Protée, mises en scène historiques

Protée connut d’abord un grand nombre de projets de représentations avortées (voir M. Autrand, Protée de Paul Claudel, Annales littéraires de l’Université de Besançon, Les Belles Lettres, 1977). Les premières représentations furent données par des troupes étudiantes. Ce n’est qu’à partir de la mort de Claudel, en 1955, que la pièce fut montée par des troupes professionnelles.

– En 1913, Claudel propose la pièce à Lugné-Poe pour le Théâtre de l’Œuvre, puis André Gide suggère de la confier à Jacques Copeau pour le Théâtre du Vieux-Colombier. L’idée est lancée également de la représenter à Hellereau, en Allemagne, où L’Annonce faite à Marie vient d’être mise en scène par Claudel, Alexandre Salzmann et Wolf Dorhn. Darius Milhaud écrit la musique de scène.

– En 1914, Claudel s’adresse à nouveau à Lugné-Poe et lui propose de jouer Protée dans un cirque. D’autres tentatives voient le jour auprès de Max Reinhard à Salzbourg, de Copeau, puis de Lugné-Poe qui jouerait la pièce au Théâtre antique d’Orange.

– En 1915, Firmin Gémier est pressenti pour faire la mise en scène dans un cirque.

– En 1919, Jose-Maria Sert informe Claudel que Gheusi veut monter au Théâtre du Gymnase la trilogie (L’Otage, Le Pain dur et Le Père humilié) ainsi que Protée. Gheusi dispose d’un grand théâtre. Sert doit faire les décors et Darius Milhaud reprend sa musique de scène et la développe pour un grand orchestre. Claudel développe ses idées sur la mise en scène de Protée dans ses lettres à Sert et à Milhaud. Il est question d’utiliser le cinéma ou des dessins animés pour représenter les métamorphoses de Protée. Sert faisant défection, Claudel propose de le remplacer par Natalia Gontcharova et Mikhaïl Larionov, les décorateurs des Ballets Russes de Diaghilev. Toutefois la faillite de Gheusi met fin à ce projet. Milhaud transforme alors sa musique de scène en une Suite symphonique (jouée aux Concerts Colonne le 24 octobre 1920, sous la direction de Gabriel Pierné).

En 1926, Claudel rédige la seconde version de Protée.

– Le 3 juillet 1929, des étudiants de Groningen, en Hollande, jouent la première version de la pièce avec la musique de Darius Milhaud. Un autre projet avec Firmin Gémier au Théâtre Pigalle, échoue à son tour.

– Le 4 avril 1933, la pièce est à nouveau jouée par des étudiants à Amsterdam. Elle sera ensuite montée en Suisse par les Belletriens.

– Les 28, 29 et 30 avril 1938, le Groupe Amphion, composé d’étudiants de la Sorbonne, joue Protée dans les décors de Jean Effel.

– En 1949 est lancé un autre projet de jouer Protée dans une mise en scène de Jean-Louis Barrault au Théâtre Marigny, avec Raimu en Protée et Madeleine Renaud en Brindosier. Ce projet n’aboutit pas non plus, pas plus que, celui de faire monter la pièce par Jean-Marie Serreau aux Célestins, avec Fernandel et Jany Holt.

– La première représentation professionnelle a finalement lieu le 25 février 1955 à la Comédie de Paris, dans une mise en scène de Raymond Gérôme, avec une musique nouvelle de Darius Milhaud. Jany Holt joue Brindosier, Henri Nassiet Protée, et Michel Picoli, Ménélas. Décors et costumes de Lucien Coutaud (Photos Lipnitzki / Roger-Viollet). Claudel écrit un Prologue à Protée à cette occasion (Claudel, Théâtre tome 2, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1965, pp. 1432-1435). Il meurt deux jours avant la première.

Après la mort de Claudel, Protée fut repris notamment :

– En 1957, au Théâtre du Tertre par la Compagnie de Serge Ligier.

– En mars 1974, au Théâtre Hébertot, dans une mise en scène de Jacques Rosny, avec Annick Blancheteau dans le rôle de Brindosier et Jacques Rosny dans le rôle de Protée (Photos Lipnitzki / Roger-Viollet).

– En 1996, aux Théâtrales du Velay, puis à l’Espace Paris-Plaine, dans une mise en scène d’Emmanuel Ducasse, avec Stéphanie Lanier (Brindosier), Ludovic Girard (Ménélas), Catherine Piffaretti (Hélène), Emile Salvador (Protée) et Bruno Wacrenier (Le Satyre-Major). Musique composée par Hélène Blazy ; costumes d’Emmanuèle du Parc Locmaria et Pierrick Neuhaard.