Au fil des ventes
Les Autographes
Thierry Bodin, expert
45 rue de l’Abbé Grégoire
75006 Paris
N°72, Juillet 1996
57 Paul Claudel : LAS “P.C.” Prague 29 mars [1910]; 4 pages in-12, en-tête Consulat de France à Prague. Au sujet de sa traduction de Mercia de G.K. CHESTERTON pour la N.R.F. il prie son correspondant de lui signaler ses erreurs : « j’ai fait ma traduction au pas de charge. Vous avez vu que j’ai pris çà et là quelques libertés avec le texte. G.K. Ch est plein d’intuitions géniales, mais il ne donne pas toujours à ses idées le développement qu’elles comporteraient, il aime top le paradoxe et choisit parfois mal ses exemples. ( Je pense surtout à l’idée très profonde de l’irrégularité exquise) » … Il s’interroge sur le sens d’un passage qu’il cite, demande l’envoi des épreuves sur lesquelles il aura « sans doute un gros travail de révision à faire » ; il signera de ses seules initiales car il tient « à rester effacer devant Chesterton […] Votre notice me parait excellente […] J’ignorais tout de mon auteur. Etes- vous sûr qu’il soit catholique ? Je l’ai vu costumé en Docteur Johnson pour un pageant anglican » …
N °73, septembre 1996
69 Paul Claudel : Manuscrit autographe signé. Le discours de J.P.Sartre ; 1 page in-4. Violente attaque contre SARTRE, publiée dans Carrefour du 29 octobre 1947 , en réponse à l’émission radiophonique de la « Tribune des Temps Modernes » consacrée à « De Gaulle et le gaullisme » (20 octobre 1947). « Le créateur de l’existentialisme a rendu au général De Gaulle le seul hommage qu’il fût en son pouvoir, celui des insultes, les siennes et celles des pauvres petits bonshommes et bonnes femmes à sa suite, dont il essaye aujourd’hui plutôt lourdement et maladroitement, de se désolidariser. C’est un argument à la portée de toutes les intelligences que de plaisanter les gens sur leur physique. M Sartre est-il si content du sien ? » De Gaulle n’aurait pas de programme, selon Sartre ; Claudel réplique : « Cela nous change du Parti communiste qui a non seulement un programme, mais plusieurs, contradictoires et interchangeables. Quant au Général, à l’intérieur , mais oui, il a un programme, celui que toute la France a acclamé dimanche dernier : Nous voulons travailler tranquillement. Et quant au programme extérieur, je demande simplement à J.P. Sartre et à ses petits camarades, momentanément désintéressés de cette chimère qui bombicine dans le vide au Café de Flore, de regarder la carte de l’Europe, et de se demander si, en présence de la situation qu’elle manifeste, il n’y a pas autre chose à faire que de porter aux hommes du Kominform la bonne parole existentialiste, pour laquelle ils ne paraissent pas d’ailleurs avoir un goût particulier »
N°75, février 1997
81 Paul Claudel : L.A.S. Francfort-sur-Mein 28 décembre 1911 ; 2 pages in-8, en-tête Consulat général de France à Francforts/Mein. Il donne son autorisation pour une « lecture dialoguée » de l’Otage et remercie son correspondant « pour cette initiative flatteuse », mais il n’a pas d’exemplaire à lui envoyer. « Je suis également hors d’état de répondre aux questions que vous me posez sur votre grand poète nationale. A ma très vive confusion je dois avouer que la connaissance que j’ai de MAETERLINCK se réduit à ses trois premiers ouvrages, lus autrefois dans ma jeunesse et qui m’avaient beaucoup plu, surtout les Serres chaudes »
N°104, février 2003
61 Paul Claudel : L.A.S., 17 février 1940 à un Père missionnaire ; 2 pages in-8. Il lui est infiniment reconnaissant d’avoir officié au mariage de sa fille [ Renée qui a épousé la veille l’avocat Jacques Nantet] « C’est un nouveau lien que vous créez ainsi entre ma famille et la vôtre, cette grande famille des Missions Etrangères dont j’ai partagé le foyer sur les routes d’Asie » … Il joint à sa lettre une aumône « pour vos chers missionnaires » ..
N°105, juin 2003
61 Paul Claudel : Manuscrit autographe, Eloge de Lyon, [Juillet 1950] ; 4 pages in-fol. Discours prononcé en juillet 1950 à l’Académie de Lyon, publié dans Le Figaro littéraire du 5 août 1950. Claudel après avoir chaleureusement salué le Président Herriot, confie qu’il se considère comme un « Lyonnais d’adoption ». Il aime les beautés et le caractère particulier de la Ville de Lyon : la chapelle de l’Hôtel-Dieu, où il venait prendre « dans l’atmosphère de la souffrance et de la mort une leçon de patience et d’éternité », notamment sous l’occupation, le Palais Saint- Pierre, le belvédère de Fourvière, les deux fleuves qui lui font penser à un grand poète qu’il chérit entre tous et « dont quelques étourdis ont entrepris aujourd’hui de galvauder la mémoire » , Arthur Rimbaud. « Et ainsi, tandis que nos vainqueurs ahuris et comme affolés de leur victoire faisaient leur gros vacarme sous des yeux, malheureusement pour eux, intelligents et habitués à la critique, la Saône sans s’occuper d’eux continuait à caresser voluptueusement à ses deux quais sa longue échine verte ! »
N°107, novembre 2003
61 Paul Claudel, manuscrit autographe, Le Chien, Brangues 1er juin 1948 ; 1 page et demie in-4. Brouillon avec ratures et corrections pour Quelques Planches du Bestiaire spirituel, publié à Lausanne chez Nermod en 1949.
N°112, décembre 2004
68 Paul Claudel : L.A.S., Château de Brangues 18 juin 1930, à Sœur Margaret Thérèse, à l’Académie of Notre-Dame, à Philadelphie; 1 page in-8, enveloppe. « Les miracles ne sont nullement une garantie de sainteté, comme le dit S Paul [..] Il n’ y a pas beaucoup de saints qui se soient très sincèrement pris pour autre chose que des pécheurs. C’est Dieu seulet personne d’autre qui fait des miracles ». Puis il évoque le Soulier de Satin : « Ni Camille, ni Rodrigue ni Prouhèze ne sont autre chose que des pécheurs. Ils essayent d’arriver à Dieu à l’aveuglette, et « comme à travers le feu », dit encore S Paul » …
N°113, mars 2005
60 Paul Claudel : épreuves corrigées avec additions autographes de l’Annonce faite à Marie, actes II à IV ; 22, 22 et 31 pages in-4. Epreuves pour la publication dans la Nouvelle Revue Française de janvier, mars et avril 1912 (l’acte I avait paru en décembre 1911) ; en tête il est demandé de renvoyer les épreuves à Jacques Rivière. Outre des corrections typographiques, d’orthographe et de ponctuation, on notera des mots changés et plusieurs additions principalement des indications scéniques, mais aussi dans le texte ; ainsi , au moment des préparatifs de l’enterrement de Violaine, Claudel ajoute dans la bouche de Pierre de Craon cette phrase : « Et que l’on prépare pour la mettre dans la tombe cette terre que j’ai rapportée » …
N°117, avril 2006
61 Paul Claudel : Manuscrit autographe, Bestiaire spirituel, Table et Tapuscrit avec addditions autographes, Les Grenouilles ; 1 page et demie et 3 pages in-4. Claudel a dressé la Table d’ un livre publié à Lausanne chez Nermod en 1949 sous le titre Quelques Planches du Bestiaire spirituel ; y figurent 18 titres du texte. Certains de ces textes figuraient dans Figures et Paraboles mais une dizaine ne se retrouvent pas dans le recueil publié à Lausanne, dont Les Grenouilles, conversation sur l’Apocalypse entre un père et sa fille qui évoquent les trois grenouilles du chapitre XVI s’échappant à la fois des bouches du dragon, de la bête, et du pseudo-prophète … ; Claudel a porté sur le tapuscrit de ce texte plusieurs additions et corrections autographes, traduisant notamment en français quatre citations latines.
N°119, mai 2006
52 Paul Claudel : Manuscrit autographe, Quelques compères oubliés, Brangues 21 septembre 1948, 2 pages in-4. préface pour Quelques Planches du Bestiaire spirituel, publié à Lausanne chez Nermod en 1949.
Librairie legalet
18 square Alboni
75016 Paris
97 Matinée Paul Claudel donnée au Théâtre du Gymnase le vendredi 30 avril 1919
Un feuillet in-4, 4 pages avec un encart central.
Très rare programme de la mâtinée Claudel organisée le 30 mai 1919 par Adrienne Monnier au Gymnase. La mâtinée comportait une introduction par Claudel qui enchaînait avec la lecture du poème inédit « Sainte Geneviève », puis la représentation de la scène II de l’acte III du « Pain Dur » ( Eve Francis et Jean Hervé), la récitation de poèmes, notamment par Marguerite Moreno et enfin la scène finale de Tête d’Or ( mort de Tête d’Or) par Eve Francis et De Max.
Librairie Monogramme
Village Suisse
78, ave de Suffen
75015 Paris
40 Paul Claudel, L.A.S. à Carlos Larronde. En tête du Consulat Général de France, Francfort sur/Mein, le 13 novembre 1911, 2p 1/3 in-8. Enveloppe jointe.
Belle lettre du poète qui a tardé à lui répondre, ce qui malgré tout le rempli « de remord. Je suis en effet inexcusable de ne pas vous avoir remercié de ce que vous avez fait de mon œuvre et dont je vous suis sincèrement reconnaissant … ». Il lui adressera très prochainement « Le Chemin de Croix », « Les Propositions » et l’un des derniers exemplaires qu’il possède de « Partage de Midi ».
41 Paul Claudel, Manuscrit dactylographié 12 p et 2 pp autographes in-folio.
Allocution prononcée par Paul Claudel le 14 juillet 1918 à Rio de Janeiro, devant la colonie française, les autorités Brésiliennes et les Amis de la France à l’occasion de sa nomination comme ministre de France au Brésil.
Lundi 18 novembre 1996, Thierry Bodin, expert,
Hôtel Ambassador, 16 boulevard Hausmann 75009 Paris
Lot n°38
Paul Claudel L.A.S. Tientsin 9 décembre 1906, [à Arthur Fontaine] ; 8 pages in-8,
en-tête Consulat de France à Tientsin (lég. fentes).
Superbe lettre sur la Chine et sur sa conversion. Consul et administrateur « d’une petite ville en plein mouvement de progrès », il se dit touché de recevoir des nouvelles bien réelles de la France … « je ne veux pas dire trop de mal de ce pays. Il n’est pas laid, il est en quelque sorte inexistant, trois roseaux et une poignée de sable y font toute la nature, comme dans les tragédies il suffit d’un fauteuil pour indiquer un palais. Cela ne va pas mal à un esprit classique comme le mien [..] un ciel éternel, jamais voilé, nettoyé comme une vitre au sable et au vinaigre, et si pur qu’il semble sue l’œil pourrait y distinguer l’une derrière l’autre les Sept Sphères de Ptolémée. Il fait un froid splendide, c’est du soleil frappé qu’on respire [ ..] les nuits sont pleines d’étoiles , et comme l’on sent que l’on se rapproche de ce moment mystérieux et du solstice où l’année finit en grand secret et retourne son cycle, et où l4enfant divin nous fut apporté par les anges. Et à moi aussi un enfant va bientôt noud être donné, nous l’attendons vers le milieu du mois prochain, puisse-t-il remplir ce qui a manqué à la destinée de son père, ce qu’aurait faite la mienne sans ce goût fatal pour les paroles vaines ! Je suis dans le moment de grande paix et suspens de mon existence, […] j’en profite pour écrire des Odes, ce qui m’intéresse beaucoup et me délivre du côté affabulation des drames, un peu puéril toujours et conventionnel. Tandis que là c’est la poésie à l’état pur, un mouvement seulement et une coordination des masses comme dans une belle symphonie. J’en ai écrit un sur « L’Esprit et l’Eau » et je viens de commencer un Magnificat. » Puis Claudel parle de la foi, de la prière comme l’agent le plus infaillible pour la retrouver, et de la résignation de son correspondant … « Non la foi en Dieu, la croyance héroïque en dépit de tout dans notre salut, dans l’éternelle joie et l’éternel amour, ne sont pas une illusion morbide, une perversion de notre sensibilité, mais l’exercice et la proclamation martiale d’une nature généreuse, naïve et saine. C’est la vie en nous qui croit à la vie » … Il faut à l’exemple de Job, fouler aux pieds les conseils du doute, se détourner des agitations de la matière pour observer l’âme de l’homme face à son Créateur… « Qui connaît cette prodigieuse explosion, tous les autres sentiments dits naturels lui paraîtrons bien artificiels et incomplets. Voilà ce qu’on trouve dans la seule religion chrétienne […] Voilà la vérité qui m’a illuminé soudainement comme un soleil de vie un certain jour de Noël à Notre Dame il y a vingt ans. Il n’y a rien de plus réel que la joie, il n’y a rien de plus vivant que la Vie, nous ne pouvons pas nous passer de Dieu, et de lui à nous il y a un chemin sûr et tracé. Ce n’est point l’exaltation d’un mystique qui crée un ordre nouveau, c’est la joie raisonnable et naturelle d’un être vivant qui trouve son ordre éternel » …[Le nom de Mme Fontaine a été biffé à la fin de la lettre]
Lot n°39
Paul Claudel 3 L.A.S. ; 3 pages et demie in-8, une enveloppe.
Washington 23 octobre 1929, il ne se souvient pas avoir promis d’écrire « une étude sur Ronsard » il n’en a pas le temps et connaît à peine ce poète …
Genève 2 avril 1947, à son filleul l’éditeur neuchâtelois Richard Heyd : il est en route pour Milan où l’on joue le 4 Jeanne au bûcher ; repassant ensuite par Genève il aimerait que Heyd lui fasse verser l’argent de l’édition
Paris mardi, il a déjà pris des engagements, mais s’il peut se libérer, « je le ferai un plaisir d’assister à votre conférence dont j’ai entendu tant de bien »
Lot n°40
Paul Claudel L.A.S., 11 avril 1935, à Henri Massis ; 2 pages obl. in-12, en-tête Ambassade de France en Belgique
Il a été intéressé de retrouver publié « le texte d’un vieux discours que j’avais oublié » et il demande 5 ou 6 exemplaires du numéro en question … « Vous devez être content du résultat des dernières élections. Consolidée par les trois superbes recrues qu’elle vient de choisir l’A.F. pourra désormais entrelacer ses initiales à celles de l’autre maison qui l’a prise sous sa protection et l’associe à des destinées… »
Jeudi 27 mars 2003, Hôtel Drouot, expert Thierry Bodin
Lot n°209
Paul Claudel, L.A.S. , Copenhague 25 août 1919, à André Silvain ; 1 page et demie in-8 à en-tête Légation de France à Copenhague, enveloppe.
Il recommande à son correspondant M Ludwigsen qui lui expliquera « la nécessité de rétablir des relations directes entre la France et le Danemark sous pavillon français [..] Comme ministre je déplore en effet la lamentable situation actuelle. La France ne fait plus pour ainsi d’affaires avec le Nord, et le préliminaire indispensable de toute campagne nouvelle serait la création d’une ligne française » …
Lot n°210
Paul Claudel 2 L.A.S. 1934 à Charles Silvestre ; 1 page in-8 en-tête Ambassade de France en Belgique, et 1 carte postale ill. avec adresse.
Bruxelles 15 mars. Il a été très touché et honoré par sa lettre : « C’est une grande chose pour un écrivain de savoir que l’on a accès à quelques cœurs ». Il lit avec plaisir ses articles au Temps, « qui me font revoir et goûter cette campagne de France que j’aime tant et dont je suis depuis si longtemps privé » …
27 juin, remerciant de l’envoi de son livre « que les jeunes gens autour de moi m’ont arraché, mais que je me prépare à lire avec grand intérêt. Vous savez à quel point j’aime et je goûte tout de que vous écrivez » …
Lot n°211
Paul Claudel L.A.S. , 28 novembre 1936, à M Al Cuénot, professeur à Orléans ; 1 page in-8 à son adresse, enveloppe.
« Je suis heureux de votre jeune sympathie […] et je trouve dans votre poëme un amour de la beauté, de l’harmonie, et de la lumière qui est l’héritage de Platon. Continuez à recevoir cette leçon de la colonne et de l’olivier »… Il connaît son nom, car son père est « un de ces représentants hardis de la science indépendante pour qui j’éprouve le plus d’intérêt et de respect » …
Mardi 18 novembre 2003, Hôtel Drouot, Expert Thierry Bodin
Lot n°156
Paul Claudel L.A.S. , Bruxelles 16 mai 1935, à un abbé ; 2 pages in-8, en tête Ambassade de France en Belgique
Il est extrêmement confus, mais il ne souvient pas d’avoir reçu son invitation « à l’hommage si mérité que les écrivains catholiques veulent rendre à mon vieil et vénéré ami Mgr Baudrillart. Il est vrai que ma vie est tellement entrecoupée et surchargée d’obligations diverses », qu’il serait normal que s’y glissent parfois quelques lacunes. Mais il tient à s’associer « de tout cœur à tout ce que l’on peut me demander pour honorer ce grand prélat » …
Lot n°157
Paul Claudel P.A.S., 8 avril 1949 ; 1 page in-4
Il répond en quatre points aux questions d’un chercheur ou journaliste : « La Rose et le Chèvrefeuille ont paru si je ne me trompe, dans mon plus récent recueil de poëmes […] Visages radieux […] la forme de mes Odes n’a rien à voir avec le verset biblique pas plus qu’avec la prosodie de Boileau » …
Jeudi 1er et Vendredi 2 avril 2004, Hôtel Drouot, Thierry Bodin expert
Lot n°140
Paul Claudel 2 L.A.S. 1927 et 1932, à François Monod ; 2 pages obl. in-8, en-tête Ambassade de France au Japon, enveloppe, et 1 page in-8, en tête Château de Brangues
8 janvier 1927. Il n’a pas oublié son accueil à Washington. « Quant à l’Académie – il suffit en général de la mort d’un Académicien pour avoir sa chance, mais pour moi il en faudrait trente-deux ou trente-trois ! Je ne pourrais en particulier entrer sous la coupole que sur le cadavre du brave Doumic ! Ce serait trop triste ! »
Brangues, 6 septembre 1932. Il a reçu sa réclamation contre M Bascom Slemp, et la transmet au chargé d’affaires à Washington …
Mardi 25 mai 2004, Hôtel Drouot, expert Alain Nicolas
Lot n°16
Paul Claudel, correspondance de 3 lettres autographes signées à Jean-Louis Barrault, 1944-1945 4 pp ¼ in-folio et 1 p ½ in-8.
Lettres ayant trait à sa participation aux « Matinées poétiques » radiophoniques de Jean-Louis Barrault.
– Brangues (Isère), 29 décembre 1944 : « … j’ai bien réfléchi à v. projet de matinée poétique Paul Claudel. L’idée d’une première partie consacrée aux « Sources » est à première vue intéressante, mais elle ne tient pas devant les objections suivantes : 1°Il est pas outrecuidant de faire servir des personnages de la taille que vous envisagez au soubassement de ma propre statue … 2 °Les extraits choisis ne feraient et ne pourraient nullement faire comprendre l’influence q. chacun de ces grands poëtes a eue sur moi. On y verrait que des lambeaux disparates …Et puis que reste-il de Virgile traduit en français ? Que comprendre d’Homère ou de la Bible si on en détache un petit morceau…Quel programme choisir ? Le défaut des matinées poétiques, c’est leur caractère trop déchiqueté…Il faut donc choisir des morceaux de résistance avant et après lesq. viendraient des hors d’œuvre et des desserts …
Voici donc ce q. je v. proposerais …Première partie. Le Fleuve …Poëmes descriptifs Le Pommier …Petits poëmes français… La Cantate à trois voix …Poëmes religieux… l’Enfant Jésus de Prague. La Vierge à midi…Le Point de vue de Ponce Pilate. Deuxième partie. Sous le rempart d’Athènes … Poëmes patriotiques. Aux morts des armées de la République. Le Joli printemps 1943. A Pied d’armes ( ???) La France parle. Au général de Gaulle… Une séance de ce genre- et tout spécialement La Cantate- serait extrêmement intéressante et instructive pour moi et peut-être pour vous en ce qu’elle nous permettrait d’appliquer et de vérifier les idées sur la diction q. nous sont communes …
Le 19 février 1945
Mon cher Barrault- Bien. J’accepte votre programme bien q. pas très enchanté de M Kemp *et je le reprends article par article. *Est-ce lui q. lira les textes proposés ?
1 passages d’Eschyle – les signaux de feu dans l’Agamemnon ?
Tête d’Or – …. O to to to toi !
2 Dante Le texte q. je préfère à tout est la rencontre de Béatrice dans l’un des derniers chants du Purgatoire.
3 Virgile La tempête ? 1 er livre ? Je préférerais la mort de Palinure à la fin du 6 e livre. Et quel travail q. cette édification du château arrière !
4 Shakespeare Pas d’objections.
5 Rimbaud Ma l. à Jacq. Riv. ne me parait pas bien nécessaire.
Texte à choisir dans la saison en enfer.
22 novembre 2005, Piasa Paris
Lot n°29
Camille CLAUDEL. L.A.S à Gustave Geffroy ; 1 page in-12, enveloppe.
« On me demande un groupe de la Valse dans les 24 heures, comme mon mouleur ne peut pas venir à cause de la presse su salon, je vous prie de me prêter le vôtre, je vous rendrai exactement le même dans huit jours. Excusez-moi, je suis affolée »… Rare.
Estimé : 600/800 €
Adjugé : 2 300 €
Mercredi 25 janvier 2006, Hôtel Drouot, Guy Martin expert
Lot n°30
Paul Claudel Lettre et carte, autographes, signées au Régisseur Général de la Comédie Française : Monsieur Bourny 1934-1935 ; 2 pp in-8 et in-12 avec une enveloppe
Relatives à la représentation de sa pièce « l’Otage » à la Comédie Française.
Brangues, 29 juin 1937 : « Je suis sûr que vous saurez tirer le meilleur parti des Chœurs parlés, que nos Brabançons exécutent, comme vous devinez, fort bien. Je compte sur vous pour tous les détails de mise en scène de l’Otage qui ont une extrême importance et je serai heureux d’avoir l’occasion d’en causer avec vous » – 1935 : « Merci de tout cœur …je connais votre dévotion pour mon œuvre et je me réjouis de l’occasion prochaine que vous me faites entrevoir d’entendre de nouveau l’Otage au Théâtre Français »
Vendredi 31 mars 2006, Drouot Richelieu, expert Thierry Bodin
Paul Claudel 2 L.A.S. , 1947 – 1948, à Jacques Hébertot ; 3 pages et demie in-4.
Importantes lettres sur l’Annonce faite à Marie, mise en scène dans sa version définitive au Théâtre Hébertot.
7 décembre 1947. Différend sur le choix des acteurs, notamment pour le rôle de Mara : « Vous avez plus de confiance dans votre jugement, résultant d’une simple audition de quelques minutes, que dans le mien fondé sur plusieurs heures de travail intense et serré. Ma qualité d’auteur de la pièce constitue pour vous un élément d’appréciation négligeable ».Il veut bien mettre toutes ses forces et son expérience de quarante ans « au service de l’ interprétation dont vous me fournissez les éléments », mais il veut être certain que ce travail « terrible pour moi, et que je serai incapable de renouveler, ne sera pas perdu, et qu’après m’ être épuisé dans un effort que je considère comme une véritable création, je ne me trouve de nouveau devant un non possemus brutal et péremptoire ! »
28 février 1948. « Ce n’est pas sans un serrement de cœur que je vois approcher la fin de cette longue période de répétitions de l’Annonce faite à Marie. Etrange destinée que celle de cette pièce, née en 1892, et qui après cinquante six ans, aspirait, soupirait encore, à la recherche de sa forme définitive. Grâce à vous, grâce aux éléments inestimables que vous m’avez mis entre les mains, j’ai lieu d’espérer qu’elle l’a, cette fois,atteinte, et je puis m’écrier, non seulement avec Mara, mais avec Violaine, que mon enfant vit, et que j’en ai pour témoin cette goute de lait ! »…Il avait retiré jusqu’ici de cette pièce plus de souffrance que de satisfaction, « malgré le sillage étendu que son berceau a fait à travers le monde », sans en incriminer les metteurs en scène et interprètes, souvent, excellents, « qui ont consacré tant de talent et de bonne volonté à la représentation de mon « mystère ». Les circonstances sont seules coupables qui ne m’ont pas permis d’apporter à l’enfant à moitié nu le secours et le concours su milieu scénique qu’il exigeait. Vous me l’avez donné … » … Il le remercie d’avoir mis à sa disposition les voix jeunes et neuves des interprètes choisis, et « cette cathédrale vivante qu’est Alain Cuny », avec « une admirable musique » de Marie Scibor. Ils ont travaillé pendant des mois tous ensemble, « ou plutôt c’est le drame, le mystère lui-même, une seule âme avec des timbres divers, qui travaillait à sa propre expression. (…). Depuis cette touffe de gui du jour de la Nativité que jadis j’ai suspendue au rideau précaire de la petite salle Malakoff, jusqu’à cette réalisation définitive à laquelle il est bien juste que votre nom, cher ami, demeure attaché, quel chemin parcouru » …
Vendredi 7 avril 2006, Salle des Ventes Rossini, expert Thierry Bodin
Lot n°133
Paul Claudel L.A.S., Hambourg 26 novembre 1913 , à Hélène Berthelot ; 2 pages et demi in-8, en-tête Consulat général de France à Hambourg.
Il aimerait avoir son avis sur Protée, dont elle peut demander le manuscrit à Gide…, « j’ai peur qu’à la scène cette bouffonnerie ne paraisse bien stupide et bien grossière, […] Vous connaissez le théâtre du Vieux-Colombier ? Est-ce le cadre qu’il faudrait pour cette pièce ? Protée doit être joué par un gaillard débordant de joie et puissamment entripaillé. Et tous ces acteurs du V.C. me semblent bien blancs et bien chlorotiques » ; il est déçu par Lugné-Poe … Il ajoute un post-scriptum pour Philippe Berthelot, à propos d’un colis qui doit arriver par la valise.
Lot n°134
Paul Claudel L.A.S. « P.C. », Rome 16 février 1916, à Hélène Berthelot ; 5 pages et demie in-8.
Longue lettre diplomatique et littéraire. Il parle avec ravissement de la beauté de Rome, Palerme, et la côte de l’Adriatique, « le plus beau balcon qu’on puisse imaginer », puis il raconte la belle réception de Briand à Rome. « L’effet général a été excellent et les ministres italiens un peu contraints le premier jour étaient radieux au dernier, tandis que nos ennemis si nombreux dans les administrations romaines faisaient un long nez ! Le grand succès a été pour Thomas qui a ébloui tout le monde par ses connaissances militaires et a gagné toutes les sympathies. Ce voyage a été une excellente idée. Les gens autour de moi expriment parfois des inquiétudes sur les tendances envahissantes et impérialistes de la France, on dit qu’elle veut tout réunir, tout concentrer entre ses mains, devenir la capitale de l’Alliance. J’avoue que je bois du lait quand j’entends dire cela ! Notre attitude humble et effacée ne nous avait pas réussi du temps de Delcassé. Les choses ont un petit peu changé depuis l’arrivée du terrible Philippe ! – D.M. se promenait dans les salons de l’Ambassade de l’air mélancolique d’un héritier dont l’oncle n’est pas mort. Quelle belle demeure on pourrait faire de ce Palais Farnèse » …Claudel parle d’une conférence et d’articles qui lui sont consacrés. Il a déjeuné chez Primoli avec Peppino Garibaldi, Marguerite Durand, Ajalbert, les Borghese, la Duse et une ancienne maîtresse de l’Empereur Guilaume, a été reçu par le Cardinal Mercier ; « Autant j’avais été peu ému par le Pape, autant je l’ai été profondément par cet homme saint dont la présence semble dégager de la vertu et de la lumière. Je suis sorti de là le cœur tout remué. Il connaissait tous mes livres et m’en a parlé de la manière la plus intelligente et la plus consolante pour moi, qui suis souvent si mal compris des gens dont cependant les croyances sont les miennes » … Il évoque encore ses démarches au Vatican pour la nomination d’un évêque au Szechuan. « Je travaille à mon drame, et aussi aux choses économiques » …
Lot n°135
Paul Claudel L.A.S. « P. » Brangues 28 septembre 1939, à Hélène Berthelot ; 2 pages in-8, en-tête Château de Brangues.
Début de la guerre … « Malgré les tristesses et les horreurs de la guerre, surtout cet affreux travail d’équarrissage et de boucherie exercé sur le corps pantelant de la malheureuse Pologne. Il y avait dans la magnificence de ce merveilleux mois de septembre une espèce de sérénité, de solennité supérieure qui nous imprégnait malgré nous ». Il donne des nouvelles de ses enfants… « Je suis convaincu qu’il n’y aura pas de bombardement. Ce serait trop coûteux et les All. ont mieux à faire de leurs appareils et de leur essence. Je considère la Bochie comme déjà fichue mais ce qui est inquiétant, ce sont les soviets. On en viendra à bout tout de même, et quel bonheur d’être débarrassés de l’infâme canaille communiste ! J’ai offert mes services au Ministère, mais jusqu’ à présent on ne les a pas réclamés, et je crois que je pourrai être plus utile au pays en gardant ma liberté. – Quand on pense que le 19 août encore, Guy la Chambre prescrivait à Paul Louis [Weiller] d’envoyer un ingénieur et des dessins à une usine allemande à qui il avait commandé 400 moteurs ! » …
Lot n°136
Paul Claudel L.A.S., Brangues 4 décembre 1943, à Hélène Berthelot ; 1 page in-8.
De retour « dans la grande solitude » de Brangues, il a réfléchi au projet d’exposition sur sa sœur Camille Claudel (morte le 19 octobre) et préfère y renoncer : « 1°Je ne veux rien demander au Gouvt de Vichy et m’exposer à une visite à M. A.B. [Abel Bonnard] 2°les bombardements et l’extrême difficulté des transports. Trop de risques à courir. On ne pourrait avoir les œuvres de ma sœur qui sont à l’étranger, dont qq unes très importantes (Suisse) ». Il demande des nouvelles du Soulier de satin …
Lot n°161
André Gide, 2 L.A.S. , à Philippe Berthelot ; 4 pages in-8 ou in-12.
2- décembre [1921], sur la démission de Berthelot : « Peut-être me permettez-vous à cette occasion de vous exprimer ma sympathie bien attentive et attristée. Hier déjà j’eusse voulu vous la dire, vous voyant sombre et soucieux. Si peu importante que puisse être ici ma voix, tandis que tant d’amis vous entourent, laissez-la je vous prie se fondre dans le chœur de ceux qui vous gardent une reconnaissance et une affection fidèles »… Lundi. « Non, vous ne pouvez douter d’avoir bien fait de me communiquer ces admirables pages de Claudel, qui m’ont secoué jusqu’au cœur. J’ai déjeuné avec Barrès hier, mais il m’a paru qu’il préférait ne pas aborder la question, encore qu’à deux reprises le nom de Claudel ait été amené par moi sur le tapis »…
21 novembre 2006, Piasa Paris
Lot n°135
Paul CLAUDEL. L.A.S., Foutcheou 16 avril 1904, au Gouverneur général de l’Indochine [Jean-Baptiste Paul Beau] ; 1 page in-8, en-tête Consulat de France à Foutcheou.
« Le Département me donne avis de ma nomination au grade de Commandeur du Dragon de m’Annam. Je suis très sensible à l’honneur qui m’est fait ; je sais que je vous dois cette distinction […]. Vous savez que je suis tout dévoué aux intérêts de l’Indo-Chine Française et que je saisirai avec empressement toutes les occasions que vous pourrez me fournir de les servir dans le port de ma résidence »…
Estimé : 250 / 300 €
Adjugé : 480 €
Lot n°137
Paul CLAUDEL. Poème autographe signé ; sur une page in-4 (qqs petites rousseurs).
Court poème de 5 vers :
« Sur les hommes sans bonheur,
Immense fraternité,
Penche ton front et ton cœur,
Étude de la douleur,
Science de la charité ».
Estimé : 500 / 700 €
Lot n°136
Paul CLAUDEL. L.A.S., Villeneuve-sur-Fère-en-Tardenois (Aisne) 8 septembre [1909], à Joseph Billiet, à Lyon ; 1 page obl. petit in-4, adresse.
La lettre de Billiet a d’abord été en Chine avant qu’il ne la reçoive en France où est pour quelques mois. « Je tiens beaucoup à la sympathie des jeunes gens et suis fort touché de celle que vous m’exprimez […] bien que je sois un peu étonné de voir mon nom figurer dans la même ligne que ceux de Verhaeren, et de Remy de Gourmont »… Il suivra avec beaucoup d’intérêt la revue dont lui a parlé Billiet.
Estimé : 200 / 250 €
Lot n°138
Paul CLAUDEL. Photographie avec dédicace autographe signée, 4 mai 1947 ; 13, 5 x 9 cm., montée sur carton 19,5 x 12,5 cm.
Photographie le représentant en pied, comme ambassadeur au Japon (1921-1926), devant un pavillon officiel de l’Indochine Française.
Dédicace : « A M. Max Delatte / souvenir amical / P. Claudel / 4 mai 1947 ».
Estimé : 250 / 300 €
Mardi 21 et mercredi 22 novembre 2006, Drouot Richelieu , expert Thierry Bodin
Lot n°135
Paul Claudel. L.A.S., Foutcheou 16 avril 1904 au Gouverneur général de l’Indochine [Jean-Baptiste Paul Beau] 1 page in-8, en-tête Consulat de France à Foutcheou.
« Le Département me donne avis de ma nomination au grade de Commandeur du Dragon de m’Annam. Je suis très sensible à l’honneur qui l’est fait ; je sais que je vous dois cette distinction […] Vous savez que je suis tout dévoué aux intérêts de l’Indochine Française et que je saisirai avec empressement toutes les occasions que vous pourrez me fournir de les servir dans le port de ma résidence … »
Lot n°136
Paul Claudel L.A.S., Villeneuve-sur-Fère-en-Tardenois (Aisne) 8 septembre [1909], à Joseph Billiet, à Lyon, 1 page obl. petit in-4, adresse
La lettre de Billiet a d’abord été en Chine avant qu’il ne la reçoive en France. « Je tiens beaucoup à la sympathie des jeunes gens et suis fort touché de celle que vous l’exprimez […] bien que je sois un peu étonné de voir mon nom figurer dans la m^me ligne que ceux de Verhaeren et de Remy de Gourmont » …Il suivra avec beaucoup d’intérêt la revue dont lui a parlé Billiet.
Lot n°137
Paul .Claudel. Poème autographe signé ; sur une page in-4
Court poème de 5 vers :
« Sur les hommes sans bonheur,
Immense fraternité,
Penche ton front et ton cœur,
Etude de la douleur,
Science de la charité » .
Lot n°138
Paul Claudel Photographie avec dédicace autographe signée, 4 mai 1947 ; 13,5×9 cm, montée sur carton 19,5×12,5 cm
Photographie le représentant en pied, comme ambassadeur au Japon, devant le pavillon officiel de l’Indochine Française.
Dédicace : « A M Max Delatte/ souvenir amical/P ;Claudel/ 4 mai 1947 »
29 janvier 2007, Hôtel Drouot, Etude Oger Semont
Fonds d’archives de Jacques Benoist-Méchin, photographies de Paul Claudel, documents de Paul Claudel au Japon, correspondances.
Menu du lundi 27 août 1928
2 photographies de Paul Claudel torse nu
2 photographies représentant Claudel
« L’Homme et son désir »
« Allocution sur le Maréchal Joffre » 1922
6 photographies représentant Claudel
Ensemble de manuscrits et lettres autographes signés
Correspondance de 31 lettres autographes
Envoi autographe signé
Ensemble de 1 lettre et une carte autographe
29 janvier 2007, Oger-Semont Paris
Lot n°20
[BENOIST-MÉCHIN Jacques [Paris, 1901 – id., 1983], écrivain et historien français.]
1 boite contenant des brochures et ouvrages sur Paul Claudel, photographies, partition imprimée de Mozart (XIXe siècle), ouvrage sur Mozart avec nombreuses reproductions de manuscrits et photographies, invitations, programmes de concerts, partition d’Orfeo de Claudio Monteverdi exécutée par Vincent d’Indy. Une partition de Darius Milhaud : Caramel Mou avec envoi de J. Benoist-Méchin à Milhaud. (Fonds d’archives de Jacques Benoist-Méchin).
Estimé : 100 / 150 €
Adjugé : 40 €
Lot n°21
CLAUDEL Paul [Villeneuve-sur-Fère, 1868 – Paris, 1955], poète et dramaturge français.
Menu du lundi 27 août 1928 avec une ligne autographe signé. 155 x 205 mm, illustré d’une gravure en couverture représentant le Ministère des Affaires étrangères.
« Dîner offert à l’occasion de la signature du pacte général de renonciation à la guerre. Lundi 27 août 1928 » annoté par Claudel : « Ceci est mon menu P. Claudel »
Estimé : 200 / 250 €
Lot n°22
CLAUDEL Paul.
2 photographies de Paul Claudel torse nu.
170 x 230 mm, chaque.
Estimé : 100 / 150 €
Adjugé : 100 €
Lot n°23
CLAUDEL Paul.
2 photographies représentant Paul Claudel.
178 x 240 mm. L’une le représente avec dans ses bras une jeune fille.
Estimé : 200 / 250 €
Lot n°24
CLAUDEL Paul [Villeneuve-sur-Fère, 1868 – Paris, 1955], poète et dramaturge français.
2 photographies de Paul Claudel torse nu.
170 x 230 mm et 144 x 192 mm.
Estimé : 100 / 150 €
Lot n°25
CLAUDEL Paul [Villeneuve-sur-Fère, 1868 – Paris, 1955], poète et dramaturge français.
« L’HOMME ET SON DÉSIR ». Poème plastique. 92 x 112 mm. Personnages et musique contrecollés sur le support.
Exemplaire signé à l’encre par Paul Claudel « Exemplaire n°7. P.C. » (de ses initiales). Pliage en accordéon de 7 éléments différents, avec d’un côté, la reproduction réduite du texte de Claudel, de l’autre la musique. (Fonds d’archives Benoist-Méchin).
Très rare.
Estimé : 300 / 400 €
Adjugé : 4 200 €
Lot n°26
CLAUDEL Paul.
« Allocution sur le Maréchal Joffre ». 1922 ; 125 x 190 mm.
Rare édition bilingue japonaise et française. Envoi autographe signé, adressé à Marcel Silvain « A M. Marcel Silvain, bien amicalement P. Claudel. Tokyo 13 mars 1922 ».
Estimé : 200 / 300 €
Lot n°27
CLAUDEL Paul.
6 photographies représentant Paul Claudel.
Photographies en différents formats représentant Claudel au Japon, au milieu d’un groupe de Japonais, derrière son bureau rue de Passy [vers 1925], et recevant des mains de l’attaché d’affaires de Pologne un diplôme d’honneur de la Société des auteurs polonais.
On joint une analyse graphologique par E. de Rougemont, une souscription pour Souffle des Quatre Souffles en japonais, et 2 coupures de presse.
Estimé : 200 / 250 €
Adjugé : 200 €
Lot n°28
CLAUDEL Paul.
Ensemble de manuscrits et lettres autographes signés.
— « La Parabole du Festin ». Manuscrit autographe signé « Paul Claudel De La Chapelle » 7 pages in-4°. « Programme pour un Oratorio ». Cet oratorio reprend en œuvre dramatique et musicale La Parabole du festin (inspirée de l’Évangile de Luc, XIV, 16-24), composée en 1925. Le livret est écrit à la demande d’Ida Rubinstein, elle-même encouragée par Darius Milhaud ; il est achevé en 1935.
— Feuille de dédicace. 1 page in-4°. « A mon ami Jacques Benoist-Méchin, Ombre d’une feuille sur une autre feuille, bruit de l’eau sur l’eau. P. Claudel »
— « La Route interrompue ». Manuscrit autographe signé. Juillet 1923 ; 7 pages in-4°.
— Manuscrit autographe : 260 x 760 mm. Fragment pour une œuvre musicale. Sans doute pour Les Euménides.
On joint un exemplaire sur japon impérial dits de “chapelle” (un des 6 exemplaires numérotés) de La Parabole du festin.
Estimé : 1 000 / 1 200 €
Adjugé : 2 600 €
Lot n°29
CLAUDEL Paul.
Correspondance de 31 lettres autographes et 1 carte de visite adressées à Jacques Benoist-Méchin. De 1920 à 1927; formats in-8°. Certaines enveloppes jointes.
La correspondance est dense et surtout d’ordre littéraire ou musicale. Nous nous bornerons à citer quelques phrases de quelques unes des lettres afin d’en approcher le thème.
— Tokyo, de 1920 à 1924. « J’applaudis de toutes mes forces à votre idée de faire de la musique religieuse. » ; « L’artiste qui parle, qui se laisse toucher est un homme perdu. » ; « Keiser me fait penser à Keyserling et celui-ci à Hölderling, le seul grand poète allemand que je connaisse. » « La seconde idée qu’il faut écarter et qui gène tant d’artistes est que le christianisme est une cause d’appauvrissement pour l’esprit. » « Je vous envoie le prospectus suivant qui m’a beaucoup intéressé et qui confirme bien des idées que m’a suggérées la musique d’Orient. ». « Vivre, c’est lutter et c’est souffrir, et la vraie vie est celle qui ne laisse pas indifférent la plus petite action, le rameau nerveux le plus ténu de votre substance intime. » « J’écris en ce moment les dernières lignes des Souliers de Satin qui est une espèce d’examen et de moquerie de moi-même. ». « Je serai à Paris le 6 et j’irai chez Adrienne [Monnier] — l’heure? — avec la joie et l’intérêt que vous pensez. » On joint une lettre adressée à Adrienne [Monnier] lui demandant de rencontrer Larbaud pour différentes questions.
— En France, 1925. « Pouvez-vous m’envoyer une copie de ma Parabole du Festin? »
— Tokyo et en mer, 1926. « Quant à Proust lui-même ses vices monstrueux mettent entre lui et moi une épaisseur à la fois transparente, infrangible et malpropre comme la verrière de la gare d’Orsay que vous décrivez si bien. » « Je consens avec le plus grand plaisir à vous servir de témoin pour votre mariage. » « Vous soulevez une autre question qui est celle de l’infini et de la perfection. »
— Tokyo et Paris, 1927. « Gardez-moi la lettre que je vous ai écrite sur le Père Humilié et que j’ai déjà oubliée. » « J’ai eu hier un bain de musique magnifique ! Vos chœurs ont une plénitude, un rythme et une sonorité admirable. » « C’est une très bonne idée d’y joindre ce Fragment d’un drame, que j’avais complètement oublié. »
Sont joints quelques brochures et ouvrages concernant Paul Claudel : Bulletin de la société de Paul Claudel, Revue des Jeunes, the Way of the Cross, Entretiens politiques et littéraires, la revue indépendante, Théâtre de l’œuvre — L’otage, etc.
Très bel ensemble.
Estimé : 2 000 / 3 000 €
Adjugé : 9 000 €
Lot n°30
CLAUDEL Paul.
Envoi autographe signé sur « Notes Exchanged between France and The United States on the subject of a multilateral treaty for the renunciation of war, together with the text of M. Briand’s original proposal for a pact of perpetual friendship ». 1928 ; 148 x 230 mm.
« A Jacques Benoist Méchin. P. Claudel » qui ajoute : « Aucune des notes n’est de moi. le texte m’en a été envoyé directement de Paris et je n’ai eu qu’à le signer. Mon activité personnelle se résume à ma correspondance télégraphique. 21 mai 1928 ».
On joint un exemplaire identique non dédicacé.
Estimé : 300 / 350 €
Adjugé : 300 €
Lot n°31
CLAUDEL Paul.
Ensemble de 1 lettre et 1 carte autographes signées, adressées à J. Benoist-Méchin :
— 14 avril 1920 ; 140 x 110 mm. En-tête imprimé : « Commission internationale du Slesvig — Le Commissaire Français », enveloppe timbrée jointe. « J’ai bien reçu votre lettre, ainsi que le morceau qui l’accompagnait, et dont je ne puis malheureusement juger, n’étant nullement musicien, et n’ayant personne sous la main qui puisse l’exécuter pour moi. ».
— 13 août 1928 ; 1 page in-4°, enveloppe jointe. « Voici l’article que vous m’aviez demandé pour le n°spécial de L’Europe Nouvelle. C’est ma fille Gigette qui l’a recopié. J’espère que vous pourriez le lire à travers son écriture de jeune chatte. […] Darius Milhaud est plongé corps et âme dans la seconde partie du Christophe Colomb. » Est joint l’épreuve corrigée (quelques corrections autographes) ainsi que la revue L’Europe Nouvelle du 25 août 1928 dans laquelle est paru l’article de P. Claudel.
Nous joignons à cet ensemble :
— « CHRISTOPHE COLOMB — Opéra en deux parties et vingt sept tableaux ». Poème de Paul Claudel. — Musique de Darius Milhaud. Édition Universelle S.A. 1929 ; 135 X 200 mm. Avec une carte de visite « Christophe Colomb — Capitaine au long cours [imprimé] — serait heureux d’avoir vos conseils sur le désarmement naval. »
— Collage « Futura Olim », annoté en marge, et signé.
Estimé : 200 / 300 €
Adjugé : 600 €
Lot n°32
CLAUDEL Paul.
Photographie du programme du discours à l’Université de Georgetown, avec envoi autographe signé. 14 avril 1930 ; 155 X 230 mm.
« À Jacques Benoist-Méchin amicalement Paul Claudel Washington, 14 avril 1930 »
Estimé : 180 / 200 €
Lot n°33
[CLAUDEL Paul].
Manuscrit autographe signé de Jacques Benoist-Méchin sur Claudel « Introduction à un Claudelium ». 1930 ; 15 pages in-4°sur papier bleu, numérotées.
« Nous avons pensé combler une grave lacune en établissant la première bibliographie complète des œuvres de Paul Claudel ».
On joint les épreuves corrigées, signées des initiales « B.M. » de Benoist-Méchin de son « Introduction à la bibliographie de Paul Claudel » (6 pages in-4°).
On joint une liste des ouvrages de Paul Claudel (25 feuilles tapuscrites et 1 page autographe), sans doute corrigées par Paul Claudel lui-même.
Estimé : 300 / 400 €
Adjugé : 500 €
11 juin 2007, Piasa Paris
Lot n°157
Paul CLAUDEL (1868-1955). MANUSCRIT autographe signé, Judith, Brangues 17 mars 1943 ; 1 page et demie in-8.
Claudel recopie les huit premiers versets de son poème Judith (publié le 15 janvier 1935 dans la revue Mesures) :
« Nous sommes assiégés tous ensemble dans la ville qui est appelée Béthanie,
Et cela qui essaye de nous étouffer, nœuds sur nœuds, ce sont les forces armées de l’Assyrie
Commandées par ce général dont le nom est comme le bruit d’un bœuf qui beugle dans une caverne ! « …
ON JOINT le tapuscrit d’un interview de Paul Claudel par Frédéric Lefèvre, le 18 avril 1925, sur Le Soulier de Satin.
Estimé : 300 / 350 €
Adjugé : 350 €
20 novembre 2007, Piasa Paris
Lot n°197
Paul CLAUDEL. POEME autographe signé, L’Itinéraire de Paris à Lyon, « en auto septembre 1927 » ; 3 pages petit in-4.
AMUSANTE PIECE de 39 vers, scindée en dix étapes : Melun, Fontainebleau, Orléans, Blois, Tours, Bourges, Moulins, La Palisse, Roanne, Lyon. Le manuscrit, envoyé à Maurice Noël pour le Figaro littéraire (2 copies dactylographiées jointes), ne semble pas y avoir été publié ; la publication dans l’Œuvre poétique de la Bibliothèque de la Pléiade porte la date du 9 juin 1935, et un distique supplémentaire d’Envoi.
« Melun.
Le chauffeur à toute vitesse
Féroce lubrique à jeun
Quatre vingts chevaux sous les fesses
Se paye tranche de Melun »…
ARCHIVES MAURICE NOËL
rédacteur en chef du Figaro Littéraire
Estimé : 800 / 1 000 €
Lot n°198
Paul CLAUDEL. MANUSCRIT autographe signé, Sur la réforme de l’orthographe, Brangues 26 juillet 1932 ; 2 pages in-4 (petites déchir. réparées, lég. mouill.).
CONTRE LA REFORME DE L’ORTHOGRAPHE. « Je suis contre. Et je m’étonne d’abord du caractère uniquement pédagogique donné à l’étude de cette question. Quand il s’agit de voirie, on consulte les usagers. N’est-il pas étrange, s’agissant d’un intérêt aussi grave, que celui qui s’attache à la forme écrite de notre langage, les principaux usagers, c. à d. les écrivains, ne soient pas consultés ? »…
C’était à l’Académie de veiller sur cet héritage sacré ; et nos voisins n’ont pas eu besoin de telles réformes, malgré la complication de leurs idiomes et de leur grammaire. « Tout ce qui précède n’est pas pour m’opposer à un travail prudent, non pas de réforme, mais d’émondage. Bien des fruits prêts à tomber n’attendent pour cela qu’une sollicitation affectueuse. Faut-il compter dans ce nombre le tréma que j’ai considéré longtemps comme le principal privilège du poëte ? Et la grammaire ? Cette grammaire si ridiculement compliquée à une époque récente ? Là, je l’avoue, je serais disposé personnellement à accepter le programme de la Commission ».
ARCHIVES MAURICE NOËL
rédacteur en chef du Figaro Littéraire
Estimé : 700 / 800 €
Lot n°199
Paul CLAUDEL. MANUSCRIT autographe signé, A propos de L’Otage, [26 octobre 1934] ; 4 pages et demie in-4 (la première page est commencée à l’encre, la suite est au crayon).
ENTREE DE L’OTAGE AU REPERTOIRE DU THEATRE-FRANÇAIS ; ce drame, créé le 5 juin 1914 au Théâtre de l’Œuvre, fut représenté pour la première fois par la Comédie Française le 30 octobre 1934. Une note de Maurice Noël précise que cette chronique a été écrite en chemin de fer Paris-Bruxelles le 26 octobre, d’où l’aspect un peu tremblé du graphisme ; elle a paru dans Le Figaro du 29 octobre 1934 (coupure jointe).
Claudel oppose au drame historique anglais, tout en contrastes et en confrontations, la tragédie classique française, où la passion personnelle tend vers la crise collective, le conflit d’idées. « Les acteurs ont été recrutés pour la solution d’un problème plus vaste qu’eux. Cette seconde conception est celle de L’Otage »…
L’époque de la Révolution française s’imposait : « Entre l’esprit nouveau qui tâche avec une espèce de fureur sacrée de se faire place et les formes traditionnelles qui essayent à tout prix de maintenir la communion humaine avec la durée, quel corps à corps, quel champ de bataille ! […] Beaucoup d’entre nous sentent dans leur intelligence et dans leur sang le conflit de cette double hérédité. Turelure et Coûfontaine vivent dans le même cœur »…
Il passe sur « les infractions » qu’il a pu commettre à l’égard de la réalité historique de l’enlèvement du Pape, mais il s’interroge sur la cruauté du sacrifice suggéré à Sygne par l’abbé Badilon. « Le vieux homme que je suis devenu se demande : Comment ai-je pu être aussi féroce ? Et le Turelure qui en lui ne persiste que trop : On était jeune alors et c’est de l’eau de vie bouillante que l’on avait dans les veines ! […] L’aristocratie n’a pas eu la force d’étreindre la révolution. Elle en est punie par cette défaillance finale qui scandalise Turelure »…
ARCHIVES MAURICE NOËL
rédacteur en chef du Figaro Littéraire
Estimé : 800 / 1 000 €
Lot n°200
Paul CLAUDEL. 151 L.A.S. (dont 17 cartes et 4 P.A.S.), un TAPUSCRIT avec corrections autographes et 2 télégrammes, Brangues et Paris 1937-1955, à Maurice NOËL (qqs à Pierre BRISSON) ; environ 185 pages formats divers, nombreux en-têtes, enveloppes et adresses (qqs défauts et réparations à qqs lettres).
IMPORTANTE CORRESPONDANCE LITTERAIRE ET AMICALE AVEC LE REDACTEUR EN CHEF DU FIGARO LITTERAIRE. Nous n’en pouvons donner ici qu’un rapide aperçu.
1937. 26 juin, railleries sur l’Académie. 17 août. « Les évêques d’Espagne viennent de publier un document capital que vos collaborateurs habituels catholiques, Goyau et Lacour Grandmaison, ne manqueront sans doute pas de commenter. S’ils ne le faisaient pas, je serais à votre disposition pour m’en charger. Ce serait une réponse à certains articles de MAURIAC que je n’approuve pas »…
24 août : « J’aurais voulu profiter de l’occasion pour rétablir la vérité sur les événements de GUERNICA »…
11 novembre, il fournira au Figaro « quelques articles de souvenirs ou de rêveries diplomatiques » ; envoi d’un TAPUSCRIT corrigé, La banquette avant (joint, 6 p. in-4). 27 novembre, mécontentement après un article désagréable de Pierre BRISSON : « A 70 ans on me traite encore comme un débutant. Il n’y a pas que l’Académie, dont vous vous moquez, qui se plaise à décourager les jeunes talents »…
1938. 8 juin, sur la Danse des Morts de Bâle : « Je viens d’écrire là dessus un poëme dont HONEGGER est en train de composer la musique »… 11 juin, il a grincé des dents à l’idée « que mon échec académique a pu contribuer au succès de Charles MAURRAS ! S’il y a un homme pour qui, qu’il s’agisse de caractère ou de talent, j’éprouve un total et complet mépris, c’est bien ce dégoûtant personnage ! Charles Maurras, un grand écrivain, ô mon Dieu ! »…
7 août, envoi d’un article à la gloire d’Aristide BRIAND. « Merci pour l’entrefilet relatif à mes soixante dix ans – qui ne m’empêchent pas d’être toujours traité comme un conscrit ! » 18 septembre, lettre humoristique sur les conséquences d’un bombardement sur l’Académie…
28 octobre, projet de monter L’Annonce avec DULLIN, et de refaire de fond en comble le IVe Acte »…
1941. 26 janvier : « Et alors ma philippique sur l’Aérodrome de Chartres n’a pu trouver place dans vos colonnes ! […] Nous entrons dans un régime de bâillon qui n’est pas près de finir »…
3 février, toujours sur l’aérodrome, établi près de la cathédrale, et bombardé régulièrement… 13 juillet, proposition d’articles sur le métier diplomatique… 8 août, la censure lui a « coupé le jarret ! […] J’aurais insisté sur l’idée que, comme dans l’armée allemande toutes les armes sont réunies pour ne former qu’une équipe, il ne devrait y avoir dans la diplomatie qu’une seule classe d’agents, faisant toutes les besognes »…
30 octobre, refus de donner un article sur RIMBAUD. « Je crois avoir été le premier qui ait rendu à cette grande mémoire l’hommage qu’elle méritait. Les milieux symbolistes et décadents n’y avaient rien compris. L’article de MALLARME est un monument d’incompréhension, […] VERLAINE lui-même n’a jamais vraiment su à qui il avait affaire. – Depuis, une nuée imbécile de professeurs, de petits jeunes gens, de surréalistes, de malpropres et d’impropres de toute espèce, se sont abattus sur cet ange méprisant qui n’a plus personne pour le défendre. …et le vomissement impur de la bêtise me force à me boucher le nez devant l’azur ! »…
Il compare Rimbaud à DOSTOÏEVSKI, « dont la gloire n’a réussi que lentement à éclipser celle, due au battage, faite autour de ce faux génie, TOLSTOÏ »…
Il évoque une représentation de l’Annonce faite à Marie au théâtre de l’Œuvre : « la musique est de moi, développée par une personne qui me touche de très près [sa fille naturelle Louise] »… 1942. 9 mars. « Je n’ai pas la moindre envie de faire partie de l’Académie Française et de devenir le collègue humilié de Messieurs C.F. et C.M. [Farrère et Maurras] Un seul camouflet me suffit. Les académiciens sont en majorité de malhonnêtes gens et je n’ai aucune confiance dans leurs promesses »…
26 avril, la Radio va donner l’intégralité du Soulier de satin… 7 mai, il va solliciter RAMUZ pour le Figaro. « Pour la NRF, comme VALERY, j’attends de voir l’attitude qu’elle va prendre et si vraiment elle a réussi à se dépêtrer des putois qui l’empestaient ! »… Il vient d’écrire « une espèce de Guide de la prière »… 8 septembre, sur l’affaire du Soulier de satin, et la situation de Jean-Louis BARRAULT, décidé à quitté la Comédie Française et à prendre un théâtre à lui. La pièce passera vers le 20 février, « hélas ! réduite à une seule soirée et considérablement amputée, par ex. de presque tout le 4e Acte (Censure) »…
24 septembre, au sujet d’un article sur Mme de SIMIANE dont il possède le portrait… 19 octobre, retour de Paris, « plus lugubre que jamais. Les figures ne sont plus mornes, mais dramatiques et ravagées. […] La faim est partout et l’angoisse serre tous les cœurs. Et quelle presse !! »… 10 novembre, naissance de son « 13e petit enfant », Marie-Victoire, pour laquelle il a composé un QUATRAIN qu’il recopie. 24 novembre, il ne veut pas écrire sur Léon BLOY : « C’est un type que je n’apprécie à aucun degré, ni comme homme, ni comme écrivain »… 1943. 23 avril, il a déjà tout dit sur la sculpture et sur sa sœur [CAMILLE CLAUDEL] : « Je ne me sens aucune envie de reprendre ce sujet si douloureux pour moi, à un moment où ma pauvre sœur, une artiste de génie, est en train d’agoniser dans un hôpital du Vaucluse »…
30 avril : « mes exégèses bibliques ne sont guère adaptées à un public parpaillot »… 1944. 4 février, sur la réception critique du Soulier de satin : « c’est une victoire du sentiment national, plutôt qu’une résipiscence de ces messieurs. Devant l’énorme succès ils ont été intimidés et ont cru plus habile d’enfourcher le courant. […] cette représentation arrivait à son heure. Les gens étaient heureux, étaient fiers, d’entendre une belle œuvre, une haute et noble pensée, une grande poésie. C’est un honneur qu’on leur donnait à partager, en même temps que ce spectacle divers, mouvementé, émouvant, intéressant, charmait leur âme et tenait en haleine leur attention tour à tour amusée et captivée. Je crois vraiment avoir fait quelque chose pour mon pays en ces tristes moments »…
3 novembre, sur la « brigue académique » ; il avait écrit à l’Académie pour la placer « devant l’alternative : MAURRAS ou moi » ; la préférence allant à Maurras, il se retire : « En fait c’est un second blackboulage bien net. Vous comprendrez que je ne m’exposerai plus à un troisième »…
17 novembre. Il ne rougit nullement de ses Paroles au Maréchal. « Après le renvoi et l’arrestation de LAVAL, c’est vrai, j’ai cru à un sursaut d’honneur chez ce vieil homme. Trompé, la honte n’est pas pour moi ». Il prépare un recueil de ses Poëmes et Paroles durant la Guerre de Trente Ans, avec les Paroles au Maréchal et « un poëme au Général de Gaulle » …
24 novembre, sur son poème Au Général de Gaulle : « Le destinataire vient de m’en remercier par un mot de sa main tout à fait grâcieux. C’est une des meilleures choses que j’aie faites »…
1945. 19 juin, au sujet d’un article interdit par la censure de Vichy : « J’ai dans le caractère un côté violent et hargneux, que je dois sans doute à mon ascendance lorraine, dont je n’ai aucune raison d’être satisfait et à qui il est préférable de ne pas laisser le champ libre »… 23 novembre, projets d’articles sur le Beethoven de Romain ROLLAND, le soja, l’Extrême-Orient chrétien…
« Non, je n’ai pas connu KAFKA à Prague. J’ai lu son Journal qui, comme ses autres ouvrages, laisse une impression bien trouble et pénible. Je n’ai pu l’achever »…
Novembre-décembre, il est « très mortifié » que son article sur l’Agneau mystique ait été refusé ; annonces répétées du concert de Maria Scibor [sa fille Louise Vetch] (prospectus joint, et communiqué autographe). 1946. 13 mars. MAURIAC lui écrit que l’Académie veut l’élire sans visites et sans lettre de candidature, comme pour Clemenceau. « Le Général DE GAULLE me demande d’accepter. J’ai donc accepté »…
14 mars, sur sa traduction de poèmes chinois… 1er mai, en faveur des Bénédictines de Lisieux : « Me voici donc, faisant le beau, avec une sébille de fer blanc entre les dents ! »… 10 juillet, au sujet des fêtes de Vézelay pour la Croisade de la Paix, et de Marthe BIBESCO… 1947. 11 février, précisions détaillées concernant les deux dénonciations faites par Charles MAURRAS de Claudel à la Gestapo, et les nombreuses dénonciations contre lui dans L’Action Française…
[Juin], éloge de Maurice FOMBEURE : « c’est quelqu’un qui parle français, un certain français, un certain vers français, clair et gai comme du vin blanc, et aussi adroit et prompt dans son empressement dactylique que le meilleur Verlaine. La veine de Villon et de Charles d’Orléans »…
1948. 22 février, la première représentation de L’Annonce dans sa forme définitive, avec une mise en scène supervisée par l’auteur, aura lieu au Théâtre Hébertot le 12 mars. « En raison de mon quatre-vingtième anniversaire qui échoit bientôt, on a voulu donner à cette représentation une certaine solennité », avec la Reine ELISABETH, G. Bidault, le Cardinal et le Nonce, etc. 23 juillet, sur le livre de Joseph SAMSON, Claudel musicien… 8 septembre, impossible de faire un article sur André SUARES, avec qui il eut une longue correspondance avant la guerre de 14 : « j’ai toutes raisons de croire qu’il me réservait une place de choix dans la rancune intense qu’il nourrissait à l’égard de la Création entière et du monde littéraire en particulier »…
6 décembre, sur sa conférence de Bruxelles, sous le patronage de la Reine ELISABETH : « j’ai fait mes adieux au public de là-bas, toujours si compréhensif et généreux à mon égard – non sans émotion ! »…
Promesse d’un « papier » sur Partage de midi…
1949. 1er février, texte autographe, Une découverte sensationnelle : sur les rouleaux de la Mer Morte…
26 mars, article sur le jubilé sacerdotal du Pape… 1er juillet, sur la fin du cauchemar et du procès Gnome et Rhône, malgré le bête et lâche MRP ; il a fait connaître CONRAD en France ; il écrit une longue étude sur SAINT-JOHN PERSE… Août, communiqué sur ses 81 ans ; amusantes Nouvelles de Brangues. 8 octobre, retour sur l’affaire des dénonciations de MAURRAS et l’attitude d’Yves Farge…
21 octobre, mort de Jacques COPEAU. 27 décembre, histoire de son discours radiophonique pour l’Année Sainte.
1950. 24 mars, interdiction de publier une « lettre absurde » écrite à Suarès en 1905 (copie dactyl. jointe). 29 mars, envoi d’une lettre reçue du Vatican (copie autogr. par Claudel jointe)…
1951. 5 septembre, exposition au Musée Rodin d’œuvres de sa sœur Camille…
19 octobre, sur le discours du Président de la République V. AURIOL pour sa Grand’Croix de la Légion d’honneur (tapuscrit joint). 1952. 17 mai, sur le poète Maxime ALEXANDRE, revenu de ses « erreurs surréalistes »… 6 juin, sur son voyage à Barcelone et la messe inoubliable. 7 octobre, sur le Prix Nobel de MAURIAC : « François Mauriac est mon ami de toujours. Je l’ai suivi depuis ses débuts et j’ai applaudi de loin à sa rapide et glorieuse ascension, sans qu’entre nos cœurs et nos sentiments ait jamais cessé un contact affectueux. Ses romans d’une observation aiguë, mais dont la charité n’est jamais absente, d’un art nerveux et ramassé, fournissent quelques-uns des meilleurs exemples de la parabole française. Aujourd’hui je salue avec admiration l’élégant et intrépide combattant qui défend chaque semaine dans le Figaro la cause de Dieu et de la patrie ». Mais sa maladie ne lui permet pas d’écrire un article ; et ce prix à Mauriac ne rachète pas la honte du choix naguère « du dégoûtant [GIDE] que vous savez »… 1953. 9 mars, réaction à la mort de STALINE, avec copie autogr. d’un texte d’Isaïe : « Comment a cessé le tyran ? »… 11 juillet, sur le succès du Cantique de l’Espérance à Bruxelles.. 1954. 5 avril, sur le Problème de Jésus de Jean GUITTON, « qui est un grand philosophe »…
28 mai : « J’ai très peu connu VALERY homme. Je me souviens surtout d’une grande promenade de la Rue de Rome à Saint-Séverin (pourquoi ?) où je lui avais prédit l’avenir ! Depuis nous ne nous sommes presque jamais rencontrés. Je l’ai vu sur son lit de mort, où il me montrait les épouvantables radiographies de son estomac perforé. J’avais grande envie de lui parler sérieusement, je n’ai pas osé. C’est surtout comme artiste que j’aurais à parler de P.V. Mais ce serait une grosse affaire et dont la sincérité ne serait pas sans inconvénients »…
14 août : « Il me semble que Madame COLETTE s’est fort bien passée toute sa vie des secours de la religion »…
9 octobre, sur RIMBAUD : « ce ne sont pas ses poèmes qui ont eu une influence sur moi ce sont ses œuvres en prose : Les Illuminations et la Saison en enfer, surtout par leur pouvoir mystérieux d’évocation et d’incantation. Techniquement ce sont elles qui m’ont fourni le canon prosodique dont j’avais besoin »…
1955. 17 février, hommage vibrant aux Armées françaises de 1914-1918 : « Les poilus pendant ces terribles années n’avaient pour les soutenir que la conscience du droit, l’amour de la patrie associé aux plus humbles et aux plus profonds sentiments du cœur humain. Quand on lit le récit des grandes batailles de cette époque, on est à la fois glacé d’horreur et pénétré d’admiration : ce n’est pas assez dire de piété »…
D’autres lettres parlent d’articles ou de poèmes destinés au journal, du courrier des lecteurs, de l’envoi de documents, etc.
ON JOINT divers documents (outre ceux déjà mentionnés) : double dactyl. de la lettre de Claudel dénonçant les persécutions contre « nos compatriotes israélites » (24 déc. 1941) ; , lettre d’une lectrice à Claudel (1944) ; discours dactyl. à Hambourg (mars 1953) ; liste des articles de Claudel au Figaro et au littéraire ;qqs lettres (minutes ou doubles) de Maurice Noël (une annotée par Pierre Brisson).
ARCHIVES MAURICE NOËL
rédacteur en chef du Figaro Littéraire
Estimé : 12 000 / 15 000 €
Lot n°201
Paul CLAUDEL. TAPUSCRIT signé avec date autographe, [Paroles au Maréchal], « Brangues 27 décembre 1940 », et L.A.S. d’envoi à Maurice Noël, Brangues 28 avril 1941 ; 4 pages et demie in-4, et 1 page in-4.
CELEBRE POEME AU MARECHAL PETAIN, publié par le Figaro du 10 mai 1941 (c’est ici la copie qui a servi pour l’impression), puis en plaquette à Lyon chez Lardanchet.
Le tapuscrit porte de légères corrections (mots manquants, ponctuation…), et le titre d’origine : Le Maréchal Pétain a été biffé.
« Monsieur le Maréchal, il est question dans cette pièce de quelqu’un qui ressuscite. […]
Monsieur le Maréchal, voici cette France entre vos bras, lentement, qui n’a que vous et qui ressuscite à voix basse.
Elle n’a pas le droit de parler encore, mais pour faire comprendre qu’elle est lasse »…
28 avril, lettre d’envoi du poème. « Titre : PAROLES AU MARECHAL. Poëme de Paul Claudel, dit par Madame Eve Francis à une représentation de L’Annonce faite à Marie donnée à Vichy le 9 mai 1941. Je tiens beaucoup à voir les épreuves. Donnez moi des caractères assez gros »…
ARCHIVES MAURICE NOËL
rédacteur en chef du Figaro Littéraire
Estimé : 800 / 1 000 €
Lot n°202
Paul CLAUDEL. POEME autographe signé, La Rose et le chèvrefeuille, [1942] ; 1 page et demie in-4.
BEAU POEME de six quatrains, avec une petite correction à l’avant-dernier vers. Il a paru dans Eux et nous (Grenoble, 1942), et recueilli dans les Œuvres complètes en 1952 sous le titre Hortus conclusus.
« Pourpre dans le chèvrefeuille
Intérieure à l’amant
La rose recluse accueille
Odoreuse l’odorant »…
ARCHIVES MAURICE NOËL
rédacteur en chef du Figaro Littéraire
Estimé : 1 000 / 1 200 €
Lot n°203
Paul CLAUDEL. MANUSCRIT autographe signé, Liberté, liberté chérie !, [septembre 1944] ; 4 pages in-fol. (dactylographie jointe).
PREMIER ARTICLE ECRIT PAR CLAUDEL APRES LA LIBERATION, publié dans Le Figaro du 28 septembre 1944.
Claudel esquisse un tableau de sa vie pendant la Guerre, retiré dans son petit village dauphinois : du travail le matin, la radio de Londres, le « chiffon imprimé de Vichy » qui le fait enrager, la prière, la promenade, et « toujours sur les épaules cette accablante sensation de la défaite, le goût amer de la honte, la présence du danger, l’attente, l’attente, l’attente ! »…
Puis il évoque avec émotion l’irruption d’un maquis : « Et alors Juin 1944 ! Août 1944 ! Dates sacrées ! » Suit le retour joyeux à Paris, les retrouvailles avec l’espérance, le bien suprême…
Tout ce tumulte lui a ouvert les yeux sur la vie étroite des braves gens parmi lesquels il avait passé ces quatre années : une vie de tanière, loin de la peinture truquée de « ces messieurs de l’Action Française » ; les pauvres gens se cramponnent au droit de défendre leur vie…
« Eh bien ! dira-t-on maintenant que je commets un paradoxe, si je dis que ce besoin de liberté, que ce besoin d’indépendance du Français s’exprime, aussi bien que par l’insurrection, par l’épargne ? Entre le jeune insurgé à brassard tricolore dont le sourire par les yeux m’entre jusqu’au cœur et le vieux paysan qui garde dans sa paillasse une liasse héroïquement économisée il y a plus de rapports qu’on ne croirait. Tous deux ont foi en l’avenir. Tous deux contre la menace extérieure ont saisi, l’un le bâton et l’autre le bouclier […] Tous deux défendent leur autonomie, leur bien, le droit et le moyen d’une résistance à l’éventualité, leur droit à exister, leur droit à comprendre, – et chez les meilleurs le droit à l’espérance, le droit à l’horizon ! Et je ne sais ce qui est le plus dangereux pour les tyrans, l’explosion généreuse et désordonnée de l’indignation, ou cet entrelacement farouche du droit d’avoir et du droit d’exister ! »
ARCHIVES MAURICE NOËL
rédacteur en chef du Figaro Littéraire
Estimé : 1 000 / 1 200 €
Lot n°204
Paul CLAUDEL. MANUSCRIT autographe signé de la traduction de 8 poèmes chinois, [novembre 1945] ; 5 pages in-4.
BEAU MANUSCRIT DE HUIT POEMES CHINOIS, envoyé le 27 novembre 1945 au Figaro Littéraire, qui les publiera les 11 mai et 7 septembre 1946.
Le manuscrit est précédé de ce texte autographe de présentation : « M. Paul Claudel nous envoie les textes d’une série de poèmes traduits par lui des plus grands poètes chinois, qui ont été mis en musique par Mademoiselle Marie SCIBOR [pseudonyme de Louise Vetch, fille naturelle de Claudel] et qui seront chantés par elle au récital qui sera donné le 20 décembre prochain à la Salle Gaveau sous le patronage du Dr. Tsien Taï, Ambassadeur de Chine, avec le concours du Quatuor Russe Denisoff ».
Ces poèmes ont été en fait adaptés par Claudel d’après Le Livre de Jade de Judith GAUTIER. Les titres des poèmes ont été inscrits à l’encre rouge ; ils sont suivis du nom du poète chinois : Sur la rivière (Tchu jo san) : « Un seul nuage dans le ciel »… : Paysage (Sou tong Po) : « Parmi les bambous qui bougent »… ; Clair de lune sur la mer (Li oey) : « La pleine lune sort de l’eau »…, La feuille de saule (Tchen tiou Lin) : « Mon luth cette fois c’est drôle »… ; Jeunesse (Li taï Pé) : « Ce jeune homme, qu’il est beau ! »… ; Les deux Amants (inconnu) : « Au bord du Fleuve céleste »… ; Désespoir (Li y Hun) : « Appelle ! appelle ! »… ; Guerre (Tchen tse Taï) : « O pauvres habitants de la grande Patrie ! »…
ARCHIVES MAURICE NOËL
rédacteur en chef du Figaro Littéraire
Estimé : 1 300 / 1 500 €
Lot n°205
Paul CLAUDEL. MANUSCRIT signé avec CORRECTIONS autographes, José Maria Sert, Brangues 8 décembre 1945 ; 9 pages et demie in-4.
HOMMAGE AU PEINTRE CATALAN JOSE-MARIA SERT, décédé le 27 novembre 1945. Le texte a paru dans Le Figaro du 14 décembre 1945.
« José Maria Sert est mort ! José Maria Sert est mort ! Nouvelle déchirante ! Je perds le plus cher et le plus précieux de mes amis, et l’art perd le dernier représentant de la grande Peinture »…
Il conte les débuts du Catalan à Paris, qui avait besoin de murs entiers de palais ou d’églises pour traduire « la vision innombrable et retentissante qui sortait de lui » ; il évoque quelques-unes de ses plus grandes œuvres : la coupole de la salle de la Société des Nations à Genève, les fresques de l’Ambassade d’Espagne à Paris et de la cathédrale de Vich…
ARCHIVES MAURICE NOËL
rédacteur en chef du Figaro Littéraire
Estimé : 250 / 300 €
Lot n°206
Paul CLAUDEL. MANUSCRIT autographe, Aux étudiants de Bruxelles, Bruxelles 5 février 1946 ; 4 pages in-fol., qqs ratures et corrections.
ALLOCUTION A L’OCCASION DE LA REPRESENTATION DE JEANNE AU BUCHER A BRUXELLES. Le texte a été publié dans Le Figaro du 14 février 1946.
Claudel commence par se moquer de ses 78 ans, dont il n’est pas honteux, car il a survécu aux invasions, aux frayeurs et aux dommages de 1870, 1918 et 1940, aussi bien qu’à l’Empire allemand, « mort, défunt, crevé, décédé et aboli, et cela pour tous les siècles des siècles ! »…
La France vit encore et la Belgique vit encore, même si les Trois Grands qui se sont chargés d’arranger la planète se passent d’elles ; Claudel cite à ce propos de vieux apophtegmes et une sentence attribuée à Saint Jean. Il rappelle qu’à la fin de l’oratorio qu’il a consacré à Jeanne d’Arc, « le peuple épelle dans le ciel ces mots rayonnant à travers la fumée de son sacrifice : Personne n’a un plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’il aime. Ce sacrifice, que de Belges, que de Français et que de Françaises, l’ont répété au cours de ces formidables années qui viennent de prendre fin. Jeanne d’Arc n’est pas morte pour les Armagnacs, elle est morte pour la France entière à qui son sacrifice a donné une unité inébranlable »…
Il cite Saint Étienne, roi fondateur de la Hongrie, pour se féliciter de la diversité de leurs pays, et il termine par une anecdote d’une survivante de Ravensbrück : un appel à la joie…
ARCHIVES MAURICE NOËL
rédacteur en chef du Figaro Littéraire
Estimé : 1 200 / 1 500 €
Lot n°207
Paul CLAUDEL. MANUSCRIT autographe signé, Comment j’ai écrit Le Père Humilié, [mai 1946] ; 2 pages et demie in-fol.
PRESENTATION DE LA DERNIERE PIECE DE SA TRILOGIE DES COUFONTAINE, LE PERE HUMILIE (publié en 1920, et créé en France le 10 mai 1946 au Théâtre des Champs-Élysées), publiée dans Le Figaro Littéraire du 18 mai 1946.
Claudel évoque les « racines » lointaines de sa pièce : son enfance catholique à Bar-le-Duc, sa découverte émerveillée de Rome en 1916…
Il a fallu longtemps pour que l’œuvre parvienne à maturité : « Le dénouement ne me satisfaisait pas. Je l’avais emprunté à cette légende italienne que Browning a racontée tout au long dans son poème : le Pot de basilic, et dont Stendhal s’est inspiré dans les pages follement romantiques qui concluent son livre. Une tête coupée sous un panier de fleurs ! Je sentais toute l’absurdité, toute l’impossibilité scénique d’une pareille imagination. Cent fois j’essayai de trouver autre chose et de modifier le dénouement. Et ce n’est qu’au moment des représentations du Soulier de satin, à la faveur sans doute de l’excitation cérébrale où m’avaient mis ces incomparables répétitions, que la solution vraie, que l’idée salvatrice, qui aurait dû tout de suite me sauter aux yeux, vint s’imposer à moi. Ce n’est plus une tête maintenant qui est enterrée sous les fleurs fatales, c’est un cœur ! C’est un cœur que respire dans l’émanation véhémente de ces puissantes corolles l’Épouse aveugle. C’est lui qui vient animer cet enfant qu’elle porte dans son sein. Le voici tout à coup qui a tressailli ! »
ARCHIVES MAURICE NOËL
rédacteur en chef du Figaro Littéraire
Estimé : 1 000 / 1 200 €
Lot n°208
Paul CLAUDEL. TAPUSCRIT avec CORRECTIONS et une PAGE autographes, Discours de réception à l’Académie Française en remplacement de Louis Gillet, Paris 17 décembre 1946 ; 31 pages in-4, dont une autographe.
DISCOURS DE RECEPTION A L’ACADEMIE FRANÇAISE, le 13 mars 1947.
Le discours commence par un voyage en train. Claudel, après avoir salué la mémoire de son « cher ami, cher frère » Philippe BERTHELOT, rend hommage à son prédécesseur Louis GILLET, et notamment à sa belle Histoire artistique des ordres mendiants, son ouvrage sur PEGUY, son amitié avec Romain ROLLAND… Outre quelques corrections, Paul Claudel a ajouté de sa main (au verso de la p. 18) un développement à propos du livre de Gillet su l’Allemagne et de sa correspondance qui témoigne « de sa clairvoyance et de sa pénétrations psychologique », en citant une lettre de 1933 à Berenson.
ON JOINT une PHOTOGRAPHIE de Claudel en tenue d’académicien ; et le carton d’invitation de Mme Claudel après la réception académique, annoté par Maurice Noël.
ARCHIVES MAURICE NOËL
rédacteur en chef du Figaro Littéraire
Estimé : 500 / 600 €
Lot n°209
Paul CLAUDEL. MANUSCRIT autographe, Hommage à Ramuz, Brangues Lundi de la Pentecôte [26 mai] 1947 ; 4 pages in-fol.
BEL HOMMAGE A RAMUZ, décédé le 23 mai 1947, publié dans Le Figaro littéraire du 31 mai 1947, et recueilli, après remaniement, dans Du côté de chez Ramuz (Ides et Calendes, 1947).
Ramuz fut l’homme du Léman, « l’habitant, le témoin et l’exposant de ce territoire clos où les convulsions de la nature se concertent pour laisser place à la conscience, une surface dans le plan immobile dédiée à la seule contemplation […]. Mais au-delà de cette coupe d’azur et de neige, de ces pentes non point molles, mais je dirais plutôt énergiques, où mûrit un vin lumineux, il y a un des lieux les plus tourmentés du monde, où la Nature, cette Titane en état d’exsurrection, j’allais dire d’insurrection, s’interroge avec le plus d’angoisse, de rancune et de colère, j’allais dire de désespoir et de lyrisme »…
La montagne semble s’offrir au drame passionnel et personnel, aux contrastes, aux prestiges. « Ici ce n’est qu’une écharpe dorée, là c’est une blanche cavalerie qui débouche, et là un banc compact qui isole dans l’azur ces trônes éblouissants que visite l’aile du séraphin. C’est la neige, c’est la pluie, et puis de nouveau c’est le soleil qui fait tout étinceler, et puis la lune, mais la nature autour de nous ne cesse pas d’être animée […] Tout ce pays concentrique dans une communion avec soi-même autour d’un centre de réflexion, – un œil, dirait-on, du côté de l’éternité -, dans une simulation d’ascension jusqu’au désert et jusqu’à la neige, comme Ramuz l’a regardé, – ah il n’y fallait pas moins que toute une vie et tous les jours de toute une vie ! – comme il l’a pénétré, rassemblé, compris ! »…
Il s’est pénétré du langage populaire de son pays pour l’élever aux plus hautes expressions de la poésie : « Autant qu’Homère adaptant le vers hexamètre aux respirations de la vague Ionienne, Ramuz a été le créateur et l’ouvrier d’une langue. Ce n’est pas seulement un romancier, un impresario de paraboles significatives, un artiste dont le procédé se rapprocherait plutôt de celui du graveur en creux que du sculpteur en ronde-bosse, à travers le foisonnement des épisodes c’est un poète épique »…
ON JOINT une l.a.s. d’envoi à Maurice Noël, Brangues 26 mai 1947, prévenant que le paragraphe 3 de ce « pensum » est emprunté à une étude antérieure (demi-page in-8).
ARCHIVES MAURICE NOËL
rédacteur en chef du Figaro Littéraire
Estimé : 1 200 / 1 500 €
Lot n°210
Paul CLAUDEL. MANUSCRIT autographe, Le Procès au Théâtre Marigny, [octobre 1947] ; 2 pages et demie in-fol. avec corrections (dactylographie jointe).
SUR LE PROCES DE KAFKA, monté par Jean-Louis BARRAULT dans l’adaptation dramatique d’André GIDE (que Claudel réussit à ne pas nommer), et créé le 10 octobre 1947 au Théâtre Marigny ; l’article de Claudel a paru dans Le Figaro Littéraire du 18 octobre, sous le titre « Le Procès de Kafka, ou le Drame de la Justice ».
« Avec Le Procès nous voyons main mise sur un des thèmes les plus riches et les plus poignants du drame humain : celui de la Justice et de l’administration de la Justice. Au fond du cœur humain réside le sentiment obscur, confirmé par le dogme du péché originel, d’une culpabilité innée. Tous les hommes naissent coupables et sous le coup d’une condamnation, une condamnation à mort. La vie n’est qu’un sursis sans cesse révocable. […] Nous vivons dans un monde du contumace, de l’alibi et du quiproquo »…
Cependant Joseph K. met du temps à se rendre compte que le sursis est l’état normal, comme en témoigne la scène poignante de sa visite à l’avocat mourant…
Claudel commente l’évolution du drame, puis passe à l’interprétation de Jean-Louis BARRAULT, qui a fait du personnage léthargique du roman un affolé qui se cogne à tous les murs. « Magnifique spectacle ! exemple inouï dans l’art du comédien d’une espèce d’héroïsme surhumain ! Barrault ne quitte pas la scène un seul moment. Ce n’est pas un acteur qui tient sa place dans un drame. C’est lui tout seul au fur et à mesure qui crée le drame […]. Si extraordinaire et même si désagréable que l’événement puisse paraître à notre moment médiocre, dans notre atmosphère accablée, le milieu le plus inattendu nous a fourni un homme de génie. »
ARCHIVES MAURICE NOËL
rédacteur en chef du Figaro Littéraire
Estimé : 800 / 1 000 €
Lot n°211
Paul CLAUDEL. MANUSCRIT autographe signé, Léon Paul Fargue, Paris 25 novembre 1947 ; 2 pages in-4 avec qqs ratures et corrections.
BEL HOMMAGE ECRIT AU LENDEMAIN DE LA MORT DE LEON-PAUL FARGUE. Publié dans Le Figaro Littéraire du 29 novembre 1947, il a été recueilli, sous le titre Le Maître du tumulte, dans Accompagnements (1949).
Sans l’avoir beaucoup fréquenté, Claudel aimait beaucoup Fargue : « C’est beau, le génie ! C’est un privilège, de serrer la main droite d’un de ces hommes exceptionnels de qui on est constamment en droit d’attendre l’inattendu ! […] Fargue est l’homme qui arrivant en pleine nuit devant une mer agitée trouve cette expression inouïe : La mer flambait noir. De ces anges verbaux dont de hasardeuses feuilles de papier blanc fixaient de temps en temps le contour Fargue ne cessait d’être possédé. Il vivait en état continuel d’émanation. Ce n’était pas un constructeur, le constructeur d’aucune nef, celle qui, la mer ou le ciel sous sa quille, ouvre au navigateur, guidé par des instructions précises, l’horizon ou le zénith. C’était la Pythie extérieurement travaillée par l’obsession du dieu, je dis la conscience et la recherche avec lui de rendez-vous obscurs. Un interrogateur de la circonstance, lui-même interrogé »…
Il rend hommage au piéton de Paris, au « téméraire cocher » de la capitale, capable de devenir lui-même une rue, une gouttière, un boulevard plein de mouvement…
« Quel style, mieux que celui de Fargue, donne l’impression d’un mouvement de masse, un tohu-bohu d’usagers entraînés de je ne sais d’où et je ne sais où par le tapis roulant ? Maintenant il n’y a plus sur le lit qu’une pauvre forme cassée, vaguement commentée par ces petits oiseaux du boulevard Montparnasse qui en savent long sur François Coppée. “Je m’en vais. Adieu, mon vieux Fargue !” Il m’embrasse et je l’embrasse. Le curé de S. François Xavier est venu l’administrer. “Est-ce qu’il a beaucoup souffert, docteur ?” “Oui, beaucoup”. »
ARCHIVES MAURICE NOËL
rédacteur en chef du Figaro Littéraire
Estimé : 1 200 / 1 500 €
Lot n°212
Paul CLAUDEL. MANUSCRIT autographe, Allocution à l’Union civique des femmes, 20 janvier 1948 ; 2 pages in-fol. (répar. au scotch au bord inf.).
« Il est toujours intimidant pour un homme de parler devant un auditoire de femmes. La chose l’est spécialement pour votre serviteur, qui a gardé de son enfance passée avec deux sœurs plus âgées et beaucoup plus malignes que lui un profond et salutaire complexe d’infériorité. Dans nos disputes fréquentes je ne me rappelle jamais avoir eu le dessus, et d’ailleurs, s’il m’arrivait de présumer, quelques gifles bien appliquées avaient vite fait de me rappeler au sentiment de l’ordre normal »…
Il félicite ses auditrices de défendre, par leur association, la place qui revient naturellement à la femme, que ce soit dans le ménage ou dans le « grand ménage qu’on appelle la France » : « il faut qu’elle se montre fidèle à la vocation que la Providence lui a départie, qui est de transformer une foule de propositions compliquées en idées simples, je veux dire pratiques »…
ON JOINT une enveloppe autogr. d’envoi à Maurice Noël, au Figaro.
ARCHIVES MAURICE NOËL
rédacteur en chef du Figaro Littéraire
Estimé : 600 / 700 €
Lot n°213
Paul CLAUDEL. L.A.S., Paris octobre 1949, à Jean-Louis BARRAULT ; 3/4 page in-4 (répar. au verso).
HOMMAGE AUX CREATEURS DE PARTAGE DE MIDI [créé en France le 16 décembre 1948 au Théâtre Marigny, par Edwige Feuillère, Jean-Louis Barrault, Pierre Brasseur et Jacques Dacqmine], à l’occasion de la reprise le 15 octobre 1949.
« Au moment où le paquebot arraché par vous à la rouille se prépare à un supplément de traversée, je tiens du rivage […] à vous envoyer mes vœux. Merci d’avoir cru, plus qu’il n’y croyait lui-même, dans le vieil armateur. Merci d’avoir été le pilote héroïque et sûr d’une aventure, qui ne pouvait avoir pour terme que les étoiles. Merci à tout votre équipage. Merci à Jacques Dacqmine. Merci à Pierre Brasseur, ce magnifique “vendeur”, pour employer une expression américaine, d’une marchandise qui n’est autre que l’horizon entier. Merci à Edwige FEUILLERE. Que dire d’elle, sinon que dès qu’elle a paru sur la scène, je l’ai reconnue, sinon que c’est elle qui en avant de moi était Ysé, sinon que c’est elle qui mystérieusement a “aspiré” tout le drame, et qui, les yeux fixés sur elle, m’a obligé, pour le douer enfin de son authenticité définitive, à le refaire presque de fond en comble ? »…
ARCHIVES MAURICE NOËL
rédacteur en chef du Figaro Littéraire
Estimé : 700 / 800 €
Lot n°214
Paul CLAUDEL. MANUSCRIT en partie dactylographié et en partie autographe, Victor Hugo. Discours prononcé à la Société des Gens de lettres, 16 mai 1952 ; 4 pages et demie in-4 dactylographiées et 1 page et quart in-4 autographe, sous chemise avec titre autographe.
HOMMAGE A L’OCCASION DU CENT CINQUANTENAIRE DE LA NAISSANCE DE VICTOR HUGO. La première version dactylographiée du texte est datée « 6 mai 1952 » ; puis Claudel a biffé le dernier paragraphe et développé en manuscrit une nouvelle conclusion. Ce discours a paru dans Le Figaro littéraire du 31 mai 1952.
Claudel se souvient du jour où, « jeune émancipé de l’Université », il regardait du haut d’une échelle le cortège funèbre qui conduisait de l’Arc de Triomphe au Panthéon la dépouille de Victor Hugo…
L’âme du poète, « fidèle au témoignage d’une flamme sacrée », est restée à l’Arc de Triomphe, « ouvert aux quatre vents de l’Esprit qui, jadis, le jour des Funérailles, y remuaient l’immense drapeau de la France »…
Il rend hommage au génie, à l’inspiré, à l’exilé…
Puis il reprend la plume pour protester contre la disparition du monument élevé à Hugo sur la place Saint-Honoré d’Eylau : « ce sont les nécessités de la circulation qui, achevant l’œuvre de l’occupation allemande, sont responsables de l’élimination du souvenir parisien, non seulement de la présence du grand poëte, mais de son absence représentée par un humble cercle, tombal, de verdure. Il paraît que le génie gêne le déploiement de la civilisation moderne »…
ARCHIVES MAURICE NOËL
rédacteur en chef du Figaro Littéraire
Estimé : 500 / 700 €
Lot n°215
Paul CLAUDEL. MANUSCRIT autographe, Le Problème de Jésus, [avril 1954] ; 1 page et demie in-4.
CELEBRATION DE PAQUES. Le titre est emprunté au livre de Jean GUITTON, Le Problème de Jésus (Aubier, 1953). « Pâques approche et le Christ une fois de plus va ressusciter, on dirait qu’il n’est mort que pour ça ! Il y a ce jour, une fois par an, dont on dirait qu’il n’est fait que pour nous embarrasser dans la poursuite que nous poursuivons à la poursuite de la vie disons “courante”. Ah pour courante, on peut dire qu’elle l’est, la vie courante ! Je m’épuise à la rattraper. Les cloches sonnent. Christ est ressuscité ! Ce serait vrai que ça ne ferait pas un bruit plus assourdissant »… Il cite Ernest RENAN qui jadis faisait sa joie et sa sécurité, puis explique avec humour que la fête de Pâques nous met tous les ans devant une bifurcation : « A gauche la voie est barrée par un ruban rose. A droite il n’y a pas de feu rouge, mais les malins du compartiment savent qu’il y a un pont à passer et que de mauvais bruits se sont fait jour sur la solidité d’iceluy. Mais tout le monde sait aussi dans l’administration des chemins de fer ce qu’il y a à faire avec les ponts pas solides. C’est un grand savant du nom de Jules Verne qui a posé le principe. Il n’y a qu’à se lancer à toute vitesse et quand nous sommes arrivés de l’autre côté, le pont peut s’écrouler s’il veut ! […] pas plus tard qu’hier, il y a eu un spécialiste qui a eu l’idée d’y regarder de tout près. Ce qui s’appelle de tout près. Son nom est Jean GUITTON »…
ARCHIVES MAURICE NOËL
rédacteur en chef du Figaro Littéraire
Estimé : 700 / 800 €
Lot n°216
Paul CLAUDEL. MANUSCRIT autographe signé, Le Pire n’est pas toujours sûr. Réponse à Armand Salacrou, 30 avril 1954 ; 2 pages in-4.
REPONSE A UN ARTICLE D’ARMAND SALACROU dans Le Figaro littéraire.
« Monsieur Soulacrou » ne semble pas installé dans ses « “certitudes” avec la sécurité dont le défunt André Gide essayait de donner l’impression. Ce que vous appelez votre “paradis déterministe” ressemble beaucoup à un enfer, “l’ancien”, mais oui, celui que je connais bien et où j’ai fait moi-même autrefois une “saison”. Ainsi parle Arthur RIMBAUD et il ajoute “celui dont le Fils de l’Homme a ouvert les portes”, des portes qui, depuis, quoi que vous en pensiez, ne se sont pas refermées. […] Le Huis clos, l’Enfer sur terre, est-ce là vraiment notre destinée inexorable, irrécusable ? Pascal et bien d’autres n’en étaient pas aussi sûrs que vous. Le Huis clos n’est pas si clos que n’y pénètrent les échos de la Neuvième Symphonie »…
Des siècles de discussion n’ont pas permis de nier Dieu et Jésus. Il y a des milliers d’années, Job, posant la question du Mal, conclut en faveur du rédempteur, et ce rédempteur est effectivement venu…
« Vous dites d’une part que le monde est absurde et d’autre part qu’il est soumis à un déterminisme rigoureux, que vous assimilez à celui d’une mécanique. […] Le propre d’une machine est d’être construite étroitement en vue d’une fin déterminée. Quelle est la fin de la machine Armand Salacrou et de la machine Paul Claudel ? Et sans liberté que devient le métier des pauvres auteurs dramatiques ? »…
ARCHIVES MAURICE NOËL
rédacteur en chef du Figaro Littéraire
Estimé : 500 / 600 €
Lot n°217
Paul CLAUDEL. MANUSCRIT autographe, La Passion de Pie XII, 8 décembre 1954, avec envoi autographe à Maurice NOËL ; 3 pages in-fol. (petite marque de rouille).
MEDITATION SUR LE PAPE DE LA GUERRE, très diminué par la maladie. Elle a été publiée dans Le Figaro Littéraire du 18 décembre 1954.
« L’Évangile nous dit que Jésus, arrivé au terme de sa mission, se tourna vers le disciple qu’Il aimait entre tous, et lui demanda (accompagné qu’il était de son frère Jacques) : Le calice où Je vais mettre les lèvres, pouvez-vous le boire ? Et sans perdre un instant ces cœurs généreux répondirent cette réponse qui leur vaut pour à jamais une place à droite et à gauche du Sauveur de l’Humanité : Nous le pouvons ! Possumus »…
Lorsque le calice des papes fut porté aux lèvres de Pacelli, en mars 1939, il répondit de même, au nom de l’Humanité : « Tout de même, ce jour-là, le frêle vieillard, n’aurait-il pas défailli si, cette coupe qui lui était tendue, il en avait mesuré la profondeur et l’amertume ? Ce fut d’abord l’atroce guerre de quatre ans où le monde entier fut entraîné, […] les horizons de tous les côtés épaissis par la noire fumée des holocaustes, Rome même un moment léchée par l’incendie. Puis sur un tiers de l’Humanité, la Russie, la Chine, la moitié du patrimoine européen, l’appesantissement de l’esclavage le plus féroce et de l’abrutissement le plus abjecte, sans qu’aucun rayon d’espoir vienne éclairer ces ténèbres »…
Et après quinze ans d’une vie de pape, le voici malade, sur son lit d’agonie, buvant toujours dans un « affreux hoquet » cette coupe amère…
Au dos, Claudel a demandé à Maurice Noël de vérifier le nombre de papes jusqu’à Pie XII (il avait écrit 235 au lieu de 264), et de compléter le prénom de Pacelli (corrections portées au crayon).
ARCHIVES MAURICE NOËL
rédacteur en chef du Figaro Littéraire
Estimé : 800 / 900 €
Lot n°218
Paul CLAUDEL. DEUX MANUSCRITS autographes signés, La Messe à l’envers, 23 janvier [1955], et Un mot d’explication, [février 1955] ; 2 pages et demie in-fol. et 2 pages in-4.
PROTESTATION CONTRE LA NOUVELLE LITURGIE, publiée dans Le Figaro Littéraire du 29 janvier 1955.
« Je voudrais protester de toutes mes forces contre l’usage qui se répand en France de plus en plus de dire la messe face au public. Le principe même de la religion est que Dieu est premier et que le bien de l’homme n’est qu’une conséquence de la reconnaissance et de l’application dans la vie pratique de ce dogme primordial. La messe est l’hommage par excellence que nous rendons à Dieu dans le sacrifice que le prêtre Lui fait en notre nom sur l’autel de Son Fils. C’est nous derrière le prêtre et ne faisant qu’un avec lui qui allons vers Dieu […] La liturgie nouvelle dépouille le peuple chrétien de sa dignité et de son droit. Ce n’est plus lui qui dit la messe avec le prêtre »…
Le recueillement est plus important que le regard. Dans les rites orientaux, « le miracle de la trassubstantiation s’accomplit hors de la vue des fidèles »… Les fidèles sont troublés par ce changement et le dépouillement de l’autel « qui rappelle douloureusement l’établi calviniste »… Etc.
– Dans l’abondant courrier reçu par Claudel à la suite de cet article, la seule objection sérieuse était que le Pape dit la messe face au public, et pour cette exception il renvoie aux liturgistes de Rome. L’usage de dire la messe face à Dieu est séculier et universel, et brusquement, l’usage est bouleversé, l’autel « dépouillé de ce que ces messieurs de Saint Séverin appellent “les fanfreluches”, c. à d. les flambeaux, le tabernacle, le crucifix ». Pour des modifications aussi graves, « il aurait fallu une indication venant d’en haut, soit du Saint Siège lui-même, soit de NN. SS. les évêques après mûre délibération. En ce cas bien entendu j’aurais été le premier à m’incliner »…
ON JOINT 2 L.A.S. à Maurice NOËL, Paris 8 et 15 février 1955 (3 pages in-8), au sujet des remous causés par cette question.
ARCHIVES MAURICE NOËL
rédacteur en chef du Figaro Littéraire
Estimé : 800 / 1 000 €
Lot n°219
Paul CLAUDEL. MANUSCRIT autographe de 2 POEMES, Éphémérides ; 2 pages in-4.
DEUX COURTS POEMES INEDITS, « Éphémérides » pour le 29 janvier, Saint François de Sales, et pour le 2 février, La Chandeleur. Nous citerons le premier de ces poèmes :
« Il est trois heures du matin.
La Chine, là-bas, que c’est loin !
Mais par l’étroite fissure
Un rayon glissant sur le mur
M’introduit à la Vie dévote.
L’autre s’en va, cette sotte ! »
ON JOINT une liste autographe de poèmes : IVe Station du Chemin de croix, Saint Pierre, Saint Benoît, Sainte Scolastique, etc., que Claudel a répartis entres Visages radieux et Corona Benignitatis Anni Dei (1 p. in-8).
ARCHIVES MAURICE NOËL
rédacteur en chef du Figaro Littéraire
Estimé : 500 / 700 €
Lot n°220
[Paul CLAUDEL]. Jacques THÉVENET (1891-1989). DESSIN à la plume, daté en bas à droite « Janv. 55 », avec légende et dédicace autographe signée ; 9 x 10 cm, montage 18,5 x 18 cm.
PORTRAIT DE CLAUDEL A LA COMEDIE FRANÇAISE en janvier 1955 lors des répétitions de L’Annonce faite à Marie ; il a été légendé et dédicacé par l’artiste à Maurice Noël en novembre 1958.
ARCHIVES MAURICE NOËL
rédacteur en chef du Figaro Littéraire
Estimé : 250 / 300 €
Lot n°221
[Paul CLAUDEL]. Environ 55 lettres ou pièces.
DOSSIER DE DOCUMENTS RELATIFS A PAUL CLAUDEL ET A ROSALIE VETCH (1871-1951), inspiratrice du personnage d’Ysé de Partage de midi ; elle eut de Claudel une fille, Louise Vetch, née le 22 janvier 1905, musicienne sous le pseudonyme de Maria Scibor.
PHOTOGRAPHIES de Rosalie Vetch, dont une avec Paul Claudel dédicacée au dos par sa fille Louise.
MANUSCRIT autographe par Maurice NOËL et Louise VETCH (27 pages in-4) : long questionnaire et enquête détaillée sur les origines de Rosalie Vetch née Scibor de Rylska, sa famille, sa vie, son mariage avec Francis Vetch, ses enfants, sa liaison avec Claudel, la naissance de Louise, son divorce et son remariage avec Jean Lintner, etc.
11 L.A.S. de Louise VETCH à Maurice Noël, 1955-1967, évoquant Claudel, sa mère, son existence difficile…
Lettres de la FAMILLE CLAUDEL : sa femme Reine (3), son fils Pierre (3), ses filles Marie et Renée, son gendre Roger Méquillet, relatives à Paul Claudel, sa mort, son œuvre.
D’autres lettres ou notes relatives à Paul Claudel ou à Rosalie et Louise Vetch, par Gaston Baechtold, André BILLY, H.R. Lafon, Wladimir d’ORMESSON (avec lettre d’injures après son éloge de Claudel à l’Académie Française), Raymond Subes, François VARILLON, N.D. Yantchevsky, etc. Une note autographe de Maurice NOËL racontant la mort de Claudel et la visite de Louise Vetch. Photographies du dossier médical de Camille Claudel et de manuscrits de Claudel. Les numéros du Figaro littéraire du 26 février 1955 sur la mort de Claudel et du 5 mars 1955 (numéro spécial sur Claudel). Plus divers documents…
ARCHIVES MAURICE NOËL
rédacteur en chef du Figaro Littéraire
Estimé : 800 / 1 000 €
Lot n°331
Paul CLAUDEL. L.A.S., Paris 8 décembre 1953, à l’abbé Michel CESA, aumônier national des Enfants de Marie ; 1 page in-8, enveloppe.
« Nous ne faisions tous qu’un seul cœur l’autre jour à Notre-Dame à cette belle cérémonie aux pieds de l’Immaculée. Le 8 décembre est la date de naissance de ma pauvre sœur CAMILLE, une artiste de génie, morte dans des conditions aussi douloureuses, il y a dix ans, que le fut sa triste existence. Priez pour elle ! » Il a composé son petit recueil Écoute, ma fille en pensant à la Vierge, et suggère d’y puiser pour les Enfants de Marie…
[Un note du destinataire explique les circonstances de cette lettre]
ON JOINT 2 cartes postales, dont une signée de Maxime REAL DEL SARTE.
Estimé : 600 / 700 €
Adjugé : 650 €
17 juin 2008, Piasa Paris
Lot n°349
« Paul CLAUDEL. PHOTOGRAPHIE originale avec DEDICACE autographe signée ; 16,5 x 23 cm
Beau portrait en noir et blanc de l’écrivain, vu de profil, joue appuyée contre le poing, réalisé par la photographe Laure ALBIN-GUILLOT qui a signé le cliché dans le coin inférieur droit. Claudel a dédicacé ce portrait au poète et romancier Gaston CRIEL (1913-1990) : « à Gaston Criel / En amical témoignage / P. Claudel ». »
Estimé : 400 / 500 €
14 octobre 2008, Piasa Paris
Lot n°99
Paul CLAUDEL (1868-1955) écrivain.
MANUSCRIT autographe, Allocution à l’Union civique des femmes, 20 janvier 1948 ; 2 pages in-fol. (répar. au scotch au bord inf.).
» Il est toujours intimidant pour un homme de parler devant un auditoire de femmes. La chose l’est spécialement pour votre serviteur, qui a gardé de son enfance passée avec deux sœurs plus âgées et beaucoup plus malignes que lui un profond et salutaire complexe d’infériorité. Dans nos disputes fréquentes je ne me rappelle jamais avoir eu le dessus, et d’ailleurs, s’il m’arrivait de présumer, quelques gifles bien appliquées avaient vite fait de me rappeler au sentiment de l’ordre normal « … Il félicite ses auditrices de défendre, par leur association, la place qui revient naturellement à la femme, que ce soit dans le ménage ou dans le » grand ménage qu’on appelle la France » : » il faut qu’elle se montre fidèle à la vocation que la Providence lui a départie, qui est de transformer une foule de propositions compliquées en idées simples, je veux dire pratiques « …
ON JOINT une enveloppe autogr. d’envoi à Maurice Noël, au Figaro.
Estimé : 400 / 500 €
Adjugé : 1 115 €
20 novembre 2008, Piasa Paris
Lot n°443
Paul CLAUDEL (1868-1955). L.A.S., Amoy 19 avril 1902, à un ministre ; 12 pages in-8,
En tête Consulat de France à Foutcheou.
INTERESSANTE ET LONGUE LETTRE SUR LA CHINE. De retour de son voyage de Hong Kong, le consul résume son entretien avec M. MARTY pour ouvrir aux bateaux français l’accès commercial des ports du Sud. « La ligne qu’il voudrait créer embrasserait la totalité des ports de la côte chinoise de Haiphong à Port-Arthur. A cet effet il demande une subvention de 22 francs par tonne et par lieue marine, ce qui ferait un total d’environ 2 millions de francs par an. […] (Je crois qu’en réalité notre compatriote se contenterait d’une subvention de 18 ou 20 francs). Il est certain qu’il serait très préférable de donner une forte subvention à une compagnie sérieux plutôt que de gaspiller de l’argent entre une multitude de petites lignes besogneuses qui ne feront que manger des fonds sans profit et sans honneur pour personne »… Vu la disette générale dans les provinces du Sud, et la réduction des stocks dans le Kiang-si après les inondations, Claudel recommande que le gouvernement général de l’IndoChine prenne « cette année une mesure générale exemptant de la moitié des droits de sortie les riz transportés à destination de ports chinois par les bateaux appartenant à ou affrétés par la Maison Marty. – Je ne dis pas des bateaux portant pavillon français. […] Je ne dis pas non plus “des bateaux affrétés par une maison française” en général. La maison Marty est, en effet, la seule sérieuse à faire des affaires de navigation, et, si une mesure du genre de celle que je préconise était prise, il ne manquerait pas de Français peu scrupuleux qui serviraient de prête-noms à des Chinois »… Puis il donne des nouvelles de l’intérieur de la province : « à la suite des troubles de Formose, un certain nombre d’agitateurs chinois s’étaient réfugiés à Amoy et à Tchang tcheou. Un de ceux-ci sur les instances des Japonais, le nommé Kung t’a tchung, a été récemment arrêté et envoyé à Formose. Les nouveaux impôts établis dans le pays pour le paiement de l’indemnité de guerre ont jeté partout un grand mécontentement, et la famille et les amis du prisonnier en ont profité pour soulever une rébellion qui a des apparences assez sérieuses. On assure que près de 75 villages se sont révoltés et que les rebelles sont au nombre d’une vingtaine de mille »… Claudel termine en se plaignant qu’on ne veuille pas rembourser ses frais de déplacement : « Les affaires dont j’ai pris l’initiative ont rapporté à la France plusieurs centaines de milliers de dollars et l’on ne me rembourse même pas les quelques francs que coûtera un voyage dont les bénéfices peuvent être très sérieux pour les intérêts de nos nationaux. Ce n’est certes pas un plaisir que de quitter mon consulat pour voyager par des temps affreux sur les infects petits bateaux de la côte, et ce n’est certes pas Hongkong que je choisirais pour y faire des voyages d’agrément ! »…
Estimé : 1200 à 1500 €
24 novembre 2008, ARTCURIAL, vente 1489, Hôtel Marcel Dassault
Lot n°333
Paul Claudel Sainte Geneviève
Tokyo, Chinchiocha, 1923. étroit in-4, 38 p. reliées à la japonaise entre deux plats de bois de « pawlonia kiri « , pièce de titre contrecollée, sous portefeuille éditeur de toile bleue avec fermoirs en os et bandeau d’annonce. 14 bois d’Audrey Parr, une grande estampe en couleurs au verso par Keisen Tomita. E.O., avec le rare bandeau tricolore. ENVOI a.s. de Claudel à l’un de ses collaborateurs à Tokyo. Indication de tirage à 1000 ex. (mais en réalité 312 auraient seulement été imprimés), celui-ci n°127. Claudel décrit ainsi son ouvrage : « En 1923, j’ai fait éditer à Tokyo mon poème de Sainte Geneviève. Le papier est fait avec de l’écorce de cotonnier, la couverture est de bois incorruptible de Kiri. 1923 est l’année du sanglier, ce qui explique la justification du tirage (un bois gravé représentant un sanglier). Le papier est filigrané au monogramme de la sainte. Les figures ont été dessinées par Mme Audrey Parr avec une justesse, un sentiment, une vivacité du trait que mes amis japonais ont beaucoup admirés. Au verso se trouvent un dessin du peintre Tomita-Keisen et un poème de moi sur la muraille intérieure de Tokyo… »
Petites déchirures sur le fragile bandeau sinon bel exemplaire.
Estimation 300-400 €
Invendu
Vente du Lundi 23 mars 2009
Lettres et Manuscrits Autographes, Documents Historiques
Piasa – Paris
Paul Claudel (1868-1955). 3 L.A.S. » P. Cl. « , mai-novembre 1951, à Madeleine Renaud ; 4 pages in-8 (trous de classeur).Bel ensemble à l’interprète du rôle de Marthe, dans la seconde version de L’Échange. Paris 5 mai. » Vous avez vu la mort de près, me dit ma femme ! C’est un vrai miracle que vous n’ayez pas été assommée, et nous tremblons rétrospectivement ! J’espère que vous ne vous ressentez plus de ce terrible choc ? « … Brangues 3 août. » JLB [Jean-Louis Barrault] m’a répété de vous une chose qui m’a fait grand plaisir. « Ce Claudel, on dirait qu’il a fait ce rôle de Marthe exprès pour moi. » Rien de plus vrai. J’ai pensé à vous tout le temps. Tous les développements que j’ai donnés à ce personnage, c’est vous qui me les avez dictés « … Paris 19 novembre. » Le rôle a été fait pour vous sur mesure. Il n’y a plus de comparaison avec celui de la pauvre Ludmilla [Pitoëff, créatrice du rôle de Marthe dans la première version]. Maintenant il a toutes ses dimensions. Sauf une que vous voulez visiblement lui enlever… Il s’agit de la scène organique de l’acte II (7, 11). Marthe n’a jamais pris son amant au sérieux, ce qui ne l’empêche pas de l’aimer, au contraire. Elle a compris que dès le premier moment il n’a jamais eu qu’une idée qui est de f. le camp. Mais elle sait aussi qu’elle est la seule chance de salut de cet insecte mâle. L’opération de l’insecte mâle lui perce le cœur, mais elle en apprécie en même temps le profond et enfantin ridicule. Elle l’envisage avec une espèce d’indulgence maternelle. […] Je crois donc que la scène, telle que je l’ai inscrite au verso d’une feuille, d’inspiration, est bonne. Ce serait une erreur d’y rien changer « . Et il explique le jeu de scène…
Vente du 25 Juin 2009, Paris
Lot Description
CLAUDEL, Paul (1868-1955). Correspondance entre Paul Claudel et l’abbé Jacques Douillet (1893-1974) comprenant 9 lettres autographes signées de Paul Claudel (dont 7 avec enveloppe) et 3 de l’abbé Douillet (minutes). Mai 1919 à août 1922.12 lettres de divers formats, in-12 (210 x 133 mm) et in-4 ( 265 x 205 mm), de plusieurs pages chacune. Les lettres de Claudel sont écrites sur divers papiers à en-tête suivant ses affectations et ses voyages: légation de la République française au Danemark, Messageries maritimes et ambassade de France au Japon puis de Grenoble et Paris. (Rousseurs, la première lettre très jaunie, fragilité aux pliures, petites déchirures. Lettre du 24 septembre 1919 entièrement coupée aux pliures.) Provenance: abbé Jacques Douillet – M. Noël Douillet.BELLE ET RICHE CORRESPONDANCE ENTRE PAUL CLAUDEL ET L’ABBÉ JACQUES DOUILLET DANS LAQUELLE L’ÉCRIVAIN ÉVOQUE À PLUSIEURS REPRISES SES OEUVRES DONT L’OTAGE QUI A SEMÉ LE TROUBLE CHEZ LE JEUNE SÉMINARISTE.Jacques Douillet s’adresse pour la première fois à Paul Claudel, de Grenoble, le 10 mai 1919 (4 pages in-8): « Permettez moi de me présenter: Jacques Douillet, actuellement lieutenant d’Artillerie, plus tard si Dieu le permet prêtre de son Eglise. En partant en campagne j’avais emporté trois livres dont « L’Otage » que j’avais lu déjà, et qui me semblait le plus beau des drames. Je l’ai relu dix fois depuis, et médité. Je crois en avoir éprouvé chaque fois plus vivement la beauté, mais chaque fois s’est accru le trouble qu’avait produit en moi à la première lecture, le conflit des idées que vous y heurtez et dont je n’ai pu encore entrevoir l’accord […] ». Puis il s’interroge sur le sacrifice de Sygne, « mais alors comment expliquer cette fin douloureuse que je ne puis relire sans angoisse […] ».Le 24 septembre suivant, en poste à Copenhague depuis le 5 août, Claudel le rassure sur ses inquiètudes dans une lettre (4 pages in-8) « Vous n’êtes pas le seul que la lecture de ‘L’Otage’ ait troublé, intrigué, pour ne pas dire scandalisé. Dernièrement, j’ai été attaqué avec une violence inouïe par un jésuite de Montréal qui m’a accusé d’avoir fait une attaque dangereuse et perfide contre la foi catholique !! […] Je n’ai pas voulu représenter une sainte mais la victoire de la Grâce sur l’orgueil, précise-t-il. J’ai été entraîné non pas par une idée préconçue mais par une certaine logique artistique […] ».Du séminaire d’Issy-les-Moulineaux, le 28 octobre suivant, Jacques Douillet le remercie vivement pour sa réponse mais s’interroge toujours. « […] J’ai lu et fait lire vos oeuvres […]. Chez tous l’admiration est entravée par l’obscurité de certains passages ou thèmes […] dans Connaiss[ance] de l’Est plus d’une dizaine de morceaux échappent à ma pensée […]. »Le 1er novembre Claudel l’éclaircit sur ce point. « Peut-être ‘Le Pain dur’ vous paraîtrait-il plus clair si je lui avais laissé l’un des titres que j’avais choisis d’abord ‘Les Possédés’ ou ‘L’Etrangère’ […] J’ai voulu montrer une société dont Dieu s’est retiré […]. Il y a du vrai dans ce que vous me reprochez sur l’impression de trouble, d’inquiétude que laissent mes livres […]. »Les deux hommes semblent avoir interrompu leur correspondance en 1920. C’est l’abbé Douillet qui, le 11 juin 1921, reprend contact avec l’écrivain répondant ainsi au souhait de ce dernier.Nommé ambassadeur au Japon, Paul Claudel s’embarque en septembre 1921. Le 16 novembre, « en mer devant les côtes du Japon », il livre au jeune sous-diacre ses préoccupations, la maladie de son petit garçon et s’étend longuemement sur l’apparente obscurité de son oeuvre. « […] Je traverse un moment de dégoût et de tristesse, et je me pose de nouveau cette question que je m’adressais bien souvent: à quoi bon ? Pourquoi écrire ? Pourquoi tous ces livres qui sont utiles à si peu de gens et dont la fabrication m’a arrêté sur la voie de la perfection ? […] »Du Japon, le 10 mai 1922, Claudel lui adresse une très longue lettre (4 pages in-quarto) qui « apporte un éclairage extrêmement précieux sur plusieurs aspects de l’oeuvre de Claudel et notamment sur la conception ‘poëtique’ de l’auteur » (Pierre Rézeau, Paul Claudel. Supplément aux oeuvres complètes). Il y précise en post-scritpum « comme cette lettre contient pas mal de choses assez importantes pour moi, je vous serais bien reconnaissant […] de m’en envoyer une copie ». »Je pourrais dire d’abord qu’une bonne partie de mes oeuvres est parfaitement claire. Il me semble que L’Otage même, Le Pain dur, la Corona, Protée, Connaissance de l’Est sont accessibles à tous. Mais j’aime mieux être franc et j’avoue que même mes ouvrages les plus clairs doivent laisser dans l’esprit du lecteur une sourde inquiétude, le sentiment qu’il n’a pas épuisé le livre, que l’auteur ne s’est pas laissé parfaitement posséder [..] Il y a tout d’abord les raisons purement extérieures, superficielles, verbales. Je passe sur la forme du vers qui ne peut choquer que les pions. Il y a, en outre, les sautes brusques d’idées, les changements soudains d’atmosphère, provoqués par des images juxtaposées, sublimes et triviales. Mais pour moi tout est bon qui sert à m’exprimer […] ».Le 24 janvier 1923, Claudel avoue être « profondément dégouté de la littérature ». Vous savez sans doute qu’il y a une vingtaine d’années j’ai voulu entrer au monastère de Ligugé. J’ai une espèce d’espoir et de prémonition que le Bon Dieu ne me laissera pas crever comme un bourgeois dans le bien-être et la paresse […]. » Le 5 mai et le 10 mai 1925, l’écrivain en séjour à Grenoble puis de retour à Paris regrette de n’avoir pu rencontrer l’abbé Douillet.La dernière lettre de Claudel est envoyée de Paris le 19 août 1927, » […] Quand je me regarde moi-même et que je vois la proportion d’efforts honteusement minimes que j’ai faite et ce que je dois aux affectations de toute nature qui m’ont entouré, je suis pénétré de confusion ».La correspondance entre l’écrivain et le jeune prêtre a duré huit ans. Dans son Journal Claudel ne mentionne nulle part l’abbé Douillet bien qu’il reconnaisse ici avoir trouvé en lui « l’aide sacerdotale » qui lui manquait depuis la mort de l’abbé Fontaine. Les lettres ici présentées ne témoignent que d’une partie de cette correspondance. Certaines lettres ont en effet disparu et quelques une sont conservées à la Bibliothèque nationale de France.TRÈS INTÉRESSANT ENSEMBLE DÉVOILANT LA PERSONNALITÉ ET L’OEUVRE DE CLAUDEL. Paul Claudel. Supplément aux oeuvres complètes par Maryse Bazaud sous la direction de Michel Malicet. Collection du centre Jacques Petit de l’université de Besançon.
Les autographes, Thierry Bodin
Catalogue N°129 septembre 2009
Paul CLAUDEL (1868-1955) écrivain :
MANUSCRIT autographe, Le Problème de Jésus, [avril 1954] ; 1 page et demie in-4.
Sur la célébration de PÂQUES, à propos du livre de Jean GUITTON, Le Problème de Jésus (Aubier, 1953). « Pâques approche et le Christ une fois de plus va ressusciter, on dirait qu’il n’est mort que pour ça ! Il y a ce jour, une fois par an, dont on dirait qu’il n’est fait que pour nous embarrasser dans la poursuite que nous poursuivons à la poursuite de la vie disons « courante ». Ah pour courante, on peut dire qu’elle l’est, la vie courante ! Je m’épuise à la rattraper. Les cloches sonnent. Christ est ressuscité ! Ce serait vrai que ça ne ferait pas un bruit plus assourdissant »… Il cite Ernest RENAN qui jadis faisait sa joie et sa sécurité, puis explique avec humour que la fête de Pâques nous met tous les ans devant une bifurcation : « À gauche la voie est barrée par un ruban rose. À droite il n’y a pas de feu rouge, mais les malins du compartiment savent qu’il y a un pont à passer et que de mauvais bruits se sont fait jour sur la solidité d’iceluy. Mais tout le monde sait aussi dans l’administration des chemins de fer ce qu’il y a à faire avec les ponts pas solides. C’est un grand savant du nom de Jules VERNE qui a posé le principe. Il n’y a qu’à se lancer à toute vitesse et quand nous sommes arrivés de l’autre côté, le pont peut s’écrouler s’il veut ! […] pas plus tard qu’hier, il y a eu un spécialiste qui a eu l’idée d’y regarder de tout près. Ce qui s’appelle de tout près. Son nom est Jean GUITTON »…
1 300,00 Euros
Piasa Paris
Vente du 14 décembre 2009
Paul CLAUDEL.L.A.S., Château de Brangues 3 juillet 1948, à la princesse Marthe BIBESCO ; 2 pages in-8, enveloppe.SUR LA ROUMANIE ET LE COMMUNISME. « Les nouvelles que m’apporte votre lettre me bouleversent ! Quelle épouvantable catastrophe, hélas depuis longtemps inévitable et imminente ! Tout un pays, son propre pays, englouti dans un enfer de bestialité, et avec lui tout ce que nous aimons, ceux que nous aimons ! Si vous n’étiez pas chrétienne je n’essaierais pas de vous consoler. Mais soyez sûre que tout cela aura une fin et que cette fin est déjà en marche. Déjà le gorille de Moscou s’incline assez sur l’abîme pour y voir son émule et prédécesseur Hitler qui l’attend. J’espère vivre assez pour voir l’écroulement à son tour de ce monstre »…
Paul CLAUDEL.L.A.S. et P.A.S., Château de Brangues 3 juillet 1944 et s.d., à Roger ALLARD ; 2 pages et quart in-8.Claudel ne sait si Allard a compris son désir au sujet de la typographie de Saint François. « Je tiens essentiellement à ce que chacun des vers ou “versets” (comme on les appelle – à tort) n’ait pas l’air de flotter dans le vide entre deux blancs. Je veux qu’il n’y ait de vide bien accentué qu’entre les paragraphes et que tout le reste forme bloc »… – Instructions pour la composition : « Ajouter la dédicace sur la page suivant celle du titre. […] Je tiens beaucoup à ce que les vers se suivent sans cet intervalle de blanc qui n’a aucun sens. 5. La prière de la fin : Saint François etc. doit être imprimée en rouge »…
Paul CLAUDEL. 4 L.A.S., Brangues 1943-1945, à Gaston ou Claude GALLIMARD ; 3 pages in-8 à en-tête Château de Brangues, et 1 page obl. in-8 avec adresse.RELATIVES A SON SAINT FRANÇOIS. 16 août 1943 : « Voici les trois poèmes sur S. François dont je vous ai parlé et pour lesquelles SERT m’a promis un frontispice. Indiquez moi comment vous concevez une édition de luxe »… 22 avril 1944 : « J.M. Sert m’a dit que ses dessins pour le François étaient presque prêts. Voudriez-vous le relancer ? »… 20 juillet : « Je vois que la situation typographique n’empêche pas l’impression de ce Saint François. Alors n’y aurait-il vraiment pas moyen d’achever celle des Chansons Japonaises ? J’y tiendrais beaucoup »… 20 mai 1945 : « Sert m’écrit qu’il part le mois prochain…En laissant le S. François en plan bien entendu ! »…
Paul CLAUDEL (1868-1955). 4 L.A.S., 1941-1943, [à Loïs MASSON] ; 10 pages la plupart in-8 à en-tête Château de Brangues.TRES BELLE CORRESPONDANCE AU JEUNE POETE.19 décembre 1941.Il critique les expressions exagérées de Masson, qui aurait dû comprendre par son silence qu’il ne s’intéressait pas à Poésie et à son groupe ; il a toujours haï les groupes. « Cependant puisque nous y sommes je vais tâcher de vous faire comprendre mes griefs contre la conception que vous et vos amis vous faites de la poésie.Elle est remarquablement uniforme, à tel point que si on ne regarde pas les noms d’auteurs, on dirait que toutes ces plaquettes sortent de la même plume ». Suit une énumération des torts ou faiblesses de ces poètes : exagérations « absurdes », « petites impressions alignées bout à bout » dans un langage « prétentieux », sans souci de composition, sensations incohérentes voire incompatibles, absence de rythme, élan, équilibre sonore. « On dirait que vous n’avez pas d’oreille […] Enfin on dirait que vous n’avez rien lu, rien médité, rien étudié »… 29 décembre 1941.Il se défend d’avoir manifesté de l’animosité ou du mépris à leur égard : « Je crois vous avoir montré plus d’intérêt en vous expliquant en détail ce que je n’aime pas dans vos essais que par des phrases banales de bienveillance simulée. Tout cela d’ailleurs est resté sur le plan littéraire. Autrement je ne doute pas que vous ne soyez tous de braves garçons »… 30 avril 1943. « Vous avez beaucoup des dons d’un vrai poète, en qui je suis heureux de saluer en même temps un chrétien »… 11 mai 1943. Tout en regrettant sa lettre si dure d’autrefois, il hasarde encore quelques remarques : « Vous ne nourrissez pas assez de sympathie avec les mots français et vous les employez d’une manière forcée et violente qui m’est douloureuse. Jamais je ne pourrai considérer les doigts comme des hallebardes. Les yeux des corbeaux sont tout ce qu’on voudra mais ils ne sont sûrement pas bénisseurs »…Il lui reproche aussi certaines rimes. « Toute la beauté du français consiste dans l’équilibre exquis des féminines et des masculines, Bossuet à ce point de vue est incomparable. […] Et puis vous manquez de réflexion et de densité »…
Vente Piasa
Vente du Mardi 4 mai 2010
Livres, Lettres et Manuscrits Autographes – Première Vacation
Livres, B.D., Autographes
Toutes les ventes de Piasa
Piasa – Paris
Paul CLAUDEL. MANUSCRIT autographe signé, Brangues 4 septembre 1954 ; 1 page in-4.PRESENTATION DU PERE HUMILIE. « Si tu t’ignores, ô la plus belle des femmes…, ces paroles du Cantique des cantiques, qui dépeignent les sentiments d’une âme à tâtons éprise d’une présence invisible, forment le thème de mon drame, le Père Humilié. Nous sommes à Rome au moment où le Pape va être dépouillé par les Piémontais de son domaine temporel et où la guerre éclate entre la France et la Prusse. Rome, j’y occupais moi-même un poste diplomatique en 1916 et je venais de faire connaissance avec l’Italie. C’était l’année de Verdun, celle que l’Allemagne et la France avaient choisie, suprême pour s’interroger jusqu’à la mort sur leur destinée réciproque »… Il rappelle que le personnage central de sa pièce, Pensée de Coûfontaine, est la fille de L.-N. Turelure de Coûfontaine, de L’Otage, et de la Juive Sichel. « Cest sur cette figure harmonieuse et voilée que se termine l’ensemble dramatique qui a fait l’occupation de mes années de maturité »…
Paul CLAUDEL.2 L.A.S., 11 boulevard Lannes XVIe 17 et 23 janvier 1947, à A. LECLAIR, agent général de la Société des Auteurs et Compositeurs dramatiques ; 1 page in-8 chaque.« Pour Christophe Colomb vous pouvez m’envoyer les 2 bulletins en question. Je ne sais si je vous ai dit que la Radiodiffusion Nationale va donner des auditions intégrales de ce même Christophe Colomb avec musique de M. André JOLIVET »… – Il renvoie, complétés, trois bulletins ; il est d’accord pour les droits demandés à Mlle Hamelin. « En ce qui concerne les bulletins verts avec M. Jollivet, pour Chr. Colomb, puis-je préciser qu’il s’agit uniquement d’exécutions radiophoniques – cela pour ne pas préjudicier aux droits de M. MILHAUD – ou d’autres musiciens éventuels. La partition de M. Jollivet étant assez importante, il me semble que je pourrais lui donner 35 ou 40 p. 100 – qu’en pensez-vous ? »… ON JOINT une lettre de l’Agence générale de Librairie et de Publications, 25 septembre 1924, avec réponses de Claudel en marge.
Paul CLAUDEL.L.A.S., Château de Brangues 25-26 août 1946, à un ami ; 1 page et demie in-8.A PROPOS D’UN COMITE POUR LE CENTENAIRE DE LA NAISSANCE DE LEON BLOY. « Je suis désolé de ne pas vous donner satisfaction, mais le fait certain est que je n’ai jamais aimé Léon BLOY, que je l’aime de moins en moins et que je ne me sens pas du tout qualifié pour faire partie du Comité dont vous parlez. Chacun a son rayon ! »… Il remercie son ami de toutes ses nouvelles personnelles : « Je sais combien vous avez été cruellement éprouvé et avec quel courage, comme un autre Moïse, vous avez conduit votre petit peuple à travers le feu et l’eau ! Je regrette que mes livres ne vous aient pas été envoyés malgré mes indications. D’ailleurs rien de réellement important et de complètement nouveau n’a paru depuis la guerre »… Le lendemain, il ajoute : « La nuit porte conseil. Elle n’a pas augmenté mon admiration pour LB, mais je ne veux pas que mon abstention ait l’air d’une manifestation de ma part contre ce pauvre homme. Vous pouvez donc m’inscrire dans ce Comité »…
Paul CLAUDEL.L.A.S., Château de Brangues 10 janvier 1945, à Max Paul Vous pouvez donc m’inscrire dans ce Comité »…FAVALELLI, aux soins d’Arthème Fayard ; 2 pages in-8.Claudel confie aujourd’hui à sa fille, Mme Jacques Nantet, la copie dactylographiée de son essai sur le Livre de Job : « Ce texte représente 32 grandes pages de mon écriture. Je vous serais donc obligé, suivant nos conventions, de verser entre les mains de ma fille, au moment où vous prendrez livraison du MS une somme de 30.000 francs », pour la publication du texte dans un numéro des Œuvres libres, « qui ne devra pas dépasser votre tirage habituel ; […] je conserverai le droit de publier le morceau dans un recueil général, ainsi que le droit de traduction, etc. »…
Paul CLAUDEL.L.A.S., 4 avenue Hoche 26 décembre 1938, à M. DEVAUX ; 1 page et demie in-8.Il a reçu « pas mal de remerciements aimables, entre autres du Prince de Monaco et de la Comtesse Murat, que j’aurais été heureux de vous communiquer. Mais je les ai détruits ! »… Il aimerait encore quelques exemplaires. « Le Figaro n’a pu publier, c’était trop long, et les extraits difficiles. Quant aux revues leurs règlements leur interdisent de rien publier que d’absolument inédit »…
Paul CLAUDEL.L.A.S., Bruxelles 12 juillet 1934, à un Président [Louis BARTHOU ?] ; 1 page in-8, en-tête Ambassade de France en Belgique.« Je me permets de vous envoyer sous ce pli un exemplaire de la première édition de Partage de Midi. Je serai fier qu’il trouve place sur les rayons de votre bibliothèque. Je vous envoie aussi un exemplaire retrouvé de l’édition japonaise de ma Sainte Geneviève qui pourra vous intéresser »…
Paul CLAUDEL.L.A.S. « P. Cl. », 29 janvier 1934, à Eve FRANCIS ; 2 pages obl.In-12.« J’ai reçu en effet une quantité de demandes pour aller à Liège assister à la représentation de L’Otage, mais j’ai dû les décliner. Je ne puis ainsi accompagner personnellement chaque représentation de mes œuvres ! Quant à promettre avec la ferme intention de ne pas tenir, c’est impossible et je m’attirais ainsi de justes mécontentements et de longues rancunes ». Il n’a plus de photographies de lui : « Elles sont toutes épuisées en ce moment et je n’ai pas encore trouvé le temps d’en faire faire »…
Paul CLAUDEL.L.A.S., Tokyo 4 février 1927, à Gabriel FRIZEAU ; 2 pages petit in-8, en-tête Ambassade de France au Japon.Il a dû recevoir sa petite contribution annuelle pour l’impression et les messes. « Pour le texte que vous me demandez il me semble que vous pourriez en trouver de très beaux dans le livre de J. RIVIERE A la trace de Dieu. Vous avez raison d’aimer cette Correspondance avec ALAIN FOURNIER. Quelles belles âmes que ces jeunes gens et comme après tout il n’y a qu’en France. J’aime à penser qu’au ciel ils n’ont pas perdu tout intérêt pour moi. Je vous demande une prière pour ma chère belle-sœur Élisabeth Sainte Marie Perrin, la fille de René BAZIN, qui a écrit un livre sur moi et que j’aimais beaucoup »… Il ajoute que sa femme a subi une grave opération et qu’il part pour Washington…
Paul CLAUDEL.L.A.S., Tokyo 20 juillet 1922, à Alfred VALLETTE ; 3 pages in-8.REMONTRANCES A SON EDITEUR. Dernièrement un exemplaire de Connaissance de l’Est, sans indication du numéro de l’édition sur la couverture, lui est tombé sous la main : « j’ai été horrifié de l’état vraiment honteux sous lequel se présentait le volume. On n’avait même pas pris la peine d’ajuster le brochage et le dos mangeait sur le plat du volume. Mais ce qui dépasse toute expression est l’état de la typographie. Il y a des mots entiers, presque des lignes, qui ont disparu et ne sont plus représentés que par de vagues maculatures. […] Non seulement cet état de choses porte atteinte à l’honneur professionnel de la maison qui a édité l’ouvrage, mais il me semble qu’il porte préjudice à vos intérêts autant qu’aux miens et même qu’il est contraire à la stricte honnêteté. Comment le lecteur peut-il avoir envie d’acheter un volume qu’on lui lâche sous cette forme dégoûtante ? […] vous pourriez laisser reposer votre vieux cliché et procéder à une nouvelle édition, je ne dis pas élégante, mais lisible. […] Il faut tout de même se réigner à cette idée qu’un cliché n’est pas éternel »…
Paul CLAUDEL.L.A.S. avec POEME autographe, Pierrot parle, Paris 22 mai 1921, à Hélène BERTHELOT ; 1 page et quart in-fol. (lég. mouill. et petites fentes aux plis).« La pièce de votre amie Karen [Bramson] m’a paru bien triste. J’ai essayé de réconforter vos spectateurs par quelques considérations consolantes ! La pièce est intitulée Pierrot parle, mais rien n’empêche qu’elle soit dit par Francis »…Ce monologue INEDIT, destiné à la comédienne Ève FRANCIS, compte 34 vers :
« Tant de luxe, tant de feuilles !
Allons dîner à Auteuil.
Pierrot que le jour chagrine
Vous invite avec Colombine.
Les Muses offrent l’agape,
La musique a mis la nappe,
Pour que nous dansions dessus,
Après que nous aurons tout bu !
Paul CLAUDEL.L.A.S., Francfort-s/-Mein 29 juillet 1913, à S.E. M. DUMAINE, ambassadeur de France en Autriche ; 3 pages in-8, en-tête Consulat général de France à Francfort-s/-Mein, enveloppe.Il l’entretient longuement des gages d’un employé du Consulat, jadis : probablement 40 couronnes plutôt que 80, pour 4 heures de « service peu pénible »… « Je vous suis très reconnaissant du souvenir aimable que vous avez bien voulu garder de moi. Je me rappelle moi-même avec le plus grand plaisir l’entretien que j’eus autrefois avec vous à mon retour de Chine : vous étiez le seul fonctionnaire du Ministère qu’il m’ait été possible d’aborder ! »…
Paul CLAUDEL.L.A.S., Francfort-s/-Mein 28 décembre 1911 ; 2 pages in-8, en-tête Consulat général de France à Francfort-s/-Mein.« Je ne vois aucun inconvénient à la lecture dialoguée que vous voulez bien faire de l’Otage et vous exprime tous mes remerciements pour cette initiative flatteuse, ainsi que pour l’article du Thyrse ». Son livre étant épuisé, il ne peut envoyer un exemplaire. « Je suis également hors d’état de répondre aux questions que vous me posez sur votre grand poète national. À ma très vive confusion je dois avouer que la connaissance que j’ai de MAETERLINCK se réduit à ses trois premiers ouvrages, lus autrefois dans ma jeunesse et qui m’avaient beaucoup plu, surtout les Serres chaudes. Un voyageur comme moi a bien des choses à se faire pardonner »…
Paul CLAUDEL.L.A.S., Tientsin 24 décembre 1906, [à Mme FONTAINE] ; 3 pages et quart in-12, en-tête Consulat de France à Tientsin (petite fente).Cette lettre porte « le souvenir d’un exilé et tous mes vœux pour vous et les vôtres pour l’année qui s’ouvre. J’ai gardé un bien agréable sentiment des moments trop rares que j’ai passés chez vous cet hiver. On a parfois de petits moments de nostalgie, mais enfin il n’y a jamais moyen d’être bien triste avec ce grand soleil net. On dirait qu’il y a ici un soleil de froid, un éclatant foyer de froid et de lumière, comme il y en a un autre de feu et de chaleur. C’est merveilleux pour l’esprit, ce soleil frappé »… Il s’enquiert de Francis JAMMES, dont il n’a pas eu de nouvelles depuis longtemps… « Je viens de recevoir mon dernier livre [Partage de midi], et le mois de janvier va m’apporter mon premier enfant ! C’est une grosse émotion pour moi »…
Paul CLAUDEL (1868-1955).L.A.S., Foutcheou 26 février 1899, [à Alfred VALLETTE, directeur du Mercure de France] ; 2 pages obl.In-8, en-tête Consulat de France (lég. tache).Il lui envoie « trois petits essais : Proposition sur la lumière – Bouddha – Le Sédentaire que vous pourrez, si vous le jugez à propos, insérer dans le Mercure. En ce cas vous seriez bien aimable de les faire imprimer en gros caractères, et pour les titres d’employer un type corsé et fort noir. Je désire bien vivement l’omission de tout en-tête ou cul-de-lampe. Mon manuscrit a été revu de très près, et certaines particularités de ponctuation que vous remarquerez sont voulues. L’imprimeur serait bien aimable de ne faire aucune correction. Aucun titre général, mais seulement les trois que je vous ai indiqués »… Il le prie d’envoyer un exemplaire à M. Christian de Larapidie à Paris, et à M Claudel à Villeneuve-sur-Fère. Claudel à Villeneuve-sur-Fère…
Les Autographes, Thierry Bodin
45 rue de l’abbé Grégoire, 75006 paris
Catalogue été 2010
Paul CLAUDEL (1868-1955) écrivain :
POÈME autographe signé, L’Itinéraire de Paris à Lyon, « En auto septembre 1927 » ; 3 pages petit in-4.
AMUSANTE PIÈCE de 39 vers, scindée en dix étapes : Melun, Fontainebleau, Orléans, Blois, Tours, Bourges, Moulins, La Palisse, Roanne, Lyon. Le manuscrit, envoyé à Maurice Noël pour le Figaro littéraire (2 copies dactylographiées jointes), ne semble pas y avoir été publié ; la publication dans l’Œuvre poétique de la Bibliothèque de la Pléiade porte la date du 9 juin 1935, et un distique supplémentaire d’Envoi.£« Melun.
Le chauffeur à toute vitesse
Féroce lubrique à jeun
Quatre vingts chevaux sous les fesses
Se paye tranche de Melun »…££
1 500,00 Euros
Les Autographes,Thierry Bodin
45 rue de l’abbé Grégoire, 75006 paris
Catalogue septembre 2010 N° 131
Paul CLAUDEL (1868-1955) écrivain :
MANUSCRIT autographe de quatre poèmes, [vers 1912] ; 3 pages et demie grand in-4.
MANUSCRIT DE TRAVAIL DE SA TRADUCTION de 4 poèmes de Coventry PATMORE (1823-1896), pour l’édition des Poèmes du poète anglais parue aux Éditions de la Nouvelle Revue Française en 1912, dans une traduction de Claudel, précédée d’une étude de Valery Larbaud. Le manuscrit présente des ratures et des corrections, et comprend les poèmes suivants : Les Joujoux, poème en prose (1 page) : « Mon petit garçon dont les yeux ont un regard pensif »… ; Vesica piscis, poème en prose (demi-page) : « En vaillante espérance je travaillais »… ; Arbor vitae, en 27 versets (1 page et quart) : « Tout enguirlandé de chèvrefeuille surodorant »… ; Legem tuam dilexi, en 17 versets (3/4 page), biffé : « L’ »Infini » ! Mot horrible ! en discorde / Avec la vie et les braves allures / Du pouvoir et de la joie et de l’amour »…
1 700,00 Euros
ALDE
[Samedi 2 octobre 2010]
CLAUDEL (Paul). Feuilles de saints / Positions et propositions / le Soulier de satin, Première journée. Libr. Gallimard, 1925/34 et Plon. Nourrit, 1925. 4 vol. in-12 brochés. 2 premiers vol non coupés, Ex. num. s/vélin Lafuma, le dernier vol correspond au 1er numéro de Chroniques avec textes inédits de J. COCTEAU, Max JACOB, RAMUZ, REVERDY et div. Éditions originales
CLAUDEL (Paul). Le Soulier de satin. Gallimard, Paris, 1944. In-12 relié demi-toile bleue. Ouvrage comportant 4 ENVOIS différents dont 2 de Jean Louis Barrault (avec 2 encres de couleurs différentes) et 2 non signés, l’un d’après un texte de Jaurès. Mention de 52ème édition (J.-L. Barrault a monté cette pièce à la Comédie française en 1944). Joint de J.-L. BARRAULT : Souvenirs pour demain. In-8 br. Seuil, 1972. Édition originale soit 2 volumes. Pour Paul CLAUDEL voir aussi le numéro 390.
[VERVE]. VERVE n° 8, édition en langue anglaise. Ed. Teriade, Sept/Nov 1940. In-4 cart. éd.. Avec couverture ill. de H. Matisse lithographie couleurs en double page de Bonnard, dessins de Matisse (3), Rouault (5), Braque (2), Picasso (1), Bonnard (1), Derain (2), F. Léger (1), Miró (1) et calendrier composé de 7 dessins coul. de Derain, textes de G. BRAQUE, J. CAIN, P. CLAUDEL, A. MALRAUX, A. MONNIER, P. REVERDY, A. ROUAULT et P. VALÉRY. BEL ÉTAT.
Les Autographes
Thierry Bodin
45 rue de l’Abbé Grégoire
75005 Paris
Catalogue Automne 2011
75
Paul CLAUDEL (1868-1955) écrivain :
MANUSCRIT autographe signé, Le Pire n’est pas toujours sûr. Réponse à Armand Salacrou, 30 avril 1954 ; 2 pages in-4.
RÉPONSE À UN ARTICLE D’ARMAND SALACROU dans Le Figaro littéraire. « Monsieur Soulacrou » ne semble pas installé dans ses « « certitudes » avec la sécurité dont le défunt André Gide essayait de donner l’impression. Ce que vous appelez votre « paradis déterministe » ressemble beaucoup à un enfer, « l’ancien », mais oui, celui que je connais bien et où j’ai fait moi-même autrefois une « saison ». Ainsi parle Arthur RIMBAUD et il ajoute « celui dont le Fils de l’Homme a ouvert les portes », des portes qui, depuis, quoi que vous en pensiez, ne se sont pas refermées. […] Le Huis clos, l’Enfer sur terre, est-ce là vraiment notre destinée inexorable, irrécusable ? Pascal et bien d’autres n’en étaient pas aussi sûrs que vous. Le Huis clos n’est pas si clos que n’y pénètrent les échos de la Neuvième Symphonie »… Des siècles de discussion n’ont pas permis de nier Dieu et Jésus. Il y a des milliers d’années, Job, posant la question du Mal, conclut en faveur du rédempteur, et ce rédempteur est effectivement venu… « Vous dites d’une part que le monde est absurde et d’autre part qu’il est soumis à un déterminisme rigoureux, que vous assimilez à celui d’une mécanique. […] Le propre d’une machine est d’être construite étroitement en vue d’une fin déterminée. Quelle est la fin de la machine Armand Salacrou et de la machine Paul Claudel ? Et sans liberté que devient le métier des pauvres auteurs dramatiques ? »…
1 700,00 Euros
Les Autographes
Thierry Bodin
45 rue de l’Abbé Grégoire
75005 Paris
Catalogue printemps 2012
50
Paul CLAUDEL (1868-1955) écrivain :
L.A.S., [Paris] 30 novembre 1943, à Gaston GALLIMARD ; 1 page in-8 à son adresse.
Sur Léon-Paul FARGUE, le jour de la générale du Soulier de satin : « je suis prêt à faire pour Fargue tout ce qu’on voudra. C’est un vrai poëte, un grand poëte et de plus un brave garçon et un bon cœur » ; et il autorise à prélever 1200 francs sur ses droits d’auteur…
500,00 Euros
ADER NORDMANN
Vente du 28 juin 2012, Salle Favart Paris
Lot n° 81
Paul CLAUDEL (1868-1955)
Notes autographes sur un tapuscrit, [vers 1927-1928]; 28 pages, dont une in-4 entièrement autographe, la plupart in-8. Bibliographie de ses oeuvres, chaque feuillet correspondant à une entrée, depuis Tête d’or (1890) jusqu’à Deux farces lyriques (1927). Il pourrait s’agir de travaux pour la Bibliographie des oeuvres de Paul Claudel précédée de Fragment d’un drame, réalisée par Benoist-Méchin et Georges Blaizot (1931). Claudel a commenté les fragments: « Avant Tête d’or ont été écrits 1° Une mort prématurée (détruit) dont un fragment subsiste dans la Revue Indépendante (1891) (?) 2° L’Endormie – publié en facsimilé chez Champion »… Il renvoie à d’autres ressources bibliographiques, et fournit diverses précisions. L’Art poétique: « Une autre édition avec des « arguments » a paru un peu plus tard au Mercure »… Vers l’exil: date de composition, et prépublication dans L’Ermitage… Protée, dans la NRF: « J’ignore cette édition »… Sainte Cécile, orné par R. Bonfils: « Très rare »… D’autres remarques à propos d’éditions de Sainte Geneviève, Pour le mois de Marie, L’Homme et son désir.
98 CLAUDEL(Paul) (1868-1955). 4 L.A.S. à Charles Gantillon, directeur du théâtre des Célestins à Lyon. Château de Brangues (Isère), 15
avril, 9 mai et 7 décembre 1943, 29 février 1944. 5 p. 1/2 in-8. 1 enveloppe et 1 adresse, en-tête imp. à son adresse.
300/400 €
Lettres relatives à « l’Annonce faite à Marie » que Gantillon désire monter à Lyon : le 15 avril, Claudel est heureux que Gantillon veuille monter l’Annonce et espère que la pièce rencontrera le même succès qu’à Paris : « une question très importante pour moi est celle de la musique […] mademoiselle Louise Vetch l’a écrite sous ma direction et elle a été pour beaucoup dans le succès obtenu. C’est elle que je désire pour accompagner les représentations de Lyon […] elle pourrait rendre de grands services, là comme pour la mise en scène, étant bien au courant de toutes mes intentions […] quant à la « réunion officielle », […] cette idée me fait faire la grimace. Je suis vieux, je suis sourd, et ce genre de cérémonie m’est odieux […] » ; le 9 mai : il désire savoir quand Louise Vetch viendra à Lyon, il aimerait assister à la première représentation ; le 7 décembre : il apprend que le programme de la saison annonce « l’Echange » et l’« Annonce faite à Marie ». « Je dois vous faire remarquer qu’il ne saurait être question de la première de ces pièces, interdite par la censure. Quant à la seconde, je me ferais un véritable scrupule de vous la donner, puisque […] elle a été l’occasion pour vous de pertes pécuniaires lourdes […] » ; le 29 février : « je suis ravi que vous ayez pu vous entendre pour l’Annonce avec M. Casadesus et je me ferai une joie d’assister à la représentation […] qui […] aura lieu à une époque plus favorable que précédemment […] ».
Thierry Bodin
45 rue de l’Abbé Grégoire
75005 Paris
Catalogue septembre 2012
72
Paul CLAUDEL (1868-1955) écrivain :
TAPUSCRIT avec CORRECTIONS et une PAGE autographes, Discours de réception à l’Académie Française en remplacement de Louis Gillet, Paris 17 décembre 1946 ; 31 pages in-4, dont une autographe.
DISCOURS DE RÉCEPTION À L’ACADÉMIE FRANÇAISE, le 13 mars 1947. Le discours commence par un voyage en train. Claudel, après avoir salué la mémoire de son « cher ami, cher frère » Philippe BERTHELOT, rend hommage à son prédécesseur Louis GILLET, et notamment à sa belle Histoire artistique des ordres mendiants, son ouvrage sur PÉGUY, son amitié avec Romain ROLLAND… Outre quelques corrections, Paul Claudel a ajouté de sa main (au verso de la p. 18) un développement à propos du livre de Gillet sur l’Allemagne et de sa correspondance qui témoigne « de sa clairvoyance et de sa pénétrations psychologique », en citant une lettre de 1933 à Berenson. ON JOINT une PHOTOGRAPHIE de Claudel en tenue d’académicien ; et le carton d’invitation de Mme Claudel après la réception académique, annoté par Maurice Noël.
1 000,00 Euros
Thierry Bodin [Catalogue été 2013]
Lettre de Paul Claudel à Jean Cocteau pour l’envoi de son recueil Poésies (mai 1920).
L.A.S., Copenhague 14 juillet 1920 : 2 pages in-8, en-tête Légation de la République française en Danemark, enveloppe.
« Je ne puis choisir un meilleur jour que notre fête nationale pour vous dire combien votre livre m’a fait plaisir et combien il venait à point pour m’apporter au milieu de tout le brun danois un peu de notre sel des trois mers »…
[Il avoue qu’il avait contre lui un certain nombre de préjugés littéraires, dont son recueil l’a fait revenir.]
« Je comprends parfaitement que vous trouviez assommant tout l’appareil antique de la syntaxe et vous tirez de vos juxtapositions d’idéogrammes un tas d’effets charmants et spirituels qui piquent et stimulent l’intérêt sans jamais lourdement nous rassasier. Seulement il faudra peut-être trouver un jour un autre procédé de réalisation que le lien qu’on lit page à page, puisque chez vous toutes les parties d’un même poème sont non pas successives mais simultanées. Je goûte fort ces rapprochements d’images […] qui éclatent incongrûment et joyeusement comme les paysages qu’encadre pour une seconde fulgurante la fenêtre carrée d’un express. J’espère que le Bœuf a été un grand succès à Londres comme à Paris »…
[Cocteau avait passé le mois de juin et une bonne partie de juillet à Londres avec Darius Milhaud pour mettre au point la représentation en anglais du Bœuf sur le toit au Coliseum.]
1 000,00 Euros
Vente du lundi 9 décembre 2013 Alde [Thierry Bodin expert]
Lettre de Paul Claudel à l’éditeur Émile Blaizot
L.A.S., Washington 6 janvier 1927 : 2 pages in-8, en-tête Ambassade de France.
[Il rappelle leurs conventions pour le paiement de la seconde partie de ses droits d’auteur] : « sur l’édition de luxe de L’Annonce faite à Marie, [qui] devait m’être versée dès que M. Maurice Denis aurait commencé son travail d’illustration ». [Il demande à nouveau le versement de la somme sur son compte à la Banque Centrale pour l’Étranger…]
Vente du 5 décembre 2013 [Ader Nordman]
Henri Cartier-Bresson (1908-2004) : Paul Claudel chez lui, dans le village du roman de Stendhal Le Rouge et le Noir, Brangues (Isère), 1945. Reportage réalisé par les éditions Braun.
44 épreuves argentiques d’époque. Tampon « Photo Henri Cartier-Bresson / Mention obligatoire, tampon « Copyright by Éditions Braun / Lyon / Reproductions interdites et nombreuses annotations et commentaires, à la mine de plomb, de la main d’Henri Cartier-Bresson aux versos.
Formats : de 8 x 12,4 à 13 x 18.
On joint 26 épreuves argentiques d’époque et postérieures (contretypes) sur la vie de Paul Claudel.
Formats : 8,5 x 5 à 20 x 12,8.
Le 22 juin 1940, Henri Cartier-Bresson est fait prisonnier dans les Vosges et envoyé au Stalag. Évadé le 10 février 1943, il se cache et retourne dans les Vosges pour retrouver son Leica enterré avant la guerre. Il y parvient et rencontre l’éditeur et galeriste Pierre Braun.
« Celui-ci veut lancer une série d’ouvrages sur les artistes et les écrivains. Il propose à Henri Cartier-Bresson de faire leurs portraits, ce qui l’enchante […]. régulièrement il quitte la ferme pour remplir la mission que Pierre Braun lui a confiée, rencontre Matisse d’abord, l’hiver 1943, puis Bonnard au Cannet en février 1944 et beaucoup d’autres. » (Agnès Sire, Scrapbook, Steidl, p. 9.).
Bibliographie
Henri Cartier-Bresson, Scrapbook, Steidl, Göttingen, 2006, p. 239-241.
Ensemble présenté à la vente avec l’accord de la Fondation Henri Cartier-Bresson 15000 / 20000 euros.
[Catalogue janvier 2014, n° 137, Les Autographes, Thierry Bodin]
– Paul Claudel, manuscrit autographe de deux courts poèmes inédits. Deux pages in-4. « Éphémérides pour le 29 janvier, Saint François de Sales, et pour le 2 février, La Chandeleur ».
Saint François de Sales (janvier)
Il est trois heures du matin.
La Chine, là-bas, que c’est loin !
Mais par l’étroite fissure
Un rayon glissant sur le mur
M’introduit à la Vie dévote.
L’autre s’en va, cette sotte !
La Chandeleur (février)
Le deuxième jour du mois de Février
On va à l’église tout bas vous gratifier
D’un joli petit cierge de papier.
C’est pour allumer tous les jours de l’année jusqu’à Noël
Qu’on nous a remis ce rat-de-cave confidentiel.
– Liste autographe de poèmes : IVe Station du Chemin de croix, Sainte Agnès, Saint Pierre, Saint Benoît, Sainte Scolastique, Saint François Xavier, La Vierge à midi, Notre-Dame auxiliatrice, L’Enfant Jésus de Pragues, Sainte Cécile, Sainte Thérèse de Lisieux, Le mois de Marie, Chant de marche de Noël, que Claudel a répartis entre Visages radieux et Corona Benignitatis Anni Dei (1 p. in-8).
[Catalogue automne 2014, n° 138, Les Autographes, Thierry Bodin]
– Lettre autographe de Paul Claudel à Marcel Abraham, Brangues 29 juillet 1954.
A propos de l’hommage rendu à sa sœur Camille Claudel. Il est très honoré de l’invitation qu’il a reçue du Président André Marie : « Dites–lui combien l’hommage public qu’il va rendre à ma pauvre sœur Camille, cette grande artiste si tristement méconnue, me va au cœur et combien je serais heureux de m’y associer. Malheureusement je vais avoir 86 ans dans quelques jours et je crains la fatigue des déplacements et des cérémonies officielles. De plus le mois de septembre est le seul moment où j’ai le bonheur de voir mes enfants réunis autour de moi ».
[André Marie (1897-1974) homme politique français a été président du conseil en 1948, puis plusieurs fois ministre notamment de l’éducation nationale. Il a été maire de la ville de Barentin (Seine Maritime) de 1945 à 1974. Soucieux d’embellir sa ville, il avait fait ériger de nombreuses statues au point que l’on avait surnommé Barentin la ville aux cents statues.
La manifestation à laquelle était convié Claudel était l’inauguration à Barentin d’une salle d’exposition portant le nom de Camille Claudel.
Marcel Abraham (1898-1955) enseignant, écrivain, résistant, était à l’époque directeur des affaires culturelles au ministère de l’Education nationale.]
[janvier 2015. Expert Thierry Bodin]
– Lettre autographe de Paul Claudel au poète Loys Masson, Brangues 19 décembre 1941. Quatre pages et demie in-8 à en-tête du Château de Brangues (petite déchirure en haut du 1er feuillet).
Longue et remarquable lettre. Il critique les expressions exagérées de Masson, en réponse à sa lettre désagréable : « Vous auriez dû comprendre par mon silence que je n’avais pas la moindre intention de m’intéresser à Poésie et à votre groupe. J’ai toujours haï les ‘groupes’ et ce n’est pas à 74 ans que je changerai d’opinion. Mais je regrette ma vivacité. Cependant puisque nous y sommes je vais tâcher de vous faire comprendre mes griefs contre la conception que vous et vos amis vous faites de la poésie. Elle est remarquablement uniforme, à tel point que si on ne regarde pas les noms d’auteurs, on dirait que toutes ces plaquettes sortent de la même plume ». Suit une énumération en 6 points des torts ou faiblesses de ces poètes, à commencer par des « exagérations absurdes dans l’expression »… « Un poëme est autre chose qu’une série de petites impressions alignées bout à bout et racontées dans un langage prétentieux. Il existe un art appelé composition qui est autre chose que le crachotement ». Il relève des sensations « non pas seulement incohérentes mais incompatibles », et des « images absolument inconciliables »… « L’énonciation poétique ne se passe pas d’un certain rythme, élan, branle, allure heureuse de la parole portée par dessus la terre comme par une aile. Il faut toujours une prosodie, surtout quand on a décidé de ne pas compter sur les doigts. Il ne suffit pas d’aligner au hasard tous les mots qui nous passent pas la tête. […] On dirait que vous n’avez pas d’oreille »… Ces jeunes poètes n’ont « aucune idée de l’équilibre de la phrase, du rapport des timbres, de l’entrelacement des finales masculines et féminines etc. […] Quand on n’a pas le moindre sens de cette musique si délicate et si profonde de la langue française, il vaut mieux ne pas écrire. 6° Enfin on dirait que vous n’avez rien lu, rien médité, rien étudié. On dirait une bande de gosses mal élevés qui s’ébrouent les cheveux au vent en criant tout ce qui leur passe par la tête. La poésie est un art qui est fait de don et de travail »… Masson et ses camarades ne semblent avoir ni l’un ni l’autre, mais Claudel peut se tromper « Qui aurait dit qu’un Aragon, auteur de tant d’ouvrages ineptes, serait tout à coup capable de sortir un recueil comme Crève-cœur Et grand Dieu quelle importance vous donnez à cette pauvre chose que vous appelez la “poésie”, comme s’il n’y avait pas d’autres réalités qui s’imposent à nous et soient capables de faire sortir de nous ce que nous avons de meilleur »…
[Arts et autographes. Expert Jean Raux]
– Lettre autographe de Paul Claudel signée « P.C.». Tokyo, le 4 avril 1923. Deux pages 1/2 in-8°, en-tête imprimé « Ambassade de France au Japon ». Trous d’archivages.
En poste à Tokyo, où il est ambassadeur de France, Claudel écrit à un correspondant qu’il n’a pu obtenir les renseignements demandés. Il approuve le projet de faire venir à Paris le théâtre japonais : « Mais il faudrait que la chose fut longuement et soigneusement préparée, avec l’aide d’un comité bien choisi. Et elle coûtera cher. Les prévisions de 10 000 fr. de recettes de Hébertot semblent très optimistes. Il faudrait un manager général qui promenât ensuite la troupe en Angleterre et peut-être en Amérique ? Il faudrait à tout prix éviter un four. Voyez ce qui est arrivé pour Stanislawski. ». Sa pièce a été jouée et a obtenu un très grand succès : « Je suis maintenant l’homme le plus populaire du Japon. » (Sans doute s’agit-il de La Femme et son ombre, pièce en forme de nô japonais, représentée au Japon en 1923). Il envoie à son correspondant « 1° le texte de la pièce, 2° un petit compte-rendu pour l’Illustration » en lui demandant de le faire paraître. Il lui envoie également un exemplaire de Sainte-Geneviève. Les exemplaires pour le public seront envoyés à Gallimard dans quelques jours. Il termine en annonçant que « le crédit pour la Maison de France est voté. Le 8, le Président du Conseil donne un grand dîner où il espère réunir les 300 000 yens. »
[Catalogue n° 74, Arts et autographes, Jean Raux]
– Lettre autographe de Paul Claudel à Paul Hazard, 10 juillet 1930. Une page in-16, adresse au dos.
« Un ami m’envoie votre article du Figaro intitulé « Une thèse en Sorbonne » signalant la thèse d’un Roumain du nom de Coculisco qui aurait développé sur le rythme et la prosodie françaises des idées tout à fait intéressantes. Ces idées sont exactement celles que j’ai exposées dans mon livre intitulé Positions et propositions (à la NRF) où le brillant candidat n’a eu aucune peine à les trouver. Il est amusant pour moi de les voir ressusciter sous un costume étranger dans le journal où vous écrivez et dont M. Abel Hermant fait plus bel ornement. »
[5 mars 2015. Vente De Baecque]
– Deux lettres autographes de Paul Claudel à Marcel Thiebaut. Paris et Bruxelles, 1934-1935. Deux pages in-8 et in-12. En-têtes.
« Vous devez avoir reçu la correction unique et somme toute assez minime que je voudrais voir introduire dans mon article. J’y attache beaucoup d’importance, et je vous serais personnellement reconnaissant de faire sauter ces quelques lignes […]. Ci-joint les épreuves corrigées, j’y joins deux autres poèmes que je viens de composer tout récemment. J’espère que cela ne vous ennuiera pas ? Je vous demanderais de respecter les particularités de la ponctuation […] ».
Joint : une lettre de Marcel Thiébaut à Claudel avec réponse de ce dernier, au sujet de l’écriture d’un article sur Rembrandt (1 p. in-4, 1954).
[27 avril 2015. Vente Christie’s]
– Paul Claudel, L’Otage, manuscrit autographe, non signé, daté au crayon : Tientsin mars 1908-Prague juin 1910.
Ce manuscrit relié par Paul Bonet en 1958 serait celui qui fut envoyé à Gide pour l’impression (manuscrit C selon MM. Kempf et Petit). [Acquisition d’un collectionneur européen].
[20 mai 2015. Vente Tajan]
– Tapuscrit Partage de Midi. Paris, Bibliothèque de l’Occident, 1906. 3-136 ff. in-4.
Tapuscrit original de Paul Claudel, spécialement dédié à Philippe et Hélène Berthelot, en témoignage de ma grande affection (…). Ce drame en trois actes mettant en scène quatre personnages, Ysé, Mesa, de Ciz et Amalric, avait été édité à compte d’auteur en 1906 par la Bibliothèque de l’Occident, avec un tirage limité à 150 exemplaires hors commerce. Il ne sera rendu public et créé qu’en 1948. Les exemplaires de cette version n’avaient été envoyés qu’à un cercle restreint d’amis, ici Philippe Berthelot.
[29 mai 2015. Vente Alde. Expert Thierry Bodin]
– Lettre autographe de Paul Claudel au général Louis Mongin (directeur général du Casino de Vichy), 1er juin 1941. Une page et demie in-8 enveloppe.
« Je ne manquerai pas de faire tenir à qui de droit le montant de mes droits d’auteur pour la représentation de l’Annonce faite à Marie à Vichy, dès que je l’aurai reçu dans les conditions indiquées par la lettre de M L. Niel que vous m’avez transmise » …
[Nous pensons qu’il faut lire Général Louis Mougin (1873-1955) et non Mongin. Claudel l’avait rencontré à Vichy à l’occasion de la représentation de l’Annonce le 9 mai (voir Journal II p. 358).]
– Lettre autographe de Paul Claudel à un ami, Brangues 5 juillet 1943. Une page in-8 à son adresse.
« Je suis touché de la sympathie que vous me montrez et j’aurais été heureux de vous recevoir quelques instants. Malheureusement les dates que vous m’indiquez me prouvent que ce ne sera guère possible. Ne le regrettez pas trop. Le chemin du village qui vous abritait jusqu’ à celui que j’habite est pénible et compliqué par le temps qui court, et toutes les chances sont pour que vous n’ayez trouvé au bout qu’une déception » …
[25 juin 2015. Vente Pierre Bergé et Associés]
– Lettre autographe de Paul Claudel à André Salvain, amateur à Paris, Tokyo 22 décembre 1926. Deux pages petit in-8, à en-tête Ambassade de France au Japon.
« Malheureusement toutes les éditions de luxe du Souffle ont été épuisées au Japon. Mais quand je serai à Paris nous tâcherons de nous arranger. Je tiens en effet à ce que vos « Archives claudéliennes » soient aussi complètes que possible » …
[Souffle des quatre souffles, description de l’ouvrage :
Quatre phrases sur les quatre saisons du Japon par Paul Claudel, avec quatre dessins de Keissen Tomita de Kyoto, gravés sur bois selon le procédé japonais par le graveur Bonkotsu Igami, imprimés par le graveur lui-même sur le papier spécialement fabriqué pour cette édition par la Papeterie Iwano de Etchizen. Traduction des quatre phrases par Nico D. Horigoutchi, Yasso Saïjo, Shintaro Souzouki et Yoshio Yamanoütchi. Justification du tirage : Signature de l’auteur, accompagnée d’un sceau gravé par Taïun Yamamoto sur porcelaine. Tirage limité à 200 exemplaires numérotés de 1 à 200, dont 30 numéros 170 à 200 pour la France. [Achevé d’imprimer le 25 octobre 1926, à Tokyo].
Il a été tiré de cette édition : Deux exemplaires d’auteur et trois exemplaires de grand luxe comportant pour chacun quatre phrases originales et autographes de Paul Claudel et quatre dessins originaux de Keissen Tomita. [Santo Sho-In 53, rue Shimo-ni-bantcho, Kojimatchi, Tokyo, Japon].
– Deux lettres autographes de Paul Claudel à Francisque Gay (directeur de La Vie Catholique), Washington février-mars 1930. Deux pages in-4 chaque à en-tête Ambassade de France.
– 1er février. Il ne met pas en doute les intentions de l’abbé Bremond. « … mais son interview était nettement insultante pour moi et c’est ainsi que l’ont comprise plusieurs personnes qui m’en ont témoigné leur étonnement. J’ai moi-même écrit à l’abbé Bremond pour lui exprimer le mien. Mais je n’ai reçu aucune réponse. En tous cas cette petite affaire a eu un bon résultat, c’est qu’elle coupe court pour toujours à mes ambitions académiques. Si je suis traité avec un pareil manque d’égards par un homme que je croyais amicalement disposé à mon égard, que penser des autres ? Mes ambitions sont loin d’avoir un caractère assez ardent pour que je veuille m’imposer à la mauvaise humeur générale ».
– 28 mars. La lettre de l’abbé Bremond le rend bien confus. « Je vois que je m’étais ému bien à tort, mais on est plus sensible à l’égard des gens qui vous inspirent estime et affection. Exprimez lui toutes mes excuses ainsi que l’espérance qu’il ne restera rien de cet incident dans son esprit comme dans le mien. Je lui suis reconnaissant de ses excellentes intentions en ce qui concerne l’Académie Française, mais après mûre considération j’ai renoncé définitivement à me présenter. J’ai le sentiment d’une incompatibilité profonde » …
[Francisque Gay (1885-1963), homme politique, éditeur. Il a fondé en 1924 l’hebdomadaire La Vie Catholique. En 1909, il avait rejoint la maison d’édition Blood et Cie d’Edmond Blood qui devint deux ans plus tard Blood et Gay. C’est cette maison d’édition qui publia en 1926, l’ouvrage d’Elisabeth Sainte Marie Perrin, Introduction à l’œuvre de Paul Claudel. Membre Fondateur du MRP, il fut Ministre d’Etat dans le second gouvernement de Gaulle (novembre 1945 à janvier 1946), puis Vice-Président du Conseil dans le cabinet Félix Gouin (janvier à Juin 1946), et à nouveau Ministre d’Etat dans le cabinet de Georges Bidault (juin à novembre 1946).
Dans cette lettre Claudel fait référence à l’entretien accordé par l’abbé Bremond (1865-1933), membre de l’Académie française depuis 1923, à Frédéric Lefevre, paru dans Les Nouvelles Littéraires du 1er juin 1929 dans la série « Une heure avec … ». Interrogé sur les éventuels lauréats du prochain Grand prix de l’Académie française, après avoir cité Henry Bidou (1883-1943), chroniqueur de talent aujourd’hui bien oublié, dont il salue les « quarante ans de vie littéraire la plus brillante et la plus féconde », l’abbé Bremond de manière inattendue poursuit :
« Et Paul Claudel serait-ce un choix si déshonorant ? Accablant plutôt. Pour le fauteuil, je comprends que l’on discute. La tradition, chez nous, a toujours le droit de faire des objections, mais un grand prix nous compromettrait moins, si tant est … Les deux mondes – je ne parle pas de la Revue – applaudiraient ? J’entends bien que l’Europe seule ne peut pas nous imposer les choix qu’elle a faits, mais qu’elle acclame un Claudel, un Jammes, c’est tout de même une indication, comme jadis pour Paul Valéry, comme demain pour Valery-Larbaud. Encore un candidat !… »
Claudel se sentit insulté d’être placé sur le même pied qu’Henry Bidou et écrivit à l’abbé Bremond « pour relever ses impertinences » (J I, juin 1929, p 862).
Finalement cette année-là, le Grand Prix fut attribué à Henri Massis. Un choix qui ne contribuera pas à réconcilier Claudel avec l’Académie.]
– Lettre autographe de Paul Claudel à Georges Goyau, Paris 29 novembre 1935; 4 pages petit in-4 à son adresse.
Commentaire amer sur l’échec de sa candidature à l’Académie Française, le 28 mars 1935, face à Claude Farrère.
Après avoir remercié Goyau de l’approbation donnée à son discours pour le soixantième anniversaire de l’Institut Catholique, il reconnait qu’on lui a toujours dépeint Georges Lecomte comme « le meneur de la cabale » qui a réussi à lui fermer la porte de l’Académie. « A cet effet il aurait été le lieutenant le plus actif de Pierre Benoit, sans toujours égaler l’ardeur et le génie de ce stratège. Telle que vous me la dépeignez, l’attitude de votre confrère me semble suffisamment piteuse. Il partage l’erreur qui me semble imprégner les esprits des membres de l‘Académie à peu près sans exception. Ceux-ci se considèrent comme les copropriétaires d’un patrimoine dont ils peuvent disposer et suivant leurs intérêts ou leur fantaisie personnelle. Il n’en est nullement ainsi. L’Académie représente un capital moral et matériel qui n’appartient pas à ses membres viagers et dont ils n’ont absolument pas le droit de disposer à leur gré. Il y a une obligation d’honneur et simplement d’honnêteté professionnelle qui leur impose le devoir de voter pour le plus digne. Quand on y manque, on se déshonore » …C’est donc avec indignation qu’il a entendu les motifs pour lesquels M le duc de Broglie se croyait « obligé de voter pour Claude Farrère. N’était-il pas, me disait-il en fixant sur moi des yeux sincèrement peinés de constater mon incompréhension, son camarade de l’Ecole Navale ? N’était-il pas en rapports avec lui depuis dix-sept ans ? Evidemment il ne se faisait illusion ni sur le talent ni sur le caractère du personnage. Mais que faire ? La camaraderie, n’est-ce pas avant tout. C’est à peu près le raisonnement de M. Georges Lecomte. Ni lui ni le Duc n’ont jamais sans doute entendu prononcer le mot forfaiture » …
[Georges Goyau (1869-1939) essayiste et historien des religions élu à l’Académie française en 1922 au fauteuil de Denys Cochin.
Le 27 novembre 1935, Claudel avait prononcé un grand discours pour le Soixantenaire de l’Institut Catholique devant le Nonce, 40 évêques et cardinaux, 6 académiciens Alfred Baudrillart, André Chaumeix, Joseph Bédier, Georges Lecomte, Georges Goyau, Henry Bordeaux. Discours publié le 30 novembre dans la Vie Catholique sous le titre « La Science chrétienne » (O.C. XIX p. 157)]
[26 novembre 2015. Vente Ader Nordmann. Expert Thierry Bodin]
– Dix-sept lettres autographes et une carte de visite autographe de Paul Claudel à Henry Cochin, 1916-1925. 24 pages formats divers, qqs en-têtes, et la plupart avec enveloppe ou adresse (plus 6 enveloppes).
— 6 janvier 1916, Paris. Sa traduction de la Vita Nova de Dante « sera la joie de mon voyage ». Il dit aussi sa « grande émotion » qu’il lui a procurée « chez ces pauvres petits enfants. Quelle belle œuvre et combien je suis fier d’avoir pu m’y associer un peu, en tous cas du meilleur de moi-même ». Il envoie une « petite obole, qui me serait largement payée par les prières de toutes ces âmes saintes dont j’ai un puissant besoin en ce moment pour moi et les miens »…
— 26 décembre 1916. « Ce sera un grand honneur pour moi de voir ma pièce jouée par les enfants de S. Jean de Dieu. Je me ferai une vraie joie d’assister à la représentation ». Mais il avoue son embarras, car il a autorisé le directeur d’un autre patronage à la faire jouer, « et il avait même invité le Cardinal à la première qui devait avoir lieu le 14 janvier ! »…
— 2 avril 1918, Légation de France au Brésil. Il a reçu les imprimés pour l’œuvre des églises dévastés, et en a fait bon usage. « Sur la prière de Mgr. Péchenard, je me suis particulièrement intéressé au diocèse de Soissons qui est le mien. Sur 15.000 francs que nous a rapportés le sermon de charité de Rio, la moitié est allée aux églises. Deux autres sermons vont être prêchés à Pernambouc et à Saô Paulo »… Il le prie de dire sa reconnaissance au Supérieur des Frères de Saint-Jean de Dieu « de la charité qu’il a de prier pour ma pauvre âme »…
— 31 janvier 1921, Légation de France à Copenhague. « Voici le poëme sur Dante. J’ai peur que malgré votre indulgence pour moi, vous le trouviez bien mal et difficile »…
— 10 février 1921. Il n’avait pas compris ses intentions par rapport à son Ode jubilaire, mais la combinaison proposée lui paraît la meilleure. « Je n’ai plus que quelques vers à écrire. Je vais immédiatement saisir la N.R.F. Il faudrait que la chose allât assez vite, car je viens d’être nommé Ambassadeur au Japon »…
— 26 février 1921. « Quand pendant de longs mois on a vécu l’esprit uniquement tendu sur une œuvre, on ne sait plus exactement si elle est bien ou mal […]. Dans le dur combat qu’ils soutiennent pour arriver à l’expression, les pauvres poëtes ont besoin de temps en temps d’être réconfortés par des sympathies précieuses comme la vôtre et celle de M. Pératé que je connais et que j’estime depuis longtemps. N’est-ce pas lui qui a fait autrefois une traduction des Fioretti en style du 17e siècle qui m’avait beaucoup frappé ? Je suis sûr que celle de la Divine Comédie sera superbe, et je serai fier de figurer avec lui sous la même couverture »… C’est bien chant qu’il faut écrire : « J’ai probablement été hypnotisé par l’agréable vibration du mot Canzone »…
— 26 mars 1921, Paris. « C’est vous […] qui avez raison en ce qui concerne Pétrarque, que vous avez étudié plus que moi. On a toujours raison quand on admire »…
— 18 mai 1921. Ému par l’hommage inattendu, il ne l’a pas remercié comme il l’aurait dû. « Je ne suis pas orateur, comme vous vous en êtes aperçu et je ne voulais pas nuire à la solennité de l’occasion »…
— 13 juin 1921. « Je n’ai pris aucun engagement pour l’Introduction que j’ai écrite sur votre prière à mon Ode jubilaire et je la tiens à votre disposition »…
— 25 juin 1921. « Merci pour l’envoi du recueil de contes dont j’ai déjà lu quelques pages qui m’ont charmé par leur puissante saveur de terroir »…
— 5 juillet 1921, Château d’Hostel (Ain). « Vous exercez décidément sur moi une autorité irrécusable ! J’ai repris mon Introduction et je l’ai terminée »…
— 12 juillet 1922, Paris. Sympathie pour la mort de son frère, « le grand catholique Denys Cochin »…
— 21 septembre 1922, Tokyo, Ambassade de France au Japon. « Je m’intéresse beaucoup au Japon. C’est un pays très négligé jusqu’ici par la France et où nous comptons beaucoup de sympathies latentes qui ne demandent qu’à se réveiller. Je vous envoie ci-joint une petite conférence que j’ai faite à Nikkô devant un public d’étudiants auxquels s’étaient joints les fonctionnaires de la Cour, et les prêtres des fameux temples, en belles redingotes noires ! »… Il est question ailleurs d’épreuves, d’envois, de souscriptions et aumônes…
[Belle correspondance à l’historien spécialiste de Dante, et président de la Société Saint-Jean pour le développement de l’art chrétien. Lot invendu.]
[16 décembre 2015. Vente Alde. Expert Thierry Bodin]
– Paul Claudel, « Cassandre » (1895 ?), manuscrit autographe signé. Quatre pages petit in-4 (petites fentes aux plis). [Imprécations de Cassandre, ponctuées par quelques répliques du Chœur.]
– Extrait de l’Agamemnon d’Eschyle, que Claudel traduisit en 1893-1894 à New York, et qu’il fit imprimer en 1896, à Fou-Tcheou, où il était nommé à la gérance du vice-consulat. Agamemnon fut recueilli dans son Théâtre en 1912, et repris dans des éditions collectives ultérieures.
Le présent manuscrit fut envoyé à Maurice Pottecher, le 27 mars 1895, pour insertion dans L’Idée libre ; à la fin, il a noté : « (Eschyle : Agamemnon. Traduction de Paul Claudel) ».
– Paul Claudel, « L’indifférent de Watteau », Paris 18 décembre 1939, manuscrit autographe signé. Une page et demie in-4.
Méditation poétique sur le célèbre tableau de Watteau, recueillie dans L’Œil écoute (Gallimard, 1946), dans la section « Quelques exégèses ».
– Vingt-sept lettres autographes de Paul Claudel à Maurice Pottecher entre 1892 et 1946. (Deux non signées). 80 pages in-8 ou in-12, qqs en-têtes Ministère des Affaires étrangères ou Consulat général de France, 3 adresses. On joint une carte de visite avec 2 lignes autographes à Pottecher, [Paris 19 février 1955, 4 jours avant la mort de Claudel].
[Importante et belle correspondance au dramaturge Maurice Pottecher, pleine de jugements littéraires et d’observations sur sa propre poésie et son œuvre théâtrale. Cette correspondance éditée par Pierre Moreau est parue dans le Cahier Paul Claudel I, ‘Tête d’or’ et les débuts littéraires (1959), puis dans une nouvelle édition (sous le même titre) dans les Cahiers de la NRF (1998). Elle a été acquise par la Bibliothèque Doucet.]
– Seize lettres autographes de Paul Claudel à Marcel Thiebault, à la Revue de Paris (1934-1951). Seize pages formats divers, qqs en‑têtes Ambassade de France en Belgique et Château de Brangues, 3 adresses (2 au dos de cartes postales illustrées représentant le château de Brangues).
— 5 juillet 1934, Bruxelles. Il demande une nouvelle épreuve de son article : « J’y attacherais beaucoup d’importance »…
— 11 août, Brangues. Il demande des exemplaires de la Revue de Paris du 14 juillet « où a paru mon article sur Richard Wagner »…
— 18 janvier 1935, Bruxelles. Il autorise la publication de son essai [Introduction à la peinture hollandaise] « en deux séries. Je n’ai pas l’intention de le faire paraître en librairie avant q.q. temps »…
— 14 juin 1935, Brangues. « L’auto a fait sortir de mois les petits vers ci-contre que vous pourrez joindre, si le cœur vous en dit, à mes Poëmes (en ce cas à placer avant Le Marcheur) »…
— 16 mai 1936, Paris. Envoi de vers : « La ponctuation paraît capricieuse. Je vous serais cependant reconnaissant de la maintenir telle quelle. Si vous étiez tout à fait gentil, vous maintiendriez la feuille de garde telle quelle. C’est comme un héraut qui soufflerait dans ma petite trompette, – faite de la tige d’un pissenlit ! »…
— 20 mai 1936. « L’autre jour en attendant le train, j’ai commis une autre petite pièce qui pourrait être jointe aux autres. Dans ce cas elle devrait précéder immédiatement Œillets »…
— 30 octobre 1936. « Je vous donnerai volontiers mon étude sur Verlaine. Quant au Festin de la Sagesse, c’est la propriété d’Ida Rubinstein et il faudra que je demande sa permission »…
— 12 avril 1937. « J’ai beaucoup aimé Laforgue (surtout ses œuvres en prose), mais je l’ai un peu oublié. D’autre part, je suis un peu souffrant, accablé de travaux, et ne puis ajouter à la somme de mes obligations »…
— 28 mai 1937. Envoi de son abonnement à la Revue de Paris…
— 13 juillet 1937, Brangues. Il n’a rien dans ses tiroirs, « sauf des mysticités exégétiques qui feraient probablement dresser les cheveux à vos lecteurs », mais il le félicite sur la tenue de la Revue : « Vos articles sur Léon Blum féroces et élégants ont fait la joie de tous ! »…
— 23 décembre 1939, Paris. Prière de renvoyer les photos pour l’illustration de ses articles Le Prado à Genève…
— 5 mai 1945 : envoyant son abonnement, il souhaite un « brillant avenir à l’enfant ressuscité »…
— 4 décembre 1945, Brangues. « Je suis content que mes Études Bibliques n’aient pas effarouché vos lecteurs. Je vous en enverrai d’autres »…
— 20 octobre 1947, Paris. Après avoir donné un article au Figaro sur l’Iliade, il s’est « replongé dans l’immense chef-d’œuvre », et envoie une nouvelle étude, « peut-être de nature à intéresser un public, aujourd’hui si peu familier avec les grandes œuvres qui tout de même restent le fondement de notre culture si léger d’ailleurs et si facile à rebuter ! »…
— 11 avril 1951. « Rien à changer au “chapeau proposé” »…
— 2 août 1951, Brangues. Invitation à Brangues : « je vous montrerais mes paperasses bibliques »…
[Bel ensemble sur la collaboration de Paul Claudel à la Revue de Paris. Cette correspondance est inédite.]
On joint l’épreuve corrigée de « Fulgens Corona », corrigée par Claudel dans les semaines précédant sa mort (1er février 1955, 13 pages in-8 sous chemise autographe).
Vente aux enchères [2015-2016]
Sotheby’s [15 octobre 2015]
Paul CLAUDEL à Remy de Gourmont, L.A.S. Shanghai 3 juillet 1898. 3 p. 1/2 in-8 (175 x 110 mm) sur feuillet double, papier bois aquarellé, enveloppe adressée de la main de l’auteur, illustrée. Papier fragilisé avec une fente. Bavures d’encre dues à la nature fibreuse du support.
Belle lettre sur papier bois décoré, à l’auteur du Livre des Masques. La première page est ornée d’un samouraï, l’enveloppe d’un paysage lacustre et montagneux, tous deux à l’aquarelle.
Claudel a reçu, à son retour du Japon, l’ouvrage de Gourmont [illustré par Vallotton et publié au Mercure de France, voir lot 53]. Il se dit fort confus des pages généreuses qui ont été consacrées à ses œuvres de jeunesse, alors qu’il est aujourd’hui un homme « éloigné du mouvement littéraire actuel et destiné à lui demeurer toujours étranger ». Louant la plume souple et sûre du critique et citant ses amis Marcel Schwob et Francis Jammes, il s’inquiète cependant de la façon dont Gourmont a fait « ressortir des qualités qui ne sont pas d’abord sensibles à tous les lecteurs, [laquelle] m’induirait à des examens de conscience sur des défauts que mon redoutable apologiste n’a l’air d’ignorer que par la menaçante figure de rhétorique nommée prétérition ».
Tout comme Remy de Gourmont, Claudel fut un grand admirateur de Mallarmé, assistant à quelques Mardis avant que sa carrière de diplomate ne l’éloigne de l’Europe et qu’il décide de garder le silence pendant plusieurs années malgré sa notoriété naissante : Tête d’Or et La Ville lui avaient valu de vifs encouragements de la part de Mallarmé.
En 1912, Claudel écrivait à Geneviève Mallarmé pour redire toute l’affection, la reconnaissance et le respect qu’il portait au maître du Symbolisme, cet initiateur de voies nouvelles, « diamant qui résume tous les feux d’une civilisation et d’un art en lui consommés »…
Les autographes, Thierry Bodin [Catalogue Printemps 2016 N° 142]
Paul CLAUDEL à la baronne May d’Aiguy, L.A.S. « P. Cl. », Washington jour de l’Ascension 14 mai 1931; 10 pages et demie in-4 à en-tête de l’Ambassade de France aux États-Unis, enveloppe.
Longue et belle lettre de « convertisseur » à l’amie et traductrice de Gertrude Stein, Diane dite May d’Aiguy (belle-fille de la baronne Pierlot, amie et voisine de Claudel). Tout ce que Claudel a « d’intelligence et de bonne volonté » est à sa disposition, quand elle s’adresse à lui « avec une confiance si émouvante (et si mal placée), sur le chemin difficile de la conversion. Hélas La plupart du temps le malheureux apôtre aboutit à un échec complet. On l’écoute avec intérêt, avec plaisir peut-être, mais de là à passer dans la pratique, à faire un effort, à s’engager dans la voie sévère de l’action et du sacrifice il y a un monde »… Il cite comme exemple la belle-mère de sa correspondante [la baronne Pierlot], résistant à ses efforts de quinze ans, avec de mauvais livres et de « mauvaises fréquentations ». Mais le principal obstacle pour un jeune cœur est son « goût du nouveau, de l’inattendu, de la sensation neuve, […] le désir mais aussi l’épouvante de la poigne invincible qui le maintiendra désormais à la fois éperdu et soumis. C’est une grande aventure, la plus risquée qu’un être intelligent puisse courir, puisqu’elle a pour conclusion le bonheur ou la perdition éternelle »… Il cite le Roi David, pour encourager son amie à recueillir la goutte du miel divin, lui-même étant « l’abeille toute poussiéreuse de ce pollen eucharistique où elle se soule chaque matin qui vient rendre visite à sa petite sœur »… Il insiste sur la Joie, « le premier et le dernier mot de tout l’Évangile », mais aussi sur les conditions préalables l’ordre et le sacrifice, sur lesquels il s’attarde en se référant aux Psaumes et au Cantique des Cantiques. Il y faut aussi de « l’obéissance », du courage (« une espèce de révolution et de coup d’état en nous, la décision de changer l’ordre qui existait et d’en établir un autre, une espèce de violence contre nous-même »), et enfin de « l’attention » : « N’empêchez pas les musiques. Décidée à faire la volonté de Dieu, vous regardez autour de vous. Vous étudiez attentivement tous les éléments de cette condition où sa Providence vous a placée, non point pour votre avantage seulement, mais pour sa gloire et pour le bien du prochain. Vous y trouvez peu de choses qui vous plaisent, beaucoup qui vous déplaisent et plus encore qui vous demeurent obscures. C’est là ce qu’on appelle la croix que tout chrétien doit apprendre non seulement à accepter mais à assimiler, et qui fera de lui un enfant de Dieu »… Il fait une analogie musicale, pour faire ressortir la difficulté de vivre pleinement dans le présent ; comme dit Mallarmé, parlant du domaine poétique « “Car le poète pur a pour geste humble et large De l’interdire au rêve ennemi de sa charge.” Ce qui est interdit à un poète l’est encore bien plus à un saint et nous avons tous le devoir d’être des saints »… Il faut demander aussi à Dieu « le don d’une patience acharnée […] Quant à l’idée de la métempsychose, c’est une de ces imaginations du paganisme dénuées de toute vraisemblance. Notre corps fait partie de nous-même, nous n’y sommes pas comme un cavalier sur son cheval et comme un marin dans sa barque, mais comme l’ouvrier dans son œuvre et comme le flambeau dans sa lumière. C’est nous qui le faisons, c’est notre expression comme une parole, c’est la forme que nous nous donnons à l’extérieur, la réalité de notre présence, notre manière de répondre à l’appel de Dieu et de lui fournir nos ressemblances. Le lien entre lui et nous n’est pas accidentel, il est substantiel, à ce point que plus tard il ressuscitera avec nous, comme le Christ nous en a donné l’exemple »… Il termine en exhortant son amie au courage, devant ce chemin qu’il ouvre devant elle « il vous réserve des émerveillements continuels, si vous y persévérez ». Il ajoute « Priez pour moi ».
1 300,00 Euros
La baronne Diane dite May d’Aiguy était la belle-fille la baronne Pierlot (1852-1941), elle avait épousé son second fils le baron Robert dit Bob d’Aiguy. La baronne Pierlot possédait le château de Béon adossé aux contreforts du Grand Colombier entre Artemare et Culoz dans l’Ain, situé à une dizaine de kilomètres du château d’Hostel. Très liée à Gertrude Stein qui résidait à Billignin près de Belley, May d’Aiguy a traduit plusieurs de ses œuvres. A la fin de sa vie elle s’est retirée dans une communauté religieuse dans le midi de la France. Elle eut une fille Rose née en 1929, à qui Gertrude Stein dédia en 1939 un livre pour enfants Le monde est rond. Premier et unique livre « cubiste » pour enfants.
A son retour de Chine, lorsqu’il séjournait au château d’ Hostel, Claudel se rendait volontiers au château de Béon où l’on menait une vie très mondaine. La Baronne Pierlot aimait s’entourer de personnalités très diverses du monde de la diplomatie comme les frères Cambon ou des arts et des lettres comme le peintre Aman Jean et les écrivains Gertrude Stein, Daniel Rops, …
La baronne Pierlot légua à Claudel un crucifix en ivoire qui lui fut remis à Brangues par son fils Bob le 8 juillet 1941 (J II p 368), il le plaça au-dessus de son lit dans sa chambre. Il s’y trouve toujours.
Audap et Mirabeau [13 avril 2016]
Paul CLAUDEL au contre-amiral Gilly, commandant la division volante de croiseurs à bord du Jules Michelet. L.S. en partie autographe, Tokyo 17 mars 1923, avec pièce jointe ; 3 pages in-4 dont une autographe, en-tête Ambassade de la République française au Japon, plus 5 pages et quart in-fol. dactylographiées. AMBASSADEUR AU JAPON.
Le commandant du Colmar lui a transmis son message : « La France ne pouvait faire un meilleur choix pour la représenter dans les différents pays où vous allez montrer son pavillon. […] Je suis persuadé que le passage de la Division Navale au Japon aura les plus heureuses conséquences, non seulement au point de vue moral, mais au point de vue pratique »… Et d’ajouter de sa main : « Je ne veux pas laisser partir cette lettre officielle sans y joindre l’expression de mes sentiments particuliers. Pendant votre trop court séjour vous avez conquis toute l’ambassade et ma femme et ma fille ne cessent de parler de vous. Notre seule consolation de votre départ est la bonne promesse que vous nous avez faite de revenir l’année prochaine. J’espère qu’à ce moment votre visite moins officielle pourra être rendue un peu moins austère et un peu plus agréable pour vous et que nous puissions vous montrer le beau côté du Japon que vous n’avez fait qu’entrevoir. – Maintenant nous allons travailler à recueillir la moisson que vous avez si bien semée »… – Copie dactylographiée d’un rapport de l’ambassadeur Paul Claudel à Raymond Poincaré, président du Conseil, ministre des Affaires étrangères, sur les visites et réceptions officielles à Yokohama de l’amiral Gilly et des délégués de plusieurs ministères français, et faisant l’éloge de Gilly que Claudel connut jadis à Shanghai au moment des troubles de la pagode de Ning-Po.
Kunsthaus Lempertz Berlin [ 30 Avril 2016]
Esquisse de costume pour l’Annonce faite à Marie, attribué à Alexander Aleksandrovic Vesnin, 1920.
Gouache and tempera, partially highlighted with gold dust, on machine made paper. Inscribed and dated in Cyrillic « A. Wesnin 1920 » in ink to the reverse, and hand numbered « II ». Stamped “Staatliches Kammertheater » upper right. With numerous creases and localised losses of pigment, a small tear to the lower left. The reverse evenly yellowed, with studio traces and remains of adhesive. 38.3 x 24.5 cm.
L’Annonce faite à Marie a été représentée en Russie, (amputée de son acte IV), au Théâtre Kamerny (une scène d’avant-garde) en 1920, dans une traduction de V. Cherchenevitch et une mise en scène de Tairov (un disciple de Meyerhold). Les costumes, d’inspiration cubiste, et les décors ont été réalisés par le peintre et architecte Alexander Aleksandrovic Vesnin. La dimension religieuse du drame s’efface devant sa dimension purement humaine de mystère de l’amour. C’est la dernière représentation d’une pièce de Claudel en Russie avant les années 1980.
Bibliographie :
Cf. cat. Kostümentwürfe der Russischen Avantgarde mit Werken aus der Sammlung der Familie Dr. Mark Soibelmann, Apolda, p. 33.
Léon Moussinac, Les Tendances nouvelles du théâtre, Armand Lévy, 1931.
Versailles Enchères Perrin-Royère-Lajeunesse [Avril 2016]
Maurice Estève Composition, 1953. Dessin à l’encre sur papier signé et dédicacé en bas à droite 31,5 x 24 cm. Collection Arma. Couverture du livret de la partition « Présent », musique Paul Arma, texte Paul Claudel. On y joint le livret de la partition et une lettre autographe de Maurice Estève adressée à Paul Arma.
Bibliographie :
– « Présent », texte de Paul Claudel, musique de Paul Arma, reproduit sur la couverture de la partition.
– « Mouvement dans le mouvement », Paul Arma, éditions Saint-Germain-des-Prés, Paris, 1970, reproduit page 25.
– « Notre entente, chants du silence », musique de Paul Arma, reproduit sur la pochette du disque 33 tours édité en 1953.
Alde [19 mai 2016]
PAUL CLAUDEL à Henri Buriot Darsiles, directeur des Cahiers du Centre ; L.A.S., 12 mai 1925, 1 page in-12, adresse.
Sur Le Soulier de satin. La lettre de son correspondant lui rappelle « que je ne suis pas aussi complètement oublié et déserté en France que mes ennemis, parmi les néo-classiques et les gens de l’Action Française essaient de le faire croire. Des sympathies comme la vôtre sont réconfortantes. Des raisons assez terre à terre s’opposent actuellement à la publication publique, si je peux dire ! de mon Soulier, mais un jour ou l’autre on le verra à la vitrine des chausseurs »… On joint une carte a.s. à Jacques Bernard sur son relevé de compte au Mercure de France.
[Ader, 19 mai 2016]
Léonard Tsuguharu FOUJITA, Frontispice pour Paul Claudel, Un coup d’œil sur l’âme japonaise, 1923, eau-forte.
[Ader, 22 et 23 juin 2016. Expert Thierry Bodin]
PAUL CLAUDEL à un père missionnaire. L.A.S., Paris 9 février 1940 ; 1 page in-8 à son adresse.
Il le remercie d’officier au mariage de sa fille [Renée qui épouse l’avocat Jacques Nantet] : « C’est un grand honneur que vous nous faites et un nouveau lien que je noue avec votre grande famille missionnaire ». Le mariage aura lieu le 16 février à la chapelle de l’Archevêché rue Barbet de Jouy à Paris. Le mariage civil eut lieu la veille à la Marie du VIIème arrondissement. Claudel résidait alors avenue Hoche à proximité du parc Monceau.
Ce père est le Révérend Père Léon Gustave Robert (1866-1956) Supérieur de la Société des Missions Etrangères de Paris (MEP). Claudel l’a rencontré en Chine à une date que nous ne connaissons pas précisément, alors qu’il était procurateur des MEP à Shanghai. Cette rencontre n’a pas tenu seulement aux convictions religieuses de Claudel mais également à des considérations professionnelles, la France depuis le milieu du XIXe siècle était en effet la protectrice des Missions catholiques d’Extrême-Orient. Rôle auquel elle attachait beaucoup d’importance et auquel les gouvernements radicaux-socialistes anticléricaux du début du siècle n’avaient pas renoncé, bien au contraire, au point, en 1917, de contrecarrer un projet de création d’une nonciature en Chine pour conserver ce statut envié par les autres puissances occidentales. De cette rencontre est né une profonde amitié. C’est le Révérend Père Robert qui en décembre 1905 écrit à Louis Jean Sainte Marie Perrin pour lui faire l’éloge de son futur gendre. Le Père Robert sera, le 28 octobre 1907, le parrain de Marie la première fille de Claudel, baptisée à l’Eglise Saint-Louis de Tientsin. Le Père Robert recevra le dimanche 10 novembre 1921 la Légion d’honneur, à la résidence de France à Hong Kong, des mains de Monsieur de Fleuriau nouveau représentant de la France en Chine. Parmi les passagers du Paul Lecat, qui avait fait escale la veille, à Hong Kong et qui assistaient à la cérémonie, se trouvaient Madame Claudel et ses trois filles Marie, Reine et Renée. Claudel, qui avait rencontré le Père Robert la veille, n’assistait pas à la cérémonie ayant embarqué le soir même sur L’Amazone pour le Japon. Chaque fois qu’il se rendait au Japon pour visiter les missions du pays, le Père Robert ne manquait jamais de rendre visite à Claudel. En 1935, le Révérend Père Robert fut élu Supérieur de la Société des Missions Etrangères de Paris.
[Les autographes. Thierry Bodin, catalogue été 2016]
PAUL CLAUDEL. L.A.S., Francfort-sur-Mein 11 février 1913 ; 1 page et demie in-8, en-tête Consulat Général de France à Francfort-s/-Mein.
« J’apprends par les coupures de journaux que vous avez l’obligeance de m’envoyer que “le Thyrse” a donné à plusieurs reprises en Belgique des lectures dialoguées de l’Otage. Je suis extrêmement surpris que vous n’ayez pas cru devoir demander mon assentiment préalable et je vous interdis formellement à l’avenir de donner aucune audition de mes œuvres avant de vous être assuré de mon consentement »… On joint une carte de visite a.s.
Le Thyrse est une revue littéraire belge mensuelle créée en mai 1899 par Emile Lejeune et Léopold Rosy. Elle organisait régulièrement des lectures publiques dialoguées d’œuvres théâtrales notamment de Verhaeren, Maeterlinck, Crommelynck.
L’Otage avait été publié dans trois livraisons de la revue de La N.R.F. du 1er décembre 1910, 1er janvier 1911, et 1er février 1911 avant de paraître en volume en mai aux toutes nouvelles Editions de la Nouvelle Revue Française. La première lecture publique de L’Otage sera celle organisée à Bordeaux par deux jeunes poètes girondins Carlos Larronde (1888-1940) et Olivier Hourcade connu également sous le pseudonyme d’Olivier-Bag (1892-1914), le 31 octobre 1911 dans le grand amphithéâtre de la Société philomathique devant une centaine de spectateurs enthousiastes. Claudel qui avait en septembre refusé L’Otage à André Antoine pour l’Odéon, touché par la toute récente conversion d’ Hourcade à l’instigation de Francis Jammes, avait donné son accord aux deux jeunes poètes chaudement recommandés par Gabriel Frizeau. Cette audition avait été précédée d’une conférence de Larronde dans laquelle il comparait Claudel à Eschyle et accompagnée de lectures de poèmes dont le tout nouveau Hymne des Saints Anges composé en quelques jours en septembre 1911 à la demande de Frizeau. « Voulez-vous écrire à Olivier-Bag et à M Laronde qui m’écrivent une lettre très gentille que l’Hymne est à vous, et que vous pouvez en faire l’usage qui vous convient » écrivait Claudel dans une lettre du 23 octobre à Frizeau. Le comédien Charles Léger, qui avait participé aux débuts du Théâtre libre d’André Antoine à Paris et fondé avec François Coppée le Théâtre des poètes, Denise Denorus et Tiquelon avaient prêté leur concours à cette manifestation. Installés à Paris en janvier 1912, les deux jeunes poètes créent La Revue de France et des pays français dont le premier numéro parait en février 1912 avec au sommaire L’Hymne des Saints Anges de Claudel. Il s’agit donc de la première publication de cette œuvre qui sera reprise dans le recueil Corona Benignitatis Anni Dei publié en octobre 1915 aux éditions de la N.R.F. Dans ce même numéro dans sa chronique Courrier des « Marches du Sud-Ouest » Olivier-Bag reviendra sur le Festival Paul Claudel du 31 octobre : « … L’audace de Carlos Larronde voulant faire comprendre Paul Claudel aux compatriotes de Catulle Mendès fut aussi glorieuse. Son étude du grand poète, philosophe chrétien a été remarquable de profondeur et de vie. ». On trouve enfin également dans ce numéro une étude de l’Otage de Carlos Larronde précédée d’une note de la rédaction vraisemblablement de la plume d’Olivier- Bag :
Le 10 juin 1912, Claudel demande à Gaston Gallimard d’adresser à Olivier Hourcade et Carlos Larronde, un exemplaire de l’Annonce faite à Marie. Mais les relations de Claudel avec les deux jeunes gens vont bien vite se dégrader. Profitant de la prochaine création de l’Annonce par Lugné Poe en décembre, Hourcade songe à donner une nouvelle lecture dialoguée de l’Otage. Ayant pris l’engagement auprès de Lugné Poe de ne laisser donner aucune audition publique de ses œuvres avant la sienne, Claudel exige que cette lecture soit ajournée ce qui entraine des échanges aigres doux comme le relate Claudel dans une lettre à Jammes du 12 janvier 1913.
« Voici ce qui s’est passé pour Hourcade : j’ai eu autrefois la faiblesse de lui donner l’autorisation, ainsi qu’à son copain Larronde, de donner une lecture dialoguée de l’Otage ? Dès qu’ils ont appris la représentation de l’Annonce, ils se sont empressés d’annoncer cette lecture qui aurait lieu dans les salons des frères Leblond à la Vie. Or j’avais pris des engagements formels avec Lugné Poe de ne laisser donner aucune audition publique de mes œuvres avant la sienne. J’écris dons très gentiment à Hourcade en le priant d’ajourner sa lecture après le 21. Pas de réponse. J’écris de nouveau 4 jours après en lui faisant de nouveau remarquer que j’étais absolument lié par mes engagements avec Lugné Poe. Là- dessus je reçois une lettre fort rêche de Hourcade (avec l’exergue Pax) et le lendemain un petit monsieur du nom de Carlos Larronde vient me voir. D’un air d’ambassadeur et avec une inimaginable impudence, il sort de ses poches un tas de revues et de papiers et a le toupet de me reprocher de m’être engagé avec Lugné sans les avoir préalablement consultés !! Il m’annonce d’ailleurs que je le veuille ou non, il donnerait la lecture indiquée. Là-dessus je le mets à la porte. Le lendemain, lettre péteuse dudit Carlos qui demande pardon et me dit qu’il n’y aura pas d’audition publique mais une audition privée dans les salons du docteur Christmas ( !) directeur de la Société dramatique « l’Astère ». Je ne pouvais pas m’y opposer, mais je leur signifie que je n’entends plus désormais avoir rien de commun avec lui ou avec Hourcade. Le dit Hourcade, qui se promène à Paris avec un manteau décousu et dont les lettres pleurardes exagérées et enfantines ne me plaisent pas beaucoup (je ne l’ai jamais vu), a déployé depuis qu’il est à Paris un certain talent d’arriviste. Il s’est mis dans les bonnes grâces de Mgr Baudrillart qui lui a fait faire une conférence à l’ Institut catholique et accepter un article au Correspondant, et en même temps il a écrit à l’Action de Henry Béranger une série de 5 articles sur les peintres cubistes (J’oubliais de vous dire que la scène où l’on aurait joué l’Otage devait être décorée d’un Christ cubiste !). C’est un habitué de la Closerie des Lilas. Hourcade m’a écrit une lettre d’excuses lamentable. Bien que j’aie horreur des gens qui demandent pardon, j’ai écrit à Mgr Baudrillart, qui m’a dit que Hourcade était malheureux, qu’il lui avait expliqué l’affaire de l’Action et que je devais être indulgent aux pauvres jeunes gens qui cherchent à percer. J’ai donc écrit à Hourcade pour lui signifier que je lui pardonnais, quoique, je le crois, en termes assez froids. Mais j’avoue que j’ai peine à me débarrasser de toute impression de défiance. C’est surtout ce bas journalisme et cette fréquentation des brasseries qui me dégoûtent. Il est difficile de rester honnête dans un pareil milieu et il est écrit que les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs. Vous êtes moins dur que moi (moins faible aussi) vous pouvez encore faire du bien à ce malheureux. Ce sera une bonne action ». il est certain que Hourcade et Larronde avaient été à l’origine de cette lecture de l’Otage donnée par le revue Le Thyrse et qu’ils étaient en contact étroit avec les revues littéraires francophones de Belgique.
Arts et Autographes [Catalogue n° 79]
PAUL CLAUDEL à M. Cuénot. L.A.S. Paris, 11 octobre 1938 ; 2 pages in-8°, enveloppe timbrée jointe. « J’ai en effet reçu votre volume sur L’État présent des études verlainiennes et je l’ai lu avec intérêt. Je n’ai pu m’empêcher de sourire du titre ! […] Pauvre Verlaine ! […] Comment se fait-il que Verlaine n’ait pas créé une tradition vivante, alors que Rimbaud et Mallarmé exercent toujours une profonde influence ? S’il est vrai que V. n’ait pas créé de tradition vivante, ce que j’ignore, je l’en félicite de tout mon coeur. Rien n’est plus écœurant que le troupeau des imitateurs. Si Rimbaud pouvait contempler les crétins qui se réclament de lui, je doute fort qu’il en serait satisfait. ».
PAUL CLAUDEL, Abrégé de toute la Doctrine Chrétienne. 23 X 15,8 cm. Manuscrit autographe. 8 pages, avec lettrines en couleur et dessins originaux qui ne peuvent pas ^ztre de la main de Claudel. Cet ouvrage était destiné au réseau d’amis récemment convertis ou sur le point de se convertir (dont Gide fait alors partie). Il s’agirait ici de la maquette prête pour l’impression, avec sur la dernière page la mention manuscrite de Claudel : imprimé en Chine hors commerce 1906. Le 15 mars 1906, Claudel se marie à Lyon, trois jours plus tard il part pour la Chine sur le Polynésien. Il arrive en mai en Chine et occupe le poste de Premier Secrétaire à la légation de Pékin, puis, en juillet, de consul à Tien-tsin.
L’abrégé de toute la doctrine chrétienne est paru dans le tome XXVIII des Œuvres complètes (Gallimard, 1978, p. 233-235). Ce document a été envoyé par Claudel à Frizeau en février ou mars 1906 : […] j’ai beaucoup d’amis qui veulent à toute force que je leur parle de religion. J’ai fait pour eux un petit abrégé, moins document apologétique que table de thèmes à discuter ? Je vous en envoie quelques exemplaires. Le 9 mars, Gabriel Frizeau répond à Claudel : […] Merci de m’avoir envoyé quelques exemplaires de votre abrégé de toute la doctrine chrétienne. J’en aime l’ordonnance et la logique excellente qui pourra servir de guide à une âme anxieuse dans ses méditations. Je les utiliserai, avec fruit espérons-le Ce même 9 mars Claudel envoie ce document à Gide : […] Je vous envoie une feuille de propositions que j’ai établie sur la demande d’un ami et où j’ai essayé de résumer l’ensemble de mes croyances. N’y voyez aucun effet apologétique à votre égard, mais simplement un petit souvenir pareil à ces simples images que les personnes dévotes échangent dans certaines circonstances solennelles de leur vie. L’éditeur de la correspondance précise que ce texte se présente sous la forme d’un tract de quatre feuillets sur papier de chine. Notons que tous ses échanges ont lieu avant le départ de Claudel pour la Chine le 18 mars. Le texte repris sur le document mise en vente est identique à celui du tract adressé à Frizeau et Gide à l’exception d’une numérotation des propositions de 1 à 15 qui ne figurait pas sur les tracts. Dans quelles circonstances et pour quel usage Claudel a composé le document proposé à la vente ? Dans l’état actuel de nos recherches, nous ne sommes pas en mesure d’apporter de réponse à ces questions.
PAUL CLAUDEL à un critique. L.A.S. Château de Brangues, 13 août 1928 ; 1 page in-4°. « À mon infinie consternation je m’aperçois que j’ai oublié l’objet principal de ma lettre qui était de vous remercier de votre superbe article sur le Rempart d’Athènes. Votre amitié vous a fait deviner juste les choses qui pouvaient m’être le plus agréables et que je désirais le plus voir mettre en valeur. Je l’ai donné à Philippe B. qui l’a également trouvé très bien et q. le montrera sans doute à Briand. J’aimerais bien si v. pouviez m’en envoyer deux ou trois autres exemplaires. » [Exemplaire joint de Sous le rempart d’Athènes, 18 pages, in-8°, NRF, 1927].
On ignore le nom du critique auquel s’adresse Claudel. On sait que Sous le rempart d’Athènes est la réponse à une commande de Philippe Berthelot d’une pièce pour le centenaire de son père Marcelin Berthelot, en dehors de lectures on ne connait qu’une seule représentation donnée au Palais de l’Elysée le 26 octobre 1927 devant le Président Gaston Doumergue en seconde partie d’un gala donné pour la commémoration du centenaire de la naissance de Marcelin Berthelot, avant Prélude à l’après-midi d’un faune de Claude Debussy. La pièce était accompagnée d’une musique composée par Germaine Tailleferre. La mise en scène était de Louis Jouvet. On peut penser que cet article porte sur l’œuvre elle-même et non sa représentation au Palais de l’Elysée. L’œuvre a paru d’abord dans le N° 171 de décembre 1927 de la Nouvelle Revue française.
Libraire Alain Ferraton, Bruxelles [3 décembre 2016]
La Chambre d’Écho, n° 1, avril 1947 Cahiers du Club d’Essai de la Radiodiffusion française, in 8°, 72 pages, couverture illustrée par Raoul Ubac. Dessins de Jean Cocteau, Elie Lascaux et Germaine Richier. Textes de Jean Tardieu, Jean Cocteau, Paul Gilson… et de Paul Claudel : Introduction au livre de Christophe Colomb [Sténographie du texte enregistré par l’auteur en guise de frontispice pour la présentation de son œuvre à la radio] (p. 30-31), et Modification pour l’enregistrement à la radiophonique [fac-similé] (p. 32-33).