• Sommaire
• Jacques Julliard : Un grand méconnu, le journal de guerre de Paul Claudel
• Bibliographie
Sommaire
HOMMAGE À RENÉE NANTET / TRIBUTE TO RENÉE NANTET
Hubert Martin
Hommage à Renée Nantet /
Tribute to Renée Nantet, 13
Mère Immaculata
« Credo-Adsum » /
“Credo-Adsum”, 15
Marie-Victoire Nantet
Renée Nantet, la femme aux deux visages /
Renée Nantet, the woman with two faces, 19
Violaine Bonzon
Brésil 1917 /
Brazil, 1917, 23
Shinobu Chujo
Hommage à madame Renée Nantet /
Tribute to Madame Renée Nantet, 25
Pierre Brunel
Renée Nantet (1917-2021) /
Renée Nantet (1917–2021), 27
Didier Sandre
« Madame Nantet » /
“Madame Nantet”, 31
Christian Schiaretti
Renée /
Renée, 33
Guy Goffette
Une grande dame /
A great lady, 35
Lettre de Paul Claudel à sa fille /
Letter from Paul Claudel to his daughter, 37
Deux lettres de Françoise de Marcilly à Renée /
Two letters from Françoise de Marcilly to Renée, 39
CLAUDEL SOUS L’OCCUPATION / CLAUDEL IN OCCUPIED FRANCE
Catherine Mayaux et Marie-Victoire Nantet
Avant-propos /
Foreword, 45
Jacques Julliard
Un grand méconnu, le journal de guerre de Paul Claudel /
Great and neglected, Paul Claudel’s war diary, 47
Gil Emprin
Paul Claudel à Brangues dans les années noires /
Paul Claudel in Brangues during the dark years, 63
Yehuda Moraly
« Cette lettre […] a fait le tour du monde » /
“Cette lettre […] a fait le tour du monde”, 75
Jeanyves Guérin
Claudel joué sous l’Occupation /
Performing Claudel during the Occupation, 83
Michel Lioure
Claudel et Le Figaro pendant la guerre /
Claudel and Le Figaro during the war, 95
Claude-Pierre Pérez
Paul Claudel – Charles de Gaulle, correspondance (1944-1954) /
Paul Claudel and Charles de Gaulle, a correspondence (1944–1954), 105
NOTES / NOTES
Christelle Brun
« Quelques opinions de Claudel sur la culture et l’histoire allemandes », 129
Dominique Millet-Gérard
Claudel et les jésuites /
Claudel and the Jesuits, 133
EN MARGE DES LIVRES / BOOK REVIEWS
Pauline Dreyfus, Paul Morand (Gil Charbonnier), 143
Paul Morand, Journal de guerre Londres-Paris-Vichy, 1939-1943 (Gil Charbonnier), 146
THÉÂTRE / THEATER
Jean-Noël Segrestaa
Le Soulier de Satin à l’Opéra / Le Soulier de Satin at the opera, 153
Actualités et bibliographie / News and bibliography, 159
Résumés/Abstracts, 161
UN GRAND MÉCONNU, LE JOURNAL DE GUERRE DE PAUL CLAUDEL
Ah ! « L’Ode au Maréchal » ! Quand on ne sait rien de Paul Claudel, que l’on n’a ouvert ni les Cinq Grandes Odes ni le Partage de Midi, on sait du moins qu’il a écrit une « Ode au Maréchal » et qu’il a été, tout au long du régime de Vichy, un des piliers du pétainisme.
Or les deux choses sont fausses. D’abord parce qu’il n’a jamais écrit d’« Ode au Maréchal», mais des « Paroles au Maréchal » (27 décembre 1940) ce qui n’est pas la même chose ; et surtout parce qu’après une période d’illusion qu’il a partagée avec presque toute la France, il s’est montré d’un antipétainisme résolu et même furibond.
FACE À PÉTAIN : L’AVERS ET L’ENVERS
Les « Paroles au Maréchal » tout d’abord. Le meilleur commentaire, c’est Claudel lui-même qui l’a fait :
Ce poëme a été composé à l’occasion d’une représentation à Vichy de l’Annonce faite à Marie. Je l’ai conservé comme un monument élevé à la fois à la Naïveté et à l’Imposture. Sa date lui sert d’excuse : la radio nous avait annoncé que, le 13 décembre, Pierre Laval avait été renvoyé et arrêté.
La naïveté, c’est la sienne, évidemment. L’imposture, c’est celle de Pétain, naturellement. Il est de fait qu’au lendemain du renvoi de Laval, toute la France s’interrogea : le maréchal était-il en train d’entrer doucement en résistance ? C’est de ce moment que date la légende du glaive (de Gaulle) et du bouclier (Pétain), qui n’a aucun fondement, mais qui a la vie dure, puisqu’on la voit, aujourd’hui encore, reprise par des commentateurs. Quant à la représentation de L’Annonce faite à Marie, à Vichy, qui aura lieu au mois de mai 1941, elle n’est pas une circonstance atténuante, mais au contraire aggravante. Du reste la lecture des « Paroles au Maréchal » par Ève Francis, a lieu au deuxième acte de L’Annonce, en l’absence du maréchal, mais en présence de Claudel et aussi d’un certain nombre de personnalités comme Jean Giraudoux ou Alfred Cortot.
Le texte lui-même n’est pas une flagornerie à l’égard de Pétain, mais un appel à l’aide de la France pour « une baraque où j’ai vécu soixante-dix ans» (la Troisième République). Il ne comporte qu’une phrase vraiment inacceptable à nos yeux d’aujourd’hui :
Monsieur le Maréchal, voici cette France entre vos bras, lentement, qui n’a que vous et qui ressuscite à voix basse.
N’aurait-elle pas aussi, la France, quelqu’un d’autre, à savoir un certain Charles de Gaulle ?
En vérité, dès l’époque, Claudel n’est pas très fier de lui. La preuve, c’est qu’en dehors de cette représentation à Vichy (où l’on a prétendu lui faire payer sa place !) la seule mention des « Paroles », en date du 25 décembre 1940, est à la fois modeste et piteuse :
À l’occasion de la représentation éventuelle de l’Annonce à Vichy, j’écris un poème au Maréchal Pétain.
« Quelle bourde j’ai fait ce jour-là », dit-il à un diplomate, Raymond Brugère. Et à Henri Guillemin : « Il m’a eu. J’avais de la sympathie pour lui : il avait voté pour moi à l’Académie. Je le croyais loyal. En juillet 40, quand j’ai vu tant de députés voter pour ses pleins pouvoirs je me suis dit que, ma foi, il ferait peut-être de bonnes choses. Sa lutte contre l’alcoolisme me plaisait, et l’appui qu’il voulait donner aux écoles libres. » (cité dans Marie-Anne Lescourret, Claudel, Flammarion, 2003, p. 430).
Il faut ajouter qu’en plus du prétexte invoqué ici, il y a, dans l’intention de Claudel de ménager Pétain, son souci à propos de Paul-Louis Weiller, un juif, présidant aux destinées de Gnome et Rhône, qui est apparenté à lui par alliance, et sur lequel on reviendra.
Il aura, au total, trois entrevues, dont deux sous forme de déjeuners avec Pétain, pour plaider la cause de Weiller ; mais il paraît que les Allemands ne veulent rien entendre. Déjà, en octobre, il avait écrit personnellement au maréchal pour la même cause : seul commentaire de celui-ci : « un point d’exclamation et au-dessous une larme q[ui] tombe » ! (20 octobre 1940).
La conclusion de cette affaire, comme plus d’une fois chez Claudel, relève de la farce. Sans craindre la confusion, il a écrit le 28 septembre 1944, une invocation au général de Gaulle, qui aurait bien pu s’appeler
« Paroles au Général ». Dans les deux cas d’ailleurs, c’est la France qui parle. Il n’a pas craint de réunir ce poème avec celui adressé au maréchal, sous le titre Laudes, paru en 1947, à Bruxelles, cela ne s’invente pas, aux éditions de la Girouette.
Mais revenons à Pétain. Alors qu’il cherche publiquement à le flatter pour les raisons qu’on a dites, Claudel est d’emblée dans son Journal d’une sévérité extrême à son égard. Le 25 octobre 1940, c’est-à-dire deux mois avant la rédaction de ces trop fameuses « Paroles au Maréchal », il note :
« On cède tout. La Fr[ance] se remet comme une fille à son vainqueur. »
PATRIOTISME
À partir de là, le ton se fait chaque jour plus cinglant. Il faut citer nombre des expressions employées, car elles sont à cent lieues de ce que l’on imagine d’ordinaire. Le 24 juillet 1941, à propos des conditions acceptées par Laval et Darlan au sujet de l’Indochine, il s’écrie : « Submergés de honte ! » Le 18 septembre, il reprend avec plaisir l’appellation du général de Gaulle à propos de « notre chef vénéré le Père-La-Défaite. Avec l’amiral Courbette [Darlan] cela fait la paire ! »
Lui qui joue volontiers au gentilhomme terrien en son château de Brangues ne nous fait grâce d’aucune naissance en son étable, ni du nom d’aucune de ses vaches, n’est pas dupe du retour à la terre prêché par Vichy :
La vie agricole, le bonheur des champs, tandis q[ue] le vainqueur se réserve la possession de toutes les armes, c’est ce q[ue] dès le commencement n’a cessé de recommander notre chef vénéré. (15 octobre 1941).
À mesure que le régime de Vichy entre davantage dans la collaboration, le ton se fait de plus en plus violent. Le 21 juin 1942, Claudel note avec une visible satisfaction que l’« affiche de Pétain invitant les ouvriers et les ouvrières de France à se mettre à la disposition de l’All[emagne]. Réconciliation. Elle est immédiatement déchirée». Selon une version qui me fut racontée sur place lors des funérailles de Paul Claudel à Brangues, c’est lui-même qui lors de ses promenades lacérait de sa canne à bout ferré les affiches vichystes. Et qu’à une demande de la gendarmerie locale qui s’enquérait de la conduite à tenir à l’égard de l’imprécateur, il fut répondu par l’autorité qu’il ne fallait rien faire, sinon recoller les affiches…
Claudel, comme on sait a toujours adoré les calembours, fussent-ils aussi mauvais que ceux de Libération. Il voit dans le nom du chef vénéré, Pétain, une contraction de Pétard éteint, et désigne ses partisans sous le nom de « Pétaigneux ». Ce qui, au fond, résume le mieux son point de vue sur « l’immonde Pétain », c’est cette citation de Chateaubriand, extraite des Mémoires d’outre-tombe, et recopiée sans commentaire le 15 août 1943 :
Je v[ous] recommande, Monsieur, ce gouvernement prosterné qui chevrote la fierté des abaissements [mis pour obéissances], la victoire des défaites, la gloire des humiliations de la patrie.
Quant aux collaborateurs du maréchal, inutile d’en parler.
Le pauvre Maréchal, écrit-il le 8-10 mai 1941, entouré de crapules : P. Laval— Baudoin — Bouthilier — Achard, etc. Le Min[istre] de la Justice (!) Barthélemy aussi lâche q[ue] possible dans l’affaire P.-L. W[eiller]. […] C’est le travail d’un fou, Alibert, et d’une sombre canaille, Peyrouton.
On ne saurait mieux dire.
EN DÉFENSE DES JUIFS
Mais c’est évidemment à propos de l’antisémitisme que l’originalité de Claudel, un conservateur, et même souvent, on va le voir, un réactionnaire est la plus forte et suffirait à elle seule à le distinguer de la masse des hommes de droite, mais aussi, assez souvent, des hommes de gauche de la période. La chose est d’autant plus étonnante qu’il ne s’était pas manifesté dans l’avant-guerre comme un défenseur de la cause juive, bien au contraire. Certains avaient même cru relever, à tort selon moi, des traces du vieil antisémitisme chrétien dans une pièce comme Le Pain dur et le personnage de Sichel. Il n’a pas non plus signé la pétition des intellectuels français en faveur de Bergson, menacé d’être exclu de la fonction publique en sa qualité de juif. Peut-être parce qu’il est surtout attentif à la proximité grandissante du philosophe à l’égard du christianisme ; son journal reflète les progrès de ce qu’il appelle une conversion. En octobre 1941, il s’inquiète des persécutions menées contre les juifs pris en otages, s’en ouvre au cardinal Gerlier, qu’il connaît, et ne reçoit en retour qu’une lettre qu’il qualifie de « lamentable » (11 novembre 1941). Mais surtout, à la veille de Noël 41, il écrit au Grand Rabbin de France, Isaïe Schwartz, une lettre magnifique qu’il convient de citer en entier1 :
Monsieur,
Mon bon ami, Wladimir d’Ormesson vient de me donner votre adresse. Je tiens à vous écrire pour vous dire le dégoût, l’horreur, l’indignation qu’éprouvent à l’égard des iniquités, des spoliations, des mauvais traitements de toutes sortes, dont sont actuellement victimes nos compatriotes israélites, tous les bons Français et spécialement les catholiques.
J’ai eu de fréquents rapports avec les juifs de toutes nations et j’ai toujours trouvé en eux non seulement des esprits ouverts mais des cœurs généreux et délicats. Je suis fier d’avoir parmi eux beaucoup d’amis.
Un catholique ne peut oublier qu’Israël est toujours le Fils aîné de la promesse, comme il est aujourd’hui le Fils aîné de la douleur. Mais “bienheureux ceux qui souffrent de persécution pour la Justice”. Que Dieu protège et bénisse Israël dans cette voie rédemptrice. “Je ne serai pas toujours irrité” a dit le Seigneur par la bouche du prophète.
Agréez… Paul Claudel
Ambassadeur de France
Il se félicite de la réponse du Grand Rabbin, mais s’inquiète (13 février 1942) comme cela est naturel, de la diffusion de tous côtés des copies de sa lettre. De même, lorsqu’on lui demande (5 août 1942) l’autorisation de jouer Protée, mais sans la musique de son ancien secrétaire d’ambassade Darius Milhaud, au prétexte qu’il est juif, il refuse abruptement. Tout au long de l’année 1942, à mesure que l’on commence à avoir des nouvelles sur les « horribles persécutions c[ontre] les juifs » et notamment les juifs étrangers déportés en Allemagne dans les conditions que l’on sait, il s’indigne :
De la part de Laval tout cela est naturel, mais que penser du Maréchal ! Un degré de plus dans la honte ! Le même infâme qui écrit à Hitler pour le féliciter d’avoir libéré la Fr[ance] de l’agression anglaise et d’avoir nettoyé le territoire des agresseurs. Y aura-t-il jamais assez de crachats pour cette gueule de traître ! (3 septembre1942).
Cette indignation est celle d’un patriote et d’un chrétien. On ne saurait oublier – mais cela devrait faire l’objet d’une étude à soi seule – que toute l’activité littéraire de Paul Claudel est alors concentrée exclusivement sur le commentaire de la Bible, et notamment de l’Ancien Testament : les juifs font partie, surtout lorsqu’ils souffrent le plus, de la famille des chrétiens.
Cette idée ne le quitte pas. Il se félicite le 13 septembre de la protestation des évêques de la zone occupée contre les « mesures atroces prises contre les Juifs » : « “Jusqu’à quand, Seigneur ? – Usquequo, Domine ?” » (avril 1943)
En septembre 1945, une fois la guerre terminée, et alors que sont connues les dimensions de l’horreur nazie, il note encore dans son Journal :
Ces 5 millions de Juifs massacrés, c’est tout de même un événement capital, inouï, une péripétie qu’on peut croire capitale de l’histoire d’Israël.
Celui qui est regardé comme un bigot, confit en dévotion envers la sainte Église catholique, se déchaîne tout au long de ce Journal contre son ancien confesseur, le cardinal Baudrillart, qui, plus que quiconque, aura incarné la compromission d’une grande partie de l’Église catholique, non seulement à l’égard de Pétain, mais aussi de l’occupant nazi. On ne saurait relever ici toutes les fulminations de Claudel contre ce grand dignitaire qu’il qualifie de « monstrueux ». On se contentera de fragments de la lettre vibrante d’émotion et de colère qu’il envoie le 26 mai 1942 au cardinal Gerlier, à l’occasion des funérailles de Baudrillart, sur le cercueil duquel figurait une couronne envoyée par les autorités d’Occupation.
Quand le cardinal abordera à l’autre rivage, les Vingt-sept fusillés [de Nantes], à la tête d’une armée dont le nombre s’accroît chaque jour, se mettront au port d’armes et lui feront une escorte d’honneur.
Pour l’émule de Cauchon, l’Église de France n’a pas eu assez d’encens. Pour les Français immolés, pas une prière, pas un geste de charité ou d’indignation.
Un jour viendra…
CRITIQUE DE L’ÉGLISE
Le croira-t-on ? Cette sévérité du dévot Claudel envers les compromissions avec le nazisme n’épargne pas même le nouveau pape lui-même, le cardinal Paccelli, c’est-à-dire Pie XII. En juillet 1940, au lendemain de la Débâcle, il note : « Au milieu de tout cela silence du Pape. Pas un mot de consolation et de sympathie envers la France. »
Et le 22 mai 1941, il rapporte une conversation qu’il a eue avec l’ambassadeur de France près le Saint Siège, Wladimir d’Ormesson. D’où il ressort « la faiblesse et […] la timidité de Pie XII jugulé par le fascisme ». En revanche, il reçoit ces jésuites lyonnais, qui sont beaucoup plus proches de la Résistance française, le Père de Lubac, le Père Varillon, et le Père Ganne qui écrira plus tard un livre de référence sur l’humour chez Claudel.
Au total, les réactions de celui-ci face à la défaite, l’occupation allemande et l’installation de la révolution nationale du maréchal Pétain sont celles d’un chrétien et d’un patriote. Le lecteur d’aujourd’hui est même surpris de rencontrer, à l’égard de ceux qu’il appelle invariablement « les Boches » et « les macaronis » quand il s’agit des Italiens, le reflet des réactions de l’homme de la rue dans leur simplicité. Il « sanglote » (6 novembre 1943) à l’annonce des sublimes nouvelles « de la victoire des Britanniques contre Rommel en Libye», à la veille du débarquement allié en Afrique du Nord. Il sanglote encore (23 août 1944) à l’annonce de la libération de Paris. C’est ce patriotisme tout simple qui lui fait oublier les querelles politiques traditionnelles, quand un homme politique dont il ne se sent pas proche, le radical Jean Zay est honteusement condamné par les tribunaux à la solde de Vichy. Du reste, dès l’annonce de la Débâcle et de la demande d’armistice, son réflexe avait été de se rendre à Alger « espérant me rendre utile » (23 juin-2 juillet 1940).
On aimerait en savoir davantage sur ce voyage, qui correspond à la première forme de la Résistance, c’est-à-dire le refus de cesser le combat. Le voilà qui erre d’Alger à Oran, de rencontres d’état-major en églises, sans trouver un seul interlocuteur qui ne lui dise « qu’il n’y a rien à faire, que les dés sont jetés ». « Désespoir» note-t-il sobrement. Il n’empêche, ce voyage qui n’aura pas de lendemain et ne sera pas suivi d’engagement dans la résistance intérieure, exprime bien l’état d’esprit d’un homme qui n’a pas renoncé.
PAUL-LOUIS WEILLER
Il faut ici mentionner une affaire qui n’a cessé de le préoccuper tout au long de la guerre, et qui revient de façon généralement elliptique, tout au long du Journal de la période, l’affaire Gnome et Rhône. En 1932, son fils Henri a épousé une jeune grecque, Christine Diplarakos, qui a pour beau-frère le célèbre commandant Paul-Louis Weiller, directeur gérant de la société Gnome et Rhône, spécialisée dans la construction de moteurs d’avion pour l’armée française. En 1935 Paul Claudel est devenu administrateur de la société et ne manque pas de noter dans son Journal les « tantièmes » (dividendes) qu’il en reçoit. Tous les beaux esprits n’ont pas manqué de souligner la faute de goût que c’est pour un poète inspiré, censé habité en permanence par les choses spirituelles, de siéger dans un conseil d’administration. Il est entendu en France, par les bourgeois nantis et jusque par les traîne-savates du quartier latin, qu’un poète doit être gueux comme Verlaine, ou comme Rimbaud, auquel Claudel doit tant. La fréquentation de tels personnages fait de chacun de ses lecteurs un aventurier par procuration, qui s’en va à travers le monde « les mains dans [ses] poches trouées », non avec le cérémonial d’un ambassadeur. C’est l’imposture littéraire dans toute sa splendeur. Le bourgeois catholique Claudel est tout le contraire. C’est à tout moment Turelure qui transparaît dans Coûfontaine, et on le lui fait bien savoir.
P. L. Weiller qui est juif et qui a plaidé avant la défaite pour le transfert de l’entreprise en Algérie pour y continuer la guerre, est un coupable idéal pour Vichy, puis pour les Allemands. Car l’entreprise continue de produire pour ces derniers, de la façon la plus ralentie possible. Cela ne l’empêchera pas d’être nationalisée à la Libération, au grand scandale de Claudel, qui interviendra en vain auprès de de Gaulle, comme il l’a fait précédemment auprès de Pétain. C’est, comme on l’a vu, une des raisons de ses voyages à Vichy et de ses déjeuners avec le maréchal. Et on l’a vu, aussi, une des explications des fameuses « Paroles » à ce dernier. Paul-Louis Weiller sera arrêté, puis relâché, assigné à résidence à Marseille d’où il finira par s’échapper pour gagner les États-Unis, grâce à l’intervention de Claudel auprès du secrétaire d’État américain luimême. En somme, pendant la guerre Claudel a eu quelques mauvaises fréquentations, mais en général pour de bonnes raisons.
En réalité, les critiques de Claudel se trompent de cible quand ils incriminent, on l’a montré, son attitude à l’égard du régime de Vichy. S’ils voulaient le clouer au pilori, ils feraient mieux de regarder du côté de sa géniale sœur Camille, la « folle » enfermée dans l’hôpital psychiatrique de Montdevergues et surtout dans son enfer intérieur. Paul, après être enfin allé la voir, reconnaît lui-même sa faute (20-21 septembre 1943) : « Amer, amer regret de l’avoir ainsi si longtemps abandonnée ! ».
Mais ceci est une autre histoire qui nous entraînerait trop loin de notre sujet.
RÉACTIONNAIRE EN POLITIQUE
Que l’on ne s’y trompe pas. L’attitude honorable qui fut la sienne pendant la guerre ne l’a pas empêché de rester le conservateur, voire, sur plus d’un point, le réactionnaire qu’il était en politique. Bien au contraire : l’effondrement de la République a été pour lui la « divine surprise » d’une période qu’il juge par ailleurs abominable.
Le 4 juillet 1940, à son retour d’Alger, il note avec satisfaction dans son Journal que « les Chartreux vont retrouver les biens qui leur ont été volés ». Et d’ajouter :
Espérons que c’est le premier coup aux lois infâmes imposées par Jaurès et Émile Combes. Projet de modification de la Constitution dans un sens autoritaire.
Deux jours plus tard, il dresse un bilan sans complaisance du nouveau régime, des abandons consentis, de la perte de notre indépendance, des énormes indemnités que nous allons devoir acquitter.
Mais il ajoute : « Espérance d’être délivrés du suffrage universel et du parlementarisme : ainsi q[ue] de la domination méchante et imbécile des instituteurs […]. »
Enfin, le 10 juillet 1940, voici comment il accueille le vote par lequel la Chambre qui fut celle du Front Populaire fait hara-kiri :
Vote de l’Assemblée Nationale et fin du régime parlementaire et de la domination des fr[ancs]-maçons et des instituteurs. Du moins, espérons-le. Il n’y aura rien de fait tant que l’on n’aura pas abattu l’Université de France et l’éducation classique.
À peu de temps de là, il écrit encore : « j’ai vu l’idole républicaine tomber en morceaux. »
Devant de tels textes on s’interroge. N’est-ce pas là le même homme que celui qui a fidèlement servi le régime honni pendant toute sa carrière de diplomate? Celui qui a été l’ami et le protégé de Philippe Berthelot, grand serviteur de la France républicaine ? Celui qui n’a cessé de cultiver l’amitié d’Édouard Herriot, le symbole même de la France républicaine, mais aussi de l’éducation classique ?
Assurément, il faut faire la part des choses. Et celle des époques. On ne trouve guère de telles explosions, de telles détestations au cours des étapes antérieures de sa carrière, sauf à l’état symbolique. Il est vrai que Tête d’Or n’est guère une apologie de la République. Et La Ville, la plus profondément politique des pièces de Claudel, délivre une morale publique ambiguë, qui n’est en vérité favorable ni à la tyrannie, ni au libéralisme.
Quand le 20 octobre 1942 il note dans son Journal que « la démocratie ne donne pas satisfaction à deux des besoins profonds de l’homme : le besoin de commander, le besoin d’obéir » on s’approche peut-être de sa « pensée de derrière » comme dit Pascal. Il est possible de tolérer un tel régime, sans trop d’illusions sur la nature humaine, et surtout sur les comportements de l’homme en société.
La preuve c’est qu’à la même époque, le 31 décembre 1943, lisant
« avec horreur » le Journal de l’Estoile, où l’on prend conscience de tout ce qu’il y a de férocité et de corruption dans la fameuse noblesse française, il en vient à cette conclusion qui contrebalance en partie les textes inspirés par la Débâcle :
La royauté, elle aussi, présente un affreux spectacle. Le grand service, somme toute, qu’elle a rendu à la France a été de la débarrasser de cette noblesse, de liquider la féodalité. Au sortir de cette lecture, on comprend mieux la Révolution Française et même ses excès.
Allons. Il faut en prendre son parti : chez un être aussi sanguin, aussi provocateur, plus sensible à la dictature de l’instant qu’il ne veut bien se l’avouer à lui-même, il y a des contradictions. N’est-ce pas d’ailleurs la fonction du Journal que de permettre l’exposé sans précautions de ces contradictions pour tenter de les réduire ?
Et tenez : après avoir écrit ce que l’on vient de lire, non sans étonnement, à propos de la culture classique, le voici qui au sortir de la guerre (9 septembre 1945) assiste à une fête avec banquet à Morestel, non loin de Brangues, en compagnie de son ami Édouard Herriot.
Il est charmant pour moi et parle 2 fois de moi en termes gracieux au public abasourdi. Quel orateur étonnant! quel tact ! quelle présence d’esprit ! quelle maîtrise de l’expression agréable et de la chose juste à dire ! Cela me rendrait plus favorable à l’éducation classique.
On s’en serait douté.
C’est ainsi. L’homme qui toute sa vie a défendu la France contre les Républicains est aussi celui qui défend les Républicains contre la noblesse française et contre la royauté. L’homme qui veut abattre l’éducation classique, tombe sous le charme d’Édouard Herriot, qui, il est vrai, y a mis du sien. Pas d’hésitation possible. Chez un écrivain, il faut souvent aller chercher les explications du côté de la littérature.
UN JEU DE MASSACRE
Il faut en effet se demander, au-delà des hommes politiques, fussent les pires, et des partis, fussent les plus nuisibles, si tout au long de sa vie l’ennemi le plus constant de Paul Claudel, qu’il n’est jamais rassasié de combler de ses flèches, ce n’est pas la littérature française. C’est pourquoi, renonçant pour finir au cadre chronologique que je m’étais fixé, j’ai emprunté – ne serait-ce que pour souligner l’acharnement du poète – un certain nombre de citations extraites de parties antérieures du Journal en respectant, pour plus de facilité, l’ordre chronologique des auteurs dont il parle.
Montaigne n’est traité que de façon allusive, mais sans recours :
« Fascination exercée sur Pascal par un esprit médiocre et superficiel comme Montaigne. » (31 juillet-3 août 1910).
Le croirait-on, Corneille, dont on aurait pu penser qu’il a quelque chose de commun avec l’auteur du Soulier de Satin, est un des plus maltraités. C’est un véritable jeu de massacre :
Le Cid, que je trouve en ce qui me concerne un chef-d’œuvre du genre grotesque dans le genre de la Tour de Nesle. La forme est digne du fond ! […] Tout cela est faux, forcé, déclamatoire, théâtral, artificiel. […] Polyeucte ne vaut pas mieux. Heureusement que l’ennui est venu rendre toutes ces inepties inoffensives.
Racine, du reste, n’est pas mieux traité :
Assisté à Bérénice, donné par le Th[éâtre]-F[rançais] […] avec un ennui écrasant. Ce marivaudage sentimental, cette casuistique inépuisable sur l’amour, est ce que je déteste le plus dans la littérature f[ranç]aise. Le tout dans un ronron élégant et gris […]. Le rouet inépuisable des phrases, des alexandrins et des dissertations. (12 février 1935).
Conclusion, le même jour : « Tout notre théâtre classique est à jeter au scrap heap et le romantique est encore plus pire ! »
À propos des fragments de prose et d’un Journal d’un poète, de Vigny : « c’est étonnamment mal écrit. Prétentieux et triste. Esprit rongé par l’ennui et l’impuissance. » (9 novembre 1918).
Quant à Hugo, l’autre écrivain français auquel on serait parfois tenté de le comparer, c’est une des têtes de turc du poète.
« Sa poésie sonne le vide et le caverneux » (1er août 1949).
Dans un autre passage, il parle des « énormes émissions gazeuses » de Victor Hugo.
De tous les écrivains du xixe siècle qu’il déteste, c’est-à-dire à peu près tous, mention particulière doit être faite de Stendhal qu’il qualifie régulièrement d’« idiot » et « d’idole des pions». « Le succès de Stendhal auprès des pions vient de ce qu’ils sont des refoulés et des besogneux. Les succès de Sorel auprès des belles dames, ils s’y identifient. C’est le genre de victoire qu’ils rêvent. Tous les romans fr[ançais], apologie du Raté» (15-17 septembre 1934). Il est vrai que non loin du château de Brangues se trouve une petite église où la femme du maire d’un village voisin, madame Michond de la Tour, fut blessée par le précepteur de ses enfants, un séminariste nommé Antoine Berthet, guillotiné en 1828. Claudel habite, selon ses propres termes « le village du crime de Julien Sorel » (Marie-Anne Lescourret, Claudel, Flammarion, 2003, p. 330). Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas pour Stendhal, aux yeux de Claudel, une circonstance atténuante.
Mention particulière doit être faite des critiques, qu’il déteste en général, et quand il se nomme Sainte-Beuve en particulier. Quand celui-ci s’interroge sur la question que se pose le critique pour « cerner» un auteur, il conclut : « C’est simplement inepte. Tous ces détails n’ont qu’une importance secondaire ou nulle, et peuvent aussi bien induire en erreur. Il faut juger un écrivain par sa vocation, par la chose essentielle qu’il a à dire et autour de quoi s’arrange tout le reste […]. Quand il y a une sottise à dire on peut toujours compter sur S[ainte]-B[euve]. Et quel style ! » (29 janvier 1940).
Nous tenons là un des fils conducteurs de la haine de Claudel envers la littérature française : une littérature où la critique a toujours eu une grande importance, au point de souvent faire la loi. Or « dans la création, les critiques tiennent le même rang que les mouches et les punaises. » (23 février 1941). Sur ce point il rejoindrait volontiers Péguy, si ce n’est que Péguy… On aurait pu penser que la proximité spirituelle qu’il a avec l’auteur du Mystère de la charité de Jeanne d’Arc aurait valu à ce dernier quelque indulgence, voire quelque connivence. Claudel ne manque pas de souligner à quel point la révolution nationale de Vichy l’a trahi et travesti. Seulement voilà… Il y a le style de Péguy, si fatigant :
Pas seulement à cause du piétinement et des répétitions […]. Mais P[éguy] fait un vacarme épouvantable. Il crie, il se démène. Il n[ous] prend à partie. Non seulement il écrit tout haut, mais il écrit à tue-tête. (4-8 janvier 1943).
Il n’y a décidément que la charité confraternelle pour inventer de si jolies formules… Celles aussi que lui inspire un autre grand auteur de Journal, qu’il avait tant fréquenté autrefois, et qu’il a vainement tenté de convertir, André Gide lui-même :
Je feuill[et]ais ce livre pour essayer d’y trouver q[uel]q[ue] ch[ose] de favorable à ce malheureux, mais c’est la même impression désolante et répugnante, ces corruptions d’enfants par exemple. Sécheresse de cœur, vanité, frivolité, sournoiserie. (7 mai 1943).
De Gide il avait déjà dit en une formule ravageuse (25-29 novembre 1931) : « A[ndré] G[ide] se figure qu’il est simple parce qu’il est plat et qu’il est classique parce qu’il est blafard. C’est le clair de lune sur un dépôt de mendicité. » Sa mort ne le désarme pas :
Mort d’A[ndré] G[ide]. La moralité y gagne beaucoup et la littérature n’y perd pas grand chose. (19 février 1951).
Arrêtons là le massacre. Quitte à passer sous silence Renan, contre lequel il s’acharne à maintes reprises avec une férocité particulière ou Barrès, et Montherlant. On notera seulement quelques rectifications tardives concernant Valéry, l’accueil favorable qu’il fait à Aragon (Les Voyageurs de l’impériale). Au fond deux écrivains français seulement trouvent grâce à ses yeux, Balzac en qui il voit le seul bon écrivain du xixe siècle, et naturellement Rimbaud, qui a déclenché sa vocation. J’allais oublier un troisième : un certain Paul Claudel.
CONTRE LES INTELLECTUELS, POUR LE THÉÂTRE
« Représentation de l’Otage […]. C’est une grande pièce.» (15 décembre 1933). Comment lui donner tort ? Tous les acteurs de Claudel le savent : ce bourgeois rangé est un provocateur à faire périr d’envie les surréalistes, cet écrivain lyrique a un goût particulier pour l’humour, du jeu de mots le plus potache jusqu’à l’invention de personnages totalement comiques, comme il en abonde dans le Soulier de Satin.
J’ai gardé pour la fin l’écrivain qui résume toutes les formes de détestation dont Paul Claudel est capable comme écrivain, comme patriote, comme chrétien : il s’agit naturellement de Charles Maurras.
« Le mot “méchant” en français a deux sens. On dit “un méchant écrivain” et “un méchant homme”. Dans cette double acception, ce terme ne saurait s’appliquer plus parfaitement qu’à Charles Maurras » (15-16 septembre 1942). Il est vrai que la tête pensante de l’Action française, après s’être hautement réjoui de son échec à l’Académie française, l’aurait à deux reprises dénoncé à la Gestapo, selon une confidence de Yves Farge (17 septembre 1944). Claudel envoie donc au juge d’instruction Rousselot dans l’affaire Maurras un témoignage circonstancié, qui n’a jamais été confirmé (28 octobre 1944). Et Claudel n’acceptera d’entrer à l’Académie française, sans visites, à l’unanimité moins une voix, qu’après la condamnation finale de Maurras et son exclusion de l’Académie.
Charles Maurras est un cas particulier, le point de jonction d’une politique qu’il déteste et d’une littérature qu’il abhorre. Pour un peu il accuserait cette dernière de corrompre la jeunesse. Chez un homme que l’on regarde volontiers comme un traditionaliste, la littérature n’est assurément pas une formation à la vie. Le voici qui, le 11 novembre 1942, écrit dans son Journal :
La Sainte Réalité.
Je me demande si je ne vais pas faire un livre de mes idées sur l’éducation de la Jeunesse. Contre la prédominance de la littérature et surtout contre les classiques. Base : connaissance du monde et de la nature. S’exprimer. La Bible. Débrouillage moral et initiation à la Société. Les grands problèmes discutés de très bonne heure.
Claudel était le contraire d’un intellectuel. Sa défiance à l’égard des « penseurs » est grande ; à tous il oppose le primat de l’action.
« Les évènements actuels », écrit-il le 18 décembre 1942, c’est-à-dire au moment le plus noir de cette noire période, « montrent l’effroyable efficience, surtout pour le mal, des penseurs, des émetteurs d’idées : Karl Marx, Gobineau, Sorel, Nietzsche, Ch. Maurras (autrefois J.-J. Rousseau) ». L’éventail est large et couvre tout le spectre de la pensée politique. Il est vrai que, comme tous les grands écrivains catholiques, tels Péguy, Bernanos, voire Simone Weil, qui sont apparus dans le moment même où la France s’éloignait de sa religion, Claudel a eu le sentiment d’être un exclu, et s’en est fait une gloire. En France, un écrivain agnostique est d’abord un écrivain ; un écrivain catholique est d’abord un catholique. En vérité, la pensée de Claudel, car il y a, quoi qu’il en dise, une pensée de Claudel, est indissociable de l’instinct vital et des moments où elle est exprimée. Il est comme le Furius des Conversations dans le Loir-etCher, dans lequel il a mis beaucoup de lui-même : « avant de pousser plus avant, je dois vous prévenir que je me réserve avec fermeté le droit de me contredire. » Voilà qui ne facilite pas toujours la conversation ordinaire, mais qui nous ramène à tout moment dans le lieu où Claudel a passé la plus grande partie de sa vie : le théâtre.
Jacques Julliard
Bibliographie
Paul Claudel, Was der Osten ist [Connaissance de l’Est], traduction en allemand de Rainer G. Schmidt, édition Matthes & Seitz, Berlin 2021.
Paul Claudel, Cinco Grandes Odes seguido de Processionario para Saudar o Novo Século e A Cantata a Três Vozes [Cinq Grandes Odes suivies de Processionnal pour un siècle nouveau et La Cantate à trois voix], préface et traduction en brésilien de Rodrigo de Lemos, illustrations de Sabrina Gevaerd, édition Filocalia, San Paulo, 2021.
Le Sommet de la route et l’Ombre de la croix. Six poètes chrétiens du xxe siècle, Charles Péguy, Paul Claudel, Marie Noël, Patrice de La Tour du Pin, Jean Grosjean, présentation et choix de Jean-Pierre Lemaire, Gallimard, collection Poésie, 2021.
Ge Chu, « Le monde chinois des morts dans l’œuvre de Paul Claudel», Quels lieux pour les morts ? Perspectives interculturelles, Éric Benoit (dir.), actes du Colloque doctoral franco-chinois de l’Université Bordeaux-Montaigne (7-8 novembre 2019), Revue Essais, 17/2021, p. 127-136, mis en ligne le 27 avril 2021, http://journals.openedition.org/essais/8909
Gérard Macé, La pensée des poètes, anthologie [trois textes de Paul Claudel cités], Gallimard, folio essais, 2021.
Florian Michel (éd.), «Lettre de Gilbert K. Chesterton à Paul Claudel» (original et traduction, n.d.), dossier «Chesterton, un catholique-anglais», Nunc, no 50-51, printemps 2021, Éditions de Corlevour, p. 71.
Dominique Millet-Gérard, « Poétique des anges chez Paul Claudel », L’entretien du ciel et de la terre. Anges et poésie du Moyen Âge à nos jours, dir. Alain Genetiot et Camille Venner, Classiques Garnier, 2021, p. 261-278. Jean-François Poisson-Gueffier, « Paul Claudel et la pensée étymologique d’Isidore de Séville », Revue d’Histoire Littéraire de la France, 2021, no 2, p. 375-389.
Yi Xu, « Envers la vie et la mort : passage de la Chine au Japon chez Claudel», mis en ligne le 27 avril 2021, Quels lieux pour les morts ? Perspectives interculturelles, Éric Benoit (dir.), actes du Colloque doctoral franco-chinois de l’Université Bordeaux-Montaigne (7-8 novembre 2019), Revue Essais, 17/2021, p. 137-146. http://journals.openedition.org/essais/8994