> L’Endormie
Première pièce connue de Claudel, L’Endormie fut rédigée probablement vers 1886-1887. Claudel, qui avait alors environ dix-huit ans, envoya son manuscrit au comité de lecture du Théâtre de l’Odéon. Le manuscrit, tombé dans l’oubli, fut retrouvé en 1925 et publié en fac-similé. La pièce fut ensuite publiée en 1947 dans la Bibliothèque de la Pléiade, dans le tome I de l’édition du Théâtre de Claudel. Farce symboliste, L’Endormie se déroule dans une atmosphère féerique, poétique et bouffonne proche du Songe d’une nuit d’été.
Dans une clairière illuminée par la lune, de jeunes faunes s’ébattent tandis que le vieux Danse-la-Nuit évoque la nymphe Galaxaure : telle la Belle au bois dormant, elle attend que son prince charmant vienne la tirer de son sommeil. C’est alors que fait irruption la faunesse Volpilla. Cette farceuse joue un tour à Strombo, une vieille ivrogne, à qui elle promet du vin pour la faire courir et la précipiter dans un trou. Puis entre en scène le Jeune Poëte. Porté par ses rêves poétiques et érotiques, il s’est introduit dans ce monde faunesque en poursuivant l’horrible Strombo qu’il avait prise pour une jolie nymphe. Volpilla en profite pour le tromper à son tour. Lui parlant de Galaxaure, Volpilla et Danse-la-Nuit font croire au jeune homme qu’il est l’élu dont les pouvoirs poétiques doivent réveiller la belle endormie. Ils font chanter le poëte devant le trou où Strombo cuve son vin et le jettent dans les bras de l’énorme femelle, ce qui provoque la fureur du jeune homme. La pièce se conclut sur une farandole de faunes qui font d’ultimes agaceries au Jeune Poëte berné.
Sever Martinot-Lagarde