Au milieu des vitraux de l’Apocalypse (composé entre 1928 et 1932, inédit jusqu’en 1967). Premier des commentaires sur l’Apocalypse, rédigé sous la forme d’un dialogue puis de lettres entre « le père » et « la fille ». Les « vitraux » sont ceux de la Ferté-Milon où s’arrêtait Claudel dans ses voyages de Paris à Villeneuve.
Un poète regarde la Croix (1933-1935, publié en 1938). Vaste méditation qui prend pour canevas les sept dernières paroles du Christ.
L’Épée et le miroir (1935-1938, publié en 1939). Méditation sur les sept douleurs de la Vierge.
Du sens figuré de l’écriture (1937, publié en 1938). Ce texte capital n’est pas à proprement parler un commentaire. Composé pour servir d’introduction à une réédition du Livre de Ruth de l’abbé Tardif de Moidrey, il fait figure de manifeste de l’exégèse claudélienne. Claudel y expose sa méthode d’interprétation de la Bible et y défend le principe d’une exégèse figurative en revendiquant la légitimité des sens allégorique et moral.
Paul Claudel interroge l’Apocalypse (1940-1942, publié en 1952). Nouveau commentaire, né d’une relecture du texte des Vitraux.
La Rose et le rosaire (1945-1946, publié en 1947). Ouvrage consacré à la Vierge Marie, composé des feuillets « tombés » d’un livre que Claudel ne parviendra jamais à achever, Assumpta est Maria.
Paul Claudel interroge le Cantique des cantiques (composé entre 1945 et 1947, publié en 1948). Nouveau fragment détaché d’Assumpta est Maria, ce commentaire linéaire du Cantique des cantiques prend Marie pour figure centrale.
Emmaüs (1946-1948, publié en 1949). Sorte d’« histoire sainte épique » qui procède à une interprétation typologique de la Bible, d’Adam à Salomon. La suite, La Deuxième Étape d’Emmaüs, reste inédite jusqu’en 1974.
L’Évangile d’Isaïe (1948-1950, publié en 1951). Après l’examen du Pentateuque et des livres historiques, Claudel se penche sur les livres prophétiques, et en premier lieu sur le prophète « tantalisant » entre tous, Isaïe. Il lui consacrera un autre texte, inédit de son vivant (Introduction à Isaïe dans le mot à mot, et s’appliquera également aux autres prophètes (Jérémie, mais aussi ceux qu’on appelle les « petits prophètes).
Recueils de textes brefs :
Figures et paraboles (1936) : parmi d’autres textes, ce recueil comprend « Les quatre animaux sages », « Mort de Judas », « Le point de vue de Ponce Pilate », « Le marchand de colombes ».
Les Aventures de Sophie (1937) : « Le Livre d’Esther », « Le Livre de Tobie », « Les Dix Commandements de Dieu », « Commentaire sur le Psaume XXVIII » et « Commentaire sur le Psaume CXLVII ».
Présence et prophétie (1942) : « Sur la présence de Dieu », « La sensation du divin », « Ecce Virgo concipiet », « Moab ou le recul d’Israël », « Notes sur les anges ».
Cette liste laisse de côté de très nombreux textes. Pour un inventaire exhaustif, on se reportera aux éditions mentionnées dans la bibliographie.
Marie-Ève Benoteau-Alexandre
Extrait
Exclamation
Au moment où j’écris ces lignes le Propre du Temps fait de nouveau passer sous mes yeux cet incomparable arrangement de psaumes, d’antiennes et de leçons (et parmi elles cette suave et retentissante homélie de saint Germain, le flot de louanges le plus véhément et le plus pur qui soit jamais sorti d’un gosier humain !) qui constitue l’Office de l’Immaculée Conception. Et je suis frappé une fois de plus de ce procédé de composition du langage de l’Esprit Saint que j’appellerai stellaire. Il ne s’agit pas ici du cheminement logique, ni de la phrase lyrique, ni de l’ample houle de l’éloquence et de l’épopée. Ce serait plutôt comme un groupe de détonations simultanées, non point celle seulement d’une corde qu’on pince, mais la déflagration de cette image unique, nous sentons qu’elle est en train de pourvoir à travers le ciel à tout un système de signaux correspondants. Chaque élévation de la voix étant une provocation en avant et en arrière à une montée de cris lumineux qui s’interpellent dans l’étendue à la manière des notes de la gamme, ou des lettres d’un mot à la fois immédiat et interminable que c’est à notre œil de former au travers de cet alphabet en ébullition ! Ainsi cette idée d’élévation, d’exaltation au sein d’un abîme débarrassé de toute limite et purifié par l’intelligence et le froid que je retrouve bondissant d’un verset à l’autre des douze Psaumes de l’Office hivernal ! De la terrasse du Temple ou de ce campement dans le désert le Poëte sacré lève les yeux vers ce Ciel étoilé en travail immense d’élocution. Les cieux, dit-il, ah, regardez-les donc ! et ne voyez-vous pas qu’ils sont en train de raconter (enarrant !) la gloire de Dieu [Ps 18, 2] ! Cela forme un récit concerté sur des plans superposés à l’infini et l’on songe aux différences vertigineuses des temps auxquels nous parvient le témoignage de chaque étoile.
La Rose et le rosaire (1947), Le Poëte et la Bible I, Gallimard, 1998, p. 1284.