, cher monsieur, de votre livre46 qui m’intéresse beaucoup, comme tout ce q. concerne Israël. C’est à Israël que sera consacré mon prochain livre, extrait d’un long ouvrage sur l’évangile d’Isaïe47.

Avec mes meilleurs sentiments

P. Claudel

 

2. Lettre d’André Chouraqui à Paul Claudel
La Sainte-Baume48, le 18 mai 1953

Cher Monsieur,

Voilà que le merveilleux voyage à travers les Psaumes est achevé. Je termine leur traduction, ébloui, émerveillé par toute la lumière reçue. Le texte hébraïque s’enrichissait pour moi de plus de deux millénaires d’exégèse traditionnelle sur ces textes inépuisables de richesses. C’est grâce à ces commentaires que j’ai pu saisir les structures générales du Psautier, les rythmes intimes et l’architecture de ces poèmes. J’espère pouvoir bientôt vous en parler avant de vous confier l’étude d’ensemble où je donne les clés ainsi reçues, à ceux qui sauront les prendre. Car le Psautier s’anime d’une admirable unité de pensée et de composition, si évidente et si transparente dans l’original hébraïque ! Toute traduction semble s’acharner à tuer un texte vivant entre tous. J’ai essayé de limiter les dégâts, de préserver l’essentiel. De montrer du moins que sous cette cendre de la traduction brûle un feu vivant, inextinguible.

Le Livre est construit comme une symphonie. Les deux premiers psaumes nous en donnent la clé : les deux voies, la voie de la damnation et la voie de l’éternité dont la rencontre trace une frontière où le Juste affronte et combat les multiples visages du Réprouvé. C’est sur cette frontière que le Juste verse son sang. Une tache rouge entre les ténèbres et la lumière. Cela du commencement à la fin. Jusqu’à ce que le Jugement de Dieu rétablisse l’ordre réel des deux voies, ferme la bouche de l’iniquité et fasse triompher le Juste pour l’éternité du règne49.

C’est l’histoire de chacun de nous, c’est le drame de la création entière. Les commentaires des psaumes par les rabbis d’Israël, orientés vers la connaissance des fins dernières, rejoignent ainsi souvent votre propre méditation de l’Apocalypse.

J’ai fait ce travail dans le cadre choisi de la Sainte-Baume. J’y resterai encore quelque temps avant de retourner à Paris, après la Pentecôte. Y serez-vous encore ?

Présentez, je vous prie, mes respectueux hommages à Madame Claudel, et croyez, cher Monsieur, à ma fidèle et très respectueuse amitié.

André Chouraqui

La Sainte-Baume par Saint-Zacharie (Var)

 

3. Lettre de Paul Claudel à André Chouraqui
Le 25 août 53

Cher monsieur et ami,

J’ai bien regretté d’avoir manqué votre visite hier, grâce à la défection des PTT50. Je vous exprime aussi des regrets de ne pas avoir communiqué plus tôt avec vous. Mais je ne savais trop où vous étiez. Et puis il y a eu ce coup cruel et tout le bouleversement qui en est résulté, beaucoup de déplacements, la grève… Enfin j’ai des excuses.

J’ai lu votre introduction et une partie de votre traduction. Rien ne m’aurait été plus agréable que de me montrer en public en votre compagnie, de rompre avec vous le pain sacré à la même table, de partager d’un même cœur la lumière incomparable qui jaillit de la parole de Dieu, aujourd’hui si lamentablement oubliée et décriée51. Depuis soixante ans presque chaque jour je ne cesse de lire les psaumes, qui devraient être l’aiguillon, la coupe, la consolation de toute l’Humanité, en même temps qu’une invitation à la fois à son action de grâces, à sa plainte et à son grief.

Seulement vous avez le bonheur de posséder le texte original et il vous est difficile d’en dépouiller le sortilège. Je le comprends d’autant mieux que j’ai moi-même beaucoup de peine à me dépêtrer du latin de la Vulgate. Vous ne réalisez pas à quel point votre vocabulaire et votre syntaxe déconcertent, douloureusement, le lecteur. Entre l’hébreu et le français votre traduction s’est arrêtée à mi-chemin. Or il ne s’agit pas d’un texte littéraire quelconque. Nous voudrions nous adresser à Dieu par la bouche de l’auteur inspiré et notre langue se refuse à proférer un langage qui lui est étranger.

Que voulez-vous ? Dieu parle, mais c’est nous qui lui répondons.

D’autre part, je doute qu’il y ait dans la composition du psautier et dans l’intention de ses rédacteurs, cette rigueur un peu scolastique que vous croyez y voir. En tout cas elle ne saute pas aux yeux. Les psaumes de la Pénitence, par exemple (6. 31. 37. 50. 81. 142. 13852) sont répartis sur toute l’étendue du Psautier. Les titres nous indiquent que ces poëmes essentiellement spontanés ont jailli de cœurs différents à des époques différentes dans les circonstances les plus diverses. La classification a peine à s’y appliquer.

Je vous parle en toute simplicité fraternelle et j’espère que vous ne m’en voudrez pas.

Dites-moi ce que je dois faire de vos précieux manuscrits.

De tout cœur dans la lumière de notre Père commun.

P. Cl.

 

4. Lettre d’André Chouraqui à Paul Claudel
Sans date

Bien cher Maître et Ami,

Oui, il est impossible de traduire la Bible – ou, pour mieux dire, chaque traduction ne révèle qu’un aspect de la parole sacrée. La langue française est celle qui dessert le plus le traducteur (quand celui-ci n’enrage pas à la trahir) : essentiellement abstraite elle supporte mal les structures concrètes du vocabulaire et de la syntaxe hébraïques. Pour bien traduire, il faudrait inventer un langage nouveau qui se situerait justement à mi chemin de l’hébreu et du français – gardant toute la puissance de l’un et ne trahissant en rien la transparence de l’autre. Et que le lecteur soit déconcerté ne serait pas un mal, si l’esprit du texte pouvait mieux s’éclairer pour lui.

Traduire, dans ces conditions, reste une gageure. J’ai employé mes vacances à « psalmodier » encore et pratiquement à refaire la traduction dont je vous avais communiqué une première frappe, et sur laquelle je travaille encore.

Dans mon introduction, j’ai voulu donner une clé pour conduire le lecteur dans sa lecture. Je ne l’ai pas inventée. Elle me vient de ceux qui lurent et méditèrent les Psaumes depuis qu’ils furent écrits. Il est bien évident que la composition du Psautier n’est due à aucun des auteurs divers qui écrivirent les Psaumes, mais aux Docteurs qui établirent le texte définitif que nous avons sous les yeux. Il ne fait aucun doute qu’ils suivirent une idée directrice pour le choix et le classement des Psaumes en 5 livres. L’analyse que j’en donne, fondée sur une tradition immémoriale, ne prétend pas être absolue, mais seulement faciliter l’étude et la connaissance du Psautier. Et plus j’en approfondis la structure et davantage j’admire cette poésie toute de lumière, et davantage je pense qu’il faut renoncer à jamais à en rendre toute la beauté divine. Mais celle-ci ne se révèle-t-elle pas mieux, dans le silence d’une prière ?

Je vous serai très obligé de me renvoyer à Paris, 9 rue de Civry, les manuscrits que je vous avais confiés. Je vous en remercie par avance.

J’ai vu à la Chapelle Renée et Jacques à qui j’ai transmis les pensées dont Madame Claudel avait bien voulu me charger pour eux.

Croyez bien, cher Maître et Ami, à la profonde fidélité de mon affection en notre Père commun.

André Chouraqui

 

5. Lettre de Paul Claudel à André Chouraqui
Le 2 septembre 53

Cher Monsieur,

J’ai bien reçu votre aimable lettre et vous ferai porter les précieux manuscrits dès mon retour à Paris à la fin de ce mois.

De tout cœur,

P. Claudel

 

 


1. André Chouraqui, Le Destin d’Israël. Correspondances avec Jules Isaac, Jacques Ellul, Jacques Maritain et Marc Chagall. Entretiens avec Paul Claudel, annotés par Bruno Charmet et Yves Chevalier, Paris : Parole et Silence, 2007, p. 221-239.
2. L’ouvrage, dédicacé, se trouve dans la bibliothèque de Paul Claudel. Seules quelques pages sont découpées, ce qui n’empêche pas Claudel de mentionner Bahya Ibn Paqūdā dans les entretiens avec André Chouraqui en 1951 (voir André Chouraqui, « La voix de Paul Claudel sur Israël », [in] La Figure d’Israël, Cahier Paul Claudel 7, p. 190). Voir également l’article de Dominique Millet-Gérard, « Le parfum de l’exégèse : procédés “midrashiques” dans Paul Claudel interroge le Cantique des cantiques », La Prose transfigurée, Paris : PUPS, 2005, p. 402, n. 4.
3. Voir A. Chouraqui, Le Destin d’Israël, op. cit., p. 225.
4. Voir Journal 2, pp. 766, 770, 783, 789, 790 et 802.
5. André Chouraqui, « La méditation de Paul Claudel sur le mystère d’Israël », [in] Le Monde, 3 avril 1952. C’est ce texte, remanié, qui figure dans Le Destin d’Israël. André Chouraqui en avait publié un état encore différent sous le titre « La voix de Paul Claudel sur Israël », op. cit.
6. La Bible, Louanges, traduction d’André Chouraqui, Desclée de Brouwer, 1976. Introduction, p. xxxiii.
7. Le Cantique des cantiques, traduction d’André Chouraqui, gravures au burin de Marianne Clouzot, Paris : l’artiste, 14, rue Washington (impr. de D. Viglino), 1951. Cette traduction est reprise en 1953 chez Desclée de Brouwer.
8. Voir A. Chouraqui, L’Amour fort comme la mort, Monaco : Éditions du Rocher, 1998, p. 404. Les pages 404-409 de cette autobiographie sont consacrées à Claudel.
9. Journal 2, p. 802.
10. Journal 2, p. 829.
11. Les manuscrits, toujours mentionnés au pluriel dans la correspondance entre Chouraqui et Claudel (lettres 3, 4 et 5), sont une « première frappe » de la traduction des psaumes par Chouraqui, remaniée par la suite (voir lettre 4).
12. Psaumes ne donne malheureusement que la version du « Cahier japonais » (p. 66-69). Il est très difficile de reconstituer le texte de 1953 avec les variantes indiquées dans l’apparat critique. Il existe deux manuscrits : un brouillon, daté du 22 février 1953 et une copie non datée.
13. Manuscrit daté du 21 mars 1949 offert à l’abbé Coignard. Voir Correspondance de Paul Claudel avec les ecclésiastiques de son temps, Dominique Millet-Gérard éd., Paris : Champion, 2005, vol. 1, p. 369.
14. Voir l’article de Pascal Lécroart, « La collaboration méconnue entre Paul Claudel et Paul Hindemith : Ite, angeli veloces », [in] Mémoires de Paul Claudel, Revue des Sciences Humaines, n° 279, 2005, p. 191-206. Cet article est accompagné d’une édition du texte de la cantate.
15. Sur la chronologie des rapports entre Claudel, l’unesco et Paul Hindemith, voir Paul Claudel, Correspondance musicale, avec Jacques Benoist-Méchin, Walter Braunfels, Paul Hindemith, Arthur Honegger, Ida Rubinstein, Joseph Samson, Florent Schmitt, Igor Strawinsky, Germaine Tailleferre, Edgar Varèse, réunie, présentée et annotée par Pascal Lécroart, Genève : éditions Papillon, collection 7e note, 2007.
16. Lettre de Claudel à Hindemith du 6 mars 1953. Voir Correspondance musicale, op. cit., p. 268.
17. « Ce texte devrait évoquer les idéaux qui président à l’activité de l’unesco, à savoir le développement de la fraternité et de la compréhension entre les peuples par le moyen des arts en général, et de la poésie et de la musique en particulier », lettre de Bornoff à Claudel, datée du 17 février 1953, Correspondance musicale, op. cit., p. 261.
18. Le deuxième livre des Rois dans la Vulgate est le deuxième livre de Samuel selon la Bible hébraïque, titre généralement adopté dans les traductions modernes. Le titre donné à la traduction du psaume 17 est propre à la version de 1953 et n’apparaît que sur la copie, non datée. Le sous-titre « Chant de David » qu’indique Psaumes pour la version de 1949 ne se trouve sur aucun manuscrit.
19. Texte du manuscrit daté du 22 février 1953.
20. Cette représentation est fondée notamment sur les notes de la Bible de Fillion, que Claudel utilise le plus souvent pour ses traductions de psaumes.
21. Les versets de la Vulgate, qui suivent mot à mot le texte des Septante, sont : 10. Inclinavit cælos, et descendit ; et caligo sub pedibus ejus. 11. Et ascendit super cherubim, et volavit ; volavit super pennas ventorum. Une note de Fillion a pu influencer la traduction claudélienne : « Inclinavit cælos : Dieu descend de sa résidence du ciel, pour exécuter ses redoutables jugements ; les nuages lui servent comme d’escabeau (caligo sub pedibus…), et s’abaissent graduellement sur la terre pour l’y déposer. » L’« escalier » de Claudel rappelle l’« escabeau » de Fillion. Nulle trace cependant de « matelas » ni de « monture » chez Fillion.
22. Journal 2, p. 763.
23. Claudel rejoint alors une esthétique du « décentrement », inaugurée par Leconte de Lisle au xixe siècle et mise en œuvre dans sa propre traduction de L’Orestie d’Eschyle. Voir Pascale Alexandre, Traduction et création chez Paul Claudel. L’Orestie, Paris : Champion, 1997 (notamment chap. 5).
24. « Fragment de lettre à un frère franciscain », non repris dans Psaumes.
25. Le brouillon des chapitres consacrés à David est daté de janvier 1947 à avril 1947. Voir l’apparat critique donné par Michel Malicet dans Le Poëte et la Bible, vol. 2, p. 1648.
26. Journal 2, p. 770.
27. A. Chouraqui, Le Destin d’Israël, op. cit., p. 228.
28. Voir « Le texte hébreu de l’Ancien Testament », annexe de Paul Claudel interroge le Cantique des cantiques, Le Poëte et la Bible 2, p. 296.
29. Voir sur ce point Dominique Millet-Gérard, « Le sens littéral dans l’exégèse claudélienne », [in] Le Sens littéral des Écritures, Olivier-Thomas Venard éd., Paris : Cerf, 2009, p. 272-273.
30. « La liturgie, l’Église, la Sainte Vierge » (1946), Le Poëte et la Bible 2, p. 309.
31. Les Psaumes, traduits et présentés par André Chouraqui, Presses universitaires de France, Sinaï, collection des Sources d’Israël, Paris, 1956. Cette traduction est reprise dans Le Cantique des cantiques suivi des Psaumes, traduits et présentés par André Chouraqui, Presses universitaires de France, 1970. C’est en revanche une tout autre traduction qui paraît dans La Bible, Louanges, traduction d’André Chouraqui, Desclée de Brouwer, 1976. Cette dernière forme la matrice de toutes les traductions postérieures (L’Univers de la Bible, Turhout, Brepols-Lidis, 1982-1985 et La Bible, Desclée de Brouwer, Paris, 1985) jusqu’à Les Psaumes. Louanges, Monaco : Éditions du Rocher, 1996, édition « complète et définitive ».
32. « Les Rabbins Isaac Rouche, André Zaoui, le Pr Georges Vajda, le T.P.R. Ceslas Rzewuski et M. Patrice de La Tour du Pin voulurent bien relire le manuscrit ou les épreuves de cette traduction ; qu’ils trouvent ici l’expression de ma profonde reconnaissance pour tout ce que leur doit ce travail. », Psaumes, trad. A. Chouraqui, PUF, 1956, « Introduction », p. 30.
33. Louanges, traduction d’André Chouraqui, Desclée de Brouwer, 1976, p. xxxiv.
34. Voir Cyril Aslanov, Pour comprendre la Bible. La leçon d’André Chouraqui, Monaco : Éditions du Rocher, 1999, p. 27-35 et 120. Son analyse ne prend en considération que les traductions seconde manière de Chouraqui. Elle vaut cependant pour les traductions du début des années 1950.
35. Ibid, p. 105 sq. : « Chouraqui entre Claudel et Debidour : le goût de l’expressivité, la recherche de l’authenticité ».
36. Ibid, p. 107.
37. P. Alexandre, Traduction et création chez Paul Claudel, op. cit. Voir en particulier le chap. 7 : « Le calque claudélien ou les paradoxes de la littéralité ».
38. C. Aslanov, Pour comprendre la Bible, op. cit., p. 108.
39. P. Claudel, Psaumes, Paris : Gallimard, 2008, p. 21.
40. Ibid, p. 21.
41. Ibid, p. 20-21. La citation latine, qui clôt également la préface des Sept Psaumes de la pénitence, vient du livre de Jean de Menasce, op, Quand Israël aime Dieu, Plon, 1931. Elle est recopiée dans le Journal en 1931 (vol. 1, p. 976).
42. Lettre du 25 août 1953. Voir ci-après.
43. P. Claudel, « Les Psaumes et la photographie » (1943), Œuvres en prose, p. 388.
44. « Je traduis Dieu à moi et je traduis moi à Dieu à l’aide de cet organe qu’il Lui a plu d’enraciner entre mes dents », extrait de la préface des Sept Psaumes de la pénitence non repris dans Psaumes.
45. Pierre Emmanuel, « Claudel travaille les Psaumes », [in] Bulletin de la Société Paul Claudel, n° 26, 1967, p. 20.
46. André Chouraqui publie deux livres en 1950 : la traduction de l’Introduction aux devoirs des cœurs de Bahya Ibn Paqūdā, préfacée par Jacques Maritain, et La Condition juridique de l’Israélite marocain, préfacé par René Cassin. L’Introduction aux devoirs du cœur figure au catalogue de la bibliothèque de Claudel.
47. Il s’agit d’Une voix sur Israël qui paraît chez Gallimard en 1950.
48. C’est à la Sainte-Baume, dans l’ermitage du P. Ceslas Rzewuski, qu’André Chouraqui compose sa traduction. Voir L’Amour fort comme la mort, op. cit., p. 294.
49. Ce paragraphe énonce les grandes lignes de la préface de l’édition de 1956 (datée de « La Sainte-Baume, novembre 1952. Jérusalem, décembre 1953 »).
50. En août 1953, une grève générale paralyse pendant un mois les services publics.
51. Ce mot est difficilement lisible.
52. Il faut peut-être lire 151 à la place de 81, quoique cela paraisse invraisemblable. Dans les deux cas, Claudel se trompe : les psaumes de la pénitence sont les psaumes 6, 31, 37, 50, 101, 129, 142.

 

 

Bibliographie

 

Bulletin de l’Association pour la Recherche Claudélienne n° 8, Année 2009 :

Michel AUTRAND
– « La Négresse et le Chinois » et « Curiosa », p. 23-30 (Notes claudéliennes).

Michel BRETHENOUX
– « L’Abbé Louis de la Bouillerie (1922-2001), p. 46-54 (Claudel vu par…)

Bruno CURATOLO
– « Présence de Paul Claudel dans les journaux intimes des écrivains français sous l’Occupation » , p. 43-46 (Claudel vu par…)

Pascal LÉCROART
– « François Coulon et Paul Claudel », p. 30-34 (Notes claudéliennes).

Marie-Victoire NANTET
– « Présence de Camille Claudel dans le théâtre de Paul Claudel, étude critique d’une hypothèse », p. 3-21.

Saint John Perse, Correspondance avec Henri Hoppenot (1915-1975), édition établie, annotée et présentée par Marie-France Mousli, Les Cahiers de la NRF, Gallimard, 2009.