En découvrant, très jeune le mime corporel, j’ai appréhendé un art qui permet de saisir l’homme dans toute son humanité, particulièrement en sublimant les corps. Le chemin de croix est un sujet qui porte en soi des éléments proches de l’expressivité du mime corporel tels des affects comme la douleur et la souffrance ainsi que la transcendance, le rapport à l’au-delà et la relation à l’universalité de la condition humaine. Aussi, lorsqu’il assiste à un spectacle d’Etienne Decroux , mime éminent s’il en est, Paul Claudel , est frappé par cette forme d’expression artistique , au point d’y consacrer sa dernière œuvre dédiée à la scène : « Le Chemin de la Croix n°2 » et de donner une œuvre aussi propice à cette forme d’expression.
Quand j’ai pris connaissance de ce texte, j’y ai vu l’opportunité réjouissante, par sa mise en scène, d’approcher la quintessence du mime corporel. Il m’a semblé alors essentiel d’associer Maximilien Decroux à ce projet comme conseiller artistique.
Ce texte, j’ai eu le désir de le connaître pour lui-même, une œuvre à part, que je tenais à isoler du reste de l’œuvre de Claudel. Cela m’a permis de le recevoir comme une matière, à la fois brute et poétique, afin de faire surgir son désir d’incarnation par le corps du mime… Après avoir lu ce texte, ma seule envie fut de le respecter afin d’entendre et d’écouter la voix de l’auteur pour se mettre au service de ses mots.
A Paris, le 10 juin 2010
Bernadette Plageman
Presse